La NASA a su créer le suspens pendant des années. Nous avons enfin la confirmation : il y a de l’eau sur Mars ! De l’eau salée qui s’écoulerait sur la planète rouge et pourrait donc – sous certaines conditions – contenir des formes de vie microscopiques. Mais une question demeure, y a-t-il une forme de vie intelligente sur notre bonne vieille Terre ? C’est la question posée par
Le texte suivant est la traduction adaptée à l’actualité de l’article « There may be flowing water on Mars. But is there intelligent life on Earth? » rédigé par
Pendant que nous nous émerveillons devant les découvertes de la NASA – comme des « exploits » spatiaux de nos amis les milliardaires – nous détruisons nos ressources naturelles irremplaçables – tout ça pour acheter des bananes pré-pelées et des smartphones pour chiens.
Preuve que de l’eau coule sur Mars : ceci ouvre la possibilité d’une vie, de merveilles que nous pouvons à peine imaginer. Cette découverte est une réussite merveilleuse. Pendant ce temps, les scientifiques martiens continuent leur recherche d’une vie intelligente sur Terre.
Nous pouvons être fascinés par l’idée de la présence d’organismes sur une autre planète, mais nous semblons avoir perdu tout intérêt pour la nôtre. Le Dictionnaire Oxford Junior a déjà excisé les jalons du monde vivant : vipères, mûres, jacinthes, marrons, houx, pies, vairons, loutres, primevères, grives, belettes et troglodytes sont maintenant en quantité excédentaire.
Au cours des quatre dernières décennies, le monde a perdu 50% de sa faune vertébrée. Mais dans la seconde moitié de cette période, on a également observé une forte baisse dans la couverture médiatique de cette problématique. En 2014, selon une étude menée par l’Université de Cardiff, il y avait autant de reportages diffusés par la BBC et l’ITV à propos de Madeleine McCann ( disparue en 2007) que de reportages sur l’ensemble des questions environnementales confondues.
Pensez à ce qui pourrait changer si nous évaluons l’eau terrestre de la même manière que nous affectionnons l’idée de l’eau sur Mars. Seulement 3% de toute l’eau sur cette planète (Terre) est potable; et de cela, les deux tiers sont gelés. Pourtant, nous jetons des déchets dans cette partie accessible. 60% de l’eau utilisée dans l’agriculture est inutilement gaspillée par une irrigation négligente. Rivières, lacs et nappes aquifères sont aspirées jusqu’à assèchement. Tout ce qui reste est souvent tellement contaminé qu’il menace la vie de ceux qui la boivent. Au Royaume-Uni, la demande intérieure d’eau est telle que les zones supérieures de nombreuses rivières disparaissent pendant l’été. Mais nous continuons d’installer de vieilles toilettes et douches dont l’eau jaillit comme si c’était une cascade.
Quant à l’eau salée, du même genre que celle détectée sur Mars avec tant de passion, sur la Terre, nous lui exprimons notre gratitude avec une frénésie destructrice. Un nouveau rapport suggère que le nombre de poissons a diminué de moitié depuis 1970. Le thon rouge du Pacifique, qui pullulait dans les océans par millions, a été réduit à environ 40 000 individus, mais est toujours chassé. Les récifs coralliens subissent une telle pression que la plupart pourraient disparaître d’ici à 2050. Et dans nos espaces profonds, notre désir de poissons exotiques déchire un monde à peine mieux connu que la surface même de la planète rouge. Les chalutiers travaillent maintenant à des profondeurs de 2.000 mètres. Nous ne réalisons même pas ce que nous sommes en train de détruire.
Quelques heures avant cette découverte sur Mars, Shell arrêtait sa prospection pétrolière de l’Arctique, en mer des Tchouktches. Pour les actionnaires de la société, c’est une perte mineure : 4 milliards de dollars. Mais pour ceux qui aiment la planète et la vie qu’elle soutient, c’est un évènement chanceux. Ceci est arrivé seulement parce que l’entreprise n’a pas réussi à trouver des réserves suffisantes (pour être rentable). Si Shell avait réussi son coup, il aurait exposé l’un des endroits les plus vulnérables sur Terre aux marées noires, pratiquement inévitables, où le confinement est presque impossible. Allons-nous laisser ces questions sans réponse ?
