Depuis quelques années, les chiffres alarmants du braconnage du rhinocéros ont explosé pour passer de 13 cas recensés en 2007 à 1215 carcasses retrouvées en 2014. Une criminalité organisée à l’échelle internationale en nette hausse qui s’explique par les profits juteux qu’impliquent cette chasse illégale : plusieurs milliards de dollars. Si ces chiffres paraissent aberrants, ils doivent être nuancés, les spécialistes affirmant que les autorités sous-estiment la réalité et qu’un nombre important de dépouille échappe ainsi à ce macabre décompte.

Un trafic international

25.000 rhinocéros, c’est peu ou prou tout ce qu’il reste de la population mondiale de ce pachyderme dont 80% d’entre eux vivent en Afrique du Sud. Cet animal pourtant pacifique subit à l’heure actuelle (autant qu’avant) les affres d’un commerce illégal.

Traqué pour sa corne qui contient, à l’instar des ongles humains, de la kératine, le rhinocéros est chassé par une mafia de braconniers peu encline à abandonner un trafic aussi fructueux. Une fois anesthésié par les chasseurs, la corne est déchaussée à la hache alors que l’animal respire encore. S’en suit une lente et longue agonie. Les petits, quant à eux, n’ont quasiment aucune chance de s’en sortir si leur mère vient à mourir.

Cette corne est ensuite vendue sur les marchés noirs Asiatique et négociée à des prix exorbitants. Une fois réduite en poudre, elle servira à la fabrication de remèdes traditionnels très prisés, notamment au Vietnam où on lui prête volontiers maintes vertus.

La lutte continue

Si braconniers et acheteurs ne se soucient pas de la souffrance insoutenable qu’implique ce commerce et de la perte inexorable pour la biodiversité mondiale, ce n’est pas le cas de tout le monde. Ainsi, des gens, associations et ONG continuent de lutter pour endiguer cet inquiétant phénomène :

« Les courageux rangers du pays font tout ce qu’ils peuvent sur le terrain pour protéger les rhinocéros, mais seul un effort concerté au niveau mondial pourra arrêter ce trafic. L’Afrique du Sud doit faire davantage d’efforts pour enrayer le trafic des animaux sauvages et le Vietnam doit prendre des mesures urgentes pour empêcher l’utilisation illégale des produits issus des animaux sauvages, y compris la corne de rhinocéros. » déclare Elisabeth McLellan, responsable au Fonds mondial pour la nature (WWF).

7694121200_192a14d8d2_bImage creative common : Heather Paul

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Responsabilités et solution ?

David Newton, directeur de l’ONG « Traffic » qui tente d’enrayer cette machine infernale déplore une honteuse passivité et un aveuglement politique :

« Le manque de volonté politique et de leadership actif du gouvernement, du Mozambique voisin (d’où viennent la plupart des braconniers, ndlr) et des principaux pays asiatiques reste un obstacle sérieux pour résoudre cette crise. »

Il s’étonne par ailleurs que Pretoria, capitale administrative d’Afrique du sud, n’ait pas jugé utile de se rendre à la conférence organisée en Février 2014 visant à mettre un terme au commerce illégal d’espèces menacées.

Une des solutions avancée par Pretoria serait de légaliser le commerce des cornes, estimant « qu’il serait plus simple de fournir la demande, car les cornes repoussent ». Cette idée qui semble saugrenue sera étudiée en 2016 à la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, au Cap.

Malheureusement les rouages de l’administration sont lents et en inadéquation avec les réalités du terrain, les chiffres de la mortalité dépassant bientôt celui du cycle des naissances. Les braconniers, en l’absence d’une politique ferme et concertée ont alors carte blanche pour mener leurs activités illégales et sanguinaires. Le rhinocéros quant à lui, disparait petit à petit, éradiqué sur l’autel de l’avidité. Ce même autel qui aura vu s’éteindre de nombreuses d’espèces. Là où l’argent passe, la vérité se tait.


Sources : Image 123RF : Sergey Nivens / lemonde.fr / lesoir.be

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