Le véganisme gagne du terrain un peu partout sur terre devant l’ampleur de la cause écologique et en réponse à la violence systémique envers les animaux dans les industries. Mais c’est probablement au États-Unis, contre toute attente, que le changement est le plus étonnant, avec des bouleversements profonds du modèle alimentaire. Ainsi, le pays est sur le point de franchir un cap symbolique : pratiquement la moitié des restaurants de tous les Etats proposent désormais au moins une option sans violence animale ! La France, particulièrement sujette à la réactance, reste loin derrière ces considérations pour le bien être animal.
Les États-Unis entretiennent l’image d’un pays très consommateur de viande. Dans un sens, c’est vrai ! La consommation de viande par habitant des consommateurs américains était de 63,9 kilogrammes en 2021, en augmentation constante. Mais les USA sont plein de contrastes. C’est également là où la lutte contre la violence animale – probablement en réaction à ses excès de société -, est la plus vive et active.
Ce sont désormais près de 6% des Américains qui se revendiquent aujourd’hui vegans, contre à peine 1% en 2014. (ndlr : vegan n’est pas un nouveau terme pour parler de végétal/risme. Le second ne concerne que l’alimentation, quand le premier est un mode de vie, voire une philosophie, appliqué à toutes les consommations courantes). Et de toute évidence, par la force des choses, cette « minorité » gagne du terrain sur les marchés.
« 6% des Américains se revendiquent aujourd’hui vegans »
Ainsi, il est de plus en plus facile de trouver des plats végétaliens sur les menus des restaurants à travers les États-Unis, selon le nouveau rapport sur l’état du végétalisme dans l’industrie de la restauration publié par l’Association des aliments à base de plantes (PBFA). En effet, près de la moitié (48,4 %) des restaurants américains proposent désormais des options à base de plantes, ce qui représente une croissance de 62 % depuis 2012 ! Et rien ne semble arrêter ce changement vers moins de violence envers les animaux dans l’assiette des américains.
Pour arriver à cette estimation, la PBFA a analysé des données provenant d’opérateurs de différents segments, notamment les restaurants traditionnels, les fast-food, les restaurants gastronomiques et bien d’autres, de manière à dresser un tableau des options végans adoptées dans le monde de la restauration. Les conclusions de l’organisation révèlent que les restaurants de l’Ouest des États-Unis sont les plus susceptibles d’utiliser des termes tels que « végétalien », « sans produits laitiers » et « végétarien » sur leurs menus, tandis que les établissements du Sud sont les moins susceptibles de mettre l’accent sur ces termes probablement par réactance. Le Nord-Est est la région la plus susceptible de mentionner le terme « sans viande » (meatless) sur ses menus. Le terme « à base de plantes » (plant-based) est mentionné sur seulement 5% des menus à travers le pays, mais c’est celui qui connaît la plus forte croissance. Il est aussi largement utilisé sur le plan international.
Mais qui sont les personnes les plus intéressées par les options à base de plantes ? Selon la PBFA, un tiers des Américains sont attirés par le terme « à base de plantes », avec un intérêt accru chez les femmes de la génération Y et de la génération Z, en particulier celles appartenant aux groupes ethniques asiatiques et afro-américains. De manière générale, les femmes sont plus susceptibles de changer leurs habitudes alimentaires et de passer au véganisme.
« Les aliments à base de plantes sont le bras de l’innovation pour les opérateurs de services alimentaires et une opportunité clé pour attirer un nouveau segment de consommateurs à la recherche d’une variété d’options à base de plantes », Hannah Lopez, directrice du développement de marché chez PBFA »
Peut-on s’attendre à voir la situation évoluer positivement ?
La pérennité des substituts de viandes à base de plantes a été sujet à débat ces derniers mois suite à un recul des ventes chez certaines grandes marques. Pourtant, l’étude de la PBFA souligne que lorsqu’il s’agit de restauration, 28 % prévoient d’ajouter de ces simili-viandes à base de plantes à leur menu, courant 2023. Seulement 7 % prévoient de la supprimer… Le bilan est donc assez porteur pour l’avenir.
Quand on pose la question aux restauratrices et restaurateurs, leur opinion diffère quant à savoir si ces alternatives ont une chance de perdurer : 60 % pensent que c’est une tendance à long terme tandis que 40 % déclarent que le véganisme est une mode passagère… Le secteur est donc assez divisé bien que majoritairement en faveur du changement.
les alternatives laitières sont également en forte croissance dans tous les secteurs de l’industrie de la restauration.
