Utilisation toujours plus massive d’intrants et de pesticides, intensification des méthodes, sélection génétique : l’agriculture intensive, si elle a permis d’augmenter les rendements, elle a fait diminuer drastiquement la qualité nutritionnelle des denrées produites. Encore une nouvelle raison pour effectuer la transition agroécologique au plus vite.
Selon le site Terraeco, l’essor de l’agriculture intensive a eu un effet pervers : si les rendements des productions de fruits, légumes et céréales ont augmenté, leur qualité nutritionnelle a chuté. Un phénomène qui s’ajoute à l’érosion génétique dont nous vous avions parlé dans un précédent article. On parle du phénomène de « calorie vide », c’est-à-dire des aliments riches en calories, sucres ou graisses, mais très pauvres en nutriments (vitamines, minéraux, oligo-éléments…). Pour certains fruits et certains nutriments, le rapport est de 1/100. Voici quelques exemples.
Vitamine C
Les pommes standardisées actuelles vendues en supermarché (la Golden par exemple) contiennent jusqu’à 100 fois moins de Vitamine C (400mg => 4mg).
Comme l’explique Philippe Desbrosses, docteur en sciences de l’environnement à l’université Paris-VII : « Après des décennies de croisements, l’industrie agroalimentaire a sélectionné les légumes les plus beaux et les plus résistants, mais rarement les plus riches sur le plan nutritif. »
Vitamine A
Le taux de vitamine A a baissé dans 17 des 25 fruits et légumes analysés par des chercheurs canadiens dans une étude synthétisée pour CTV News. Concernant la pomme de terre et l’oignon, ils n’en contiennent plus du tout. Quant aux oranges et aux pêches, leur taux a été divisé respectivement par 21 et 26 en un demi-siècle.
Minéraux
Les céréales et légumineuses, riches en minéraux, sont aussi touchées. Blé, maïs et soja, qui font partis du « top 4 » des plus grosses productions agricoles mondiales (avec le riz), sont aujourd’hui plus pauvres en zinc, en cuivre et en fer qu’il y a cinquante ans. Par effet domino, la qualité nutritionnelle de la viande a également chuté, étant donné que les animaux sont massivement nourris au maïs et au soja (la qualité nutritionnelle de la viande est intrinsèquement liée à la nourriture donnée aux animaux, en plus de leur condition de vie). Une conséquence démontrée par le chercheur américain David Thomas dans une étude publiée dans la revue Nutrition and Health. Quant au lait, Philippe Desbrosses explique qu’il a « perdu ses acides gras essentiels ». Notons que tous les nutriments que l’on peut trouver dans la viande ou le lait se trouvent à qualité identique dans les végétaux, y compris le calcium, le fer et les protéines.
Calcium
Sur les 25 légumes étudiés par l’équipe de recherche canadienne, 80% ont vu leur teneur en calcium et en fer décliner. Le brocoli, par exemple, contenait 12,9 mg de calcium par gramme en 1950 et il n’en renfermait plus que 4,4 en 2003, selon une étude de l’université du Texas, soit quatre fois moins. Pour le fer, le taux a été divisé par 6.
Impossible de déterminer à l’œil nu la qualité d’un fruit
Solution ?
Les différentes études semblent démontrer que plus les rendements augmentent, plus la concentration de nutriments diminue, que ce soit pour les vitamines et les minéraux comme vu plus haut, mais aussi pour les protéines et les antioxydants. En découlerait que la course aux rendements est devenue inutile. De nombreux rapports ont déjà démontré que le problème de la faim dans le monde n’était pas un manque de rendement mais un problème social, économique et politique. En d’autres termes, la production agricole mondiale suffirait à nourrir toute la population. Les gens qui souffrent de la faim aujourd’hui n’ont pas les moyens techniques, logistiques ou financiers pour accéder à la nourriture. Le problème est, comme souvent, la mauvaise répartition des richesses.
Alors, quelle solution pour enrayer la baisse de la qualité nutritionnelle et la faim dans le monde ? L’agriculture paysanne biologique semble tout à fait adaptée. Brian Halweil, chercheur au Worldwatch Institute, indique qu’à conditions climatiques équivalentes, « les aliments bios contiennent significativement plus de vitamine C, de fer, de magnésium et de phosphore que les autres ». Une supériorité nutritionnelle plusieurs fois prouvée, à laquelle il faut ajouter les antioxydants et les omégas 3. Mais d’autres critères rentrent en jeu : maturité, raffinage (les aliments dits « complets » sont plus nutritifs que leurs équivalents « raffinés »), saisonnalité, etc.
Pour conclure : comme toujours, de multiples facteurs rentrent en jeu. Et comme souvent, l’agroécologie paysanne et locale semble être la meilleure voie (voire voix) à suivre, autant pour empêcher la dégradation nutritionnelle que pour lutter contre la faim dans le monde.
Source : terraeco.net