Alors que Mr Mondialisation s’efforce de combattre la pollution, notamment en dénonçant les fruits et légumes prédécoupés et emballés dans du plastique, certains internautes affirment que ces produits seraient pensés pour rendre service aux personnes à mobilité réduite. Décryptage de cet argument, en réalité, trompeur.

Si les articles alimentaires tout prêts peuvent aider des individus en difficulté (qu’ils soient âgés ou en situation de handicap), leur immense quantité dans les rayons et l’absence de marketing à ce sujet démontrent toutefois qu’ils ne sont absolument pas conçus dans ce but. En outre, ils sont parfois même plus difficiles à manipuler que les fruits eux-mêmes et, par ailleurs, il pourrait exister des alternatives à cette solution sans pour autant consommer autant de plastique nocif pour la planète et pour la santé de toutes et tous sans distinction.

Tout, tout de suite

Dans les faits, les fruits et légumes à la découpe s’inscrivent surtout dans une tendance de société majoritaire, qui veut disposer de tout, rapidement et sans effort. Le domaine de la nourriture n’y échappe d’ailleurs pas. On a pu le constater avec les livraisons de repas à domicile, de plus en plus populaires, et qui cachent une sombre réalité.

Les aliments préparés et emballés sont dans la même veine. Lorsque l’on interroge les consommateurs de ce type de produits sur les raisons de leur achat, 60 % mettent d’abord en avant le côté pratique, 54 % soulignent ensuite le gain de temps, et 31 % le fait de retrouver plusieurs variétés dans un même sachet. La question du handicap, si elle peut indirectement y trouver un soulagement, n’est ici absolument pas évoquée.

Un marketing orienté ailleurs

De fait, les fruits et légumes à la découpe n’ont absolument pas été pensés par les industriels pour rendre service aux personnes en difficulté. Si tel était le cas, cette motivation aurait été utilisée comme un argument de vente par les fabricants. Or, c’est plutôt le « gain de temps » et le côté « frais » ou « prêt à déguster » qui sont mis en avant.

En outre, il est également observable dans de nombreux cas qu’une personne ayant des difficultés à éplucher des fruits ou des légumes ne puisse pas non plus ouvrir une boîte en plastique avec un couvercle souvent difficile à retirer ou un sachet à craquer, y compris par un individu valide.

« certains produits de ce type, comme l’ananas, sont vendus jusqu’à dix fois plus chers que le fruit brut ».

En réalité, comme le note France 2 dans un reportage, les fruits et légumes à la découpe sont surtout un moyen de réaliser des marges colossales. Ainsi, selon la chaîne publique certains produits de ce type, comme l’ananas, sont vendus jusqu’à dix fois plus chers que le fruit brut. De quoi comprendre que si les industriels se sont tournés vers ce secteur, ce n’est certainement pas par philanthropie envers les personnes porteuses d’un handicap ou en difficultés…

Si toutefois ces dernières y verraient un substitut facilitateur par rapport à des produits qui ne sont pas à leur portée, il n’est jamais question de les en blâmer. Ce n’est jamais le consommateur qu’il s’agit de viser face à des forces marketing bien plus puissantes et préparées que notre libre-arbitre, qui plus est dans un monde compresseur.

En revanche, dénoncer ces aberrations qui font du tort à l’avenir de toutes et tous, et à la vie sur Terre, permet de nous responsabiliser et de nous éclairer collectivement sur les effets délétères derrière leur perpétuation. Cette lucidité ouvre ensuite la voie à des procédures pour un monde sans plastique et, en même temps, à une réflexion en faveur de véritables alternatives dignes, viables et adaptées pour les personnes porteuses d’un handicap.

Une pollution plastique titanesque

Car en attendant, dans tous les cas, les emballages alimentaires en plastique engendrent un coût environnemental colossal. À eux seuls, ils représentent déjà 5 % de l’impact climatique de la production d’un aliment. En outre, selon France 2, les fruits et légumes à la découpe emploieraient pas moins de 100 000 barquettes en plastique par jour.

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Mais surtout, ce plastique vient s’ajouter à la quantité ahurissante de déchets polluants que l’humanité cause chaque année et qui restent rarement recyclés. De surcroît, sur les 190 millions de tonnes de plastique à usage unique produites tous les ans par notre espèce, 40 % servent à la fabrication d’emballage alimentaire. Dans la même période, neuf à quatorze millions de tonnes de plastiques finissent ensuite dans l’océan, ce qui représente 85 % des détritus marins.

Une source de gaspillage et un enjeu sanitaire

Non seulement les microplastiques polluent les océans, mais ils contaminent également les aliments. Et en contact avec la nourriture, ils peuvent notamment lui transmettre des perturbateurs endocriniens capables de chambouler nos hormones et de causer des dégâts sur notre santé.


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De plus, les fruits et légumes découpés, dépourvus de leur peau protectrice, sont plus facilement porteurs de micro-organismes pathogènes qui peuvent aisément se propager à toute la boîte. Une très mauvaise idée, donc, pour des personnes plus fragiles. Par ailleurs, tranchés, et épluchés, ces aliments sont privés d’une bonne partie de leurs vitamines.

Aussi, ils s’oxydent et se périment beaucoup plus vite. D’autant plus que les sachets plastiques favorisent le pourrissement. Qu’ils soient chez l’acheteur, ou dans les rayons, les fruits et légumes découpés doivent alors être consommés rapidement, sous peine de se perdre. Pour avoir des produits en barquette parfaits visuellement et gustativement, les industriels se débarrassent d’une belle portion du fruit. Une immense source de gaspillage.

Quelles alternatives ?

Évidemment, ce constat fait, on peut malgré tout arguer que les personnes en situation de handicap ou de grand âge trouvent tout de même une utilité dans ce service et n’ont pas d’autre choix. Et pourtant, l’usage du suremballage et du plastique ne sont absolument pas la seule option imaginable.

On pourrait tout à fait créer d’autres systèmes, comme une découpe sur place (comme on peut le voir en boucherie ou en poissonnerie) avec l’utilisation de contenant en carton, verre ou de consignes (amenés par le consommateur, ou consignés par les magasins).

En soi, le problème n’est pas nécessairement lié à la découpe elle-même, mais bien à la volonté des industriels de choisir la solution de facilité et de rentabilité qu’est le plastique. Et pourtant, il est bien plus qu’urgent d’en finir avec ce fléau environnemental.

– Simon Verdière


Photo de couverture de Federico Arnaboldi. Pexels.

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