On constate que les alternatives laitières (type lait de soja, d’amande, de coco,…) sont également en forte croissance dans tous les secteurs de l’industrie de la restauration. Le lait d’amande est en tête des offres sur les menus et la croissance du lait d’avoine explose dans les boissons au café. Là aussi, la violence animale tend à reculer, même si on reste sur une demande encore relativement faible. Même constat concernant les fromages alternatifs qui gagnent aussi du terrain dans les menus. Autant de changements qui donnent à rappeler qu’au niveau mondial : 80% de la population de plus de 7 ans est intolérante au lactose, car contrairement aux campagnes de lobbysime avec lesquelles nous avons grandi, les produits laitiers ne sont pas nos amis pour la vie.
Les fast-food, véritable culture américaine, ne sont pas en reste ! En dehors des burgers végétariens de plus en plus communs, les chaînes populaires aux Etats-Unis et difficilement évitables explorent à leur tour d’autres options véganes. Au cours des 12 derniers mois seulement, la PBFA a constaté que les alternatives végétales pour les fruits de mer, les œufs et les poissons ont augmenté sur les menus respectivement de 57 %, 52 % et 44 % ! L’évolution est assez remarquable.
Un changement bon pour la santé des américains ?
Bien sûr, il est important de souligner que ces produits, quand ils restent industriels, ne sont pas forcément meilleurs pour la santé. Mais il est surtout ici question d’éviter de la souffrance animale et de réduire notre impact écologique en déconstruisant l’omniprésence de la viande dans nos assiettes. Impact écologique qui s’avère, a fortiori, être un enjeu de santé majeur sur le long-terme et à très grande échelle. En effet, les rapports s’accumulent démontrant que manger végétal est crucial pour la santé humaine à venir, car notre consommation de viande menace la sécurité alimentaire mondiale, pollue massivement et nous est directement nocive à l’excès.
D’autant que la plus grande partie des viandes et produits laitiers actuellement consommés dans le monde sont déjà, eux-mêmes, le fruit d’une ultra-transformation généralisée : tranches de jambons, saucisses et saucissons, steaks hachés, nuggets, cordons bleus, yaourts, crèmes, lait, gâteaux et on en passe… sont remplis de nitrites, de sucres, de colorants, d’exhausteurs de goûts et autres ingrédients de synthèse.
Cela, sans compter que les animaux, pour survivre à leurs conditions extrêmes, sont majoritairement traités aux antibiotiques, que nous consommons en les consommant, provoquant une accoutumance autrement plus grave sur le plan sanitaire.
D’autre part, il est crucial de rappeler que certaines sociétés ancestrales, notamment asiatiques, travaillent traditionnellement des substituts depuis des siècles pour le meilleur de leur santé : seitan, tofu, tempeh, quorn, légumineuses,… les sources de protéine végétale peuvent être d’origine artisanale et cuisinées selon des recettes très saines. Attention : les cultures de soja OGM qui sont en partie responsables de la déforestation amazonienne ne servent pas aux substituts végétaux (qui se fournissent principalement auprès de producteurs bio), mais à nourrir les élevages pour répondre à la demande mondiale en viande.
Un peu d’espoir ?
Le secteur de l’alimentation sans violence animale est en plein boom à travers le monde des conséquences d’une double prise de conscience :
– La crise écologique et climatique nous impose de changer radicalement nos choix alimentaires qui, sinon, seront de toute façon modifiés de force par les limites planétaires elles-mêmes.
– Les animaux sont des êtres dotés d’une sentience d’après le consensus scientifique et leur souffrance dans les industries est intolérable, permise par le déni de leurs droits.
Il y aurait bien d’autres raisons de consommer végan de toute urgence, mais toutes reposent sur des notions d’empathie et de remise en question de ses propres comportements. Comme le veut le proverbe « Une société peut grandir lorsque ses anciens commencent à planter des arbres sous lesquels ils ne s’assiéront jamais »… En d’autres termes, cessons d’être des enfants-rois, osons poser un vrai regard sur ces cohabitants invisibilisés, comprenons que l’univers ne tourne pas autour de notre individualité et que la vie vaut souvent bien plus que nos petites frustrations personnelles.
– Mr Mondialisation
Source : https://vegnews.com/2023/2/us-restaurants-vegan-options-50-percent