L’histoire pourrait prêter à rire s’il elle n’était pas révélatrice d’un climat liberticide qui peut parfois frapper dans certaines régions françaises. C’est dans la petite commune de Saint-Maurice-sur-Dargoire que le dessin d’un enfant de 12 ans, utilisé comme affichette pour un concert militant, a été banni autant que le rassemblement musical dont il faisait la promotion.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, un arrêté municipal daté du 9 avril, révélé par Bastamag, a fait interdire un concert militant qui devait se tenir ce samedi 11 avril à Saint-Maurice-sur-Dargoire (2250 habitants) au prétexte d’un dessin qui serait en mesure d’engendrer du désordre public.
L’arrêté indique notamment que « L’organisateur tient sur ses affiches des propos et des images outrageants à l’égard des forces de l’ordre. » Un motif enfantin qui suffira à transgresser la liberté d’expression tant chérie de tous il y a quelques semaines à peine. En effet, le document officiel prétend que « le respect de la liberté d’expression ne fait pas obstacle à ce que l’autorité investie du pouvoir de police interdise à titre exceptionnel un concert, si cette mesure est la seule de nature à prévenir un trouble grave à l’ordre public. »
À l’origine de cette décision surprenante, voire carrément anti-démocratique, un simple dessin d’un jeune fan de mangas. Voici donc la fameuse « propagande » susceptible d’engendrer un trouble grave de l’ordre public, au point d’interpeler l’opinion française sur la conception très malléable de la liberté d’expression.
Sur l’image, on constate aisément les manifestants anti-OGM à gauche, contre un barrage de policiers à droite. L’un des policiers frappe un manifestant, scène que l’enfant a délibérément choisit d’illustrer, non sans raison…
Décision légitime ou prétexte ?
Pour comprendre la situation, il faut remonter début 2012 lors d’une manifestation de militants anti-OGM en opposition au maïs Mon810 de Monsanto. Parmi la foule, Christian Foilleret, militant. L’homme fait partie des faucheurs volontaires d’OGM, un mouvement de désobéissance civile s’attaquant aux essais transgéniques et cultures d’OGM.
Selon le témoignage de Christian, les forces de l’ordre l’auraient projeté violemment au sol. Une atteinte à son intégrité physique qui va lui valoir une vertèbre fracturée et cinq mois d’arrêt de travail. L’homme va immédiatement porter plainte mais sa demande sera rejetée par le procureur. Plus de trois ans après, Christian réclame toujours justice et un nouveau dépôt de plainte est toujours en cours d’instruction.
C’est dans ce cadre que fut réalisée la fameuse affichette et l’évènement organisé. À la fois pour soutenir personnellement le cas de Christian Foilleret, pour dénoncer certaines violences policières et pour s’opposer aux cultures OGM. Cette image, plutôt créative, peut-elle vraiment représenter un danger quelconque pour l’ordre ? Moralité, dangereux ou non, le dessin fait désormais librement le tour du web francophone.
Si l’évènement a bien été interdit, les organisateurs ne comptent pas en rester là. Un autre évènement du même type sera prochainement organisé. Mais que le message soit clair, pas de marqueur pour les enfants !
Source : bastamag