Début septembre, deux semaines après que Shell ait obtenu l’autorisation de forer dans la mer des Tchouktches, Barack Obama se rendait en Alaska pour avertir les Américains sur les effets dévastateurs que le changement climatique provoquerait par la combustion des ressources fossiles de l’Arctique. « Il ne suffit pas de parler pour parler« , disait-il. « Nous devrions aller de l’avant. Nous devrions embrasser l’ingéniosité humaine pour trouver la solution à ce sujet« . Une ingéniosité humaine largement exploitée à la NASA, qui a publié ces images étonnantes. Mais pas tant que ça dans le monde politique.
Laisser le libre marché décider à notre place : c’est là la façon dont les gouvernements cherchent à résoudre la question de la destruction planétaire. Laisser (cette question) à la conscience des consommateurs, tandis que cette conscience est mise en sourdine et portée à confusion par la publicité et les mensonges corporatistes. Dans un quasi-vide informatif, chacun de nous est laissé libre de décider ce que nous devons prendre chez les autres espèces et les autres personnes, et ce que nous devrions consacrer à nous-mêmes ou laisser aux générations futures. Sûrement y a-t-il certaines ressources et certains endroits – comme l’Arctique et l’océan profond – dont l’exploitation devrait simplement s’arrêter ?
Tous ces travaux de forage, de chalutage, de déversements de déchets et d’empoisonnements – à quoi ceci nous est utile ? Est-ce pour enrichir l’expérience humaine, ou l’étouffer ? Il y a quelques semaines, je lançais le hashtag #extremecivilisation, invitant tout témoigne (exposant les aspects extrêmes de la civilisation). Ils ont abondé. Voici quelques-uns des produits « extrêmes » que mes correspondants ont trouvé. Tous sont réels.
Le iPotty, pour jouer à l’iPad sur le pot quand on a 3 ans.
Un plateau à œufs pour réfrigérateur qui se synchronise avec votre smartphone pour que vous sachiez combien d’œufs il vous reste. Un autre gadget pour les brouiller – mais à l’intérieur même de la coque. Des perruques pour bébés, pour permettre aux « bébés filles avec peu ou pas de cheveux d’avoir un style de cheveux magnifiquement réaliste. » Le iPotty, un gadget pour permettre aux jeunes enfants de continuer à jouer sur leur iPad pendant qu’ils font leurs besoins. Un abri de jardin anti-araignées à 2500 euros. Un sauna à neige, en vente dans les Émirats Arabes Unis, dans lequel vous pouvez créer un paysage hivernal en poussant sur un bouton. Un réfrigérateur à melon sur roues : indispensable pour pique-niquer – ou peut-être pas, car il pèse plus que le melon. De la crème de blanchissement anal, pour … pour être honnête, je ne veux pas le savoir. Un « rotateur de montre automatique » qui vous sauve la peine de devoir tourner votre poignet de luxe en sucre. Un smartphone pour les chiens, avec lequel ils peuvent prendre des photos d’eux-mêmes. Des bananes pré-pelées, dans des barquettes en polystyrène couvertes d’un film alimentaire, pellez juste l’emballage…
Chaque année, de nouvelles façons « intelligentes » de gaspiller sont conçues, et chaque année, nous devenons de plus en plus habitués à la consommation inutile de ressources précieuses. Avec chaque intensification subtile, la ligne de la normalité se déplace. Il ne devrait pas être surprenant de découvrir que plus un pays devient riche, moins les gens se soucient de leur impact sur la planète.
Notre aliénation au monde des merveilles, avec lequel nous avons évolué, s’est intensifié depuis que David Bowie a décrit une fille trébuchant dans un « rêve creux », et manière d’être « accro à un écran d’argent », où une longue série de distractions la renvoie à de grandes questions de la vie. Cette chanson, bien sûr, c’était Life on Mars. »
Source : The Guardian