«La même communauté de souffrance rapproche les cœurs, fait fondre les haines, naître la sympathie entre gens indifférents et même adversaires. Ceux qui nient cela n’entendent rien à la psychologie humaine. Français et Allemands se regardèrent, virent qu’ils étaient des hommes tous pareils.» note Louis Barthas, caporal, dans son carnet de guerre.

Il y a tout juste 100 ans, des soldats français, embourbés dans les tranchées, ont applaudi un ténor bavarois le soir de Noël pendant d’autres jouaient au football avec les Allemands ou enterraient les morts en commun avec les ennemis de la veille. Un lueur de fraternité au cœur d’un no man’s land d’acier et de sang.

Ces actes ponctuels à caractère humaniste qui se déroulèrent au cœur d’un épouvantable carnage sont des exceptions. Mais des exceptions hautement symboliques. Derrière la haine engendrée par les conflits et alimentée par certains idéologues, il n’y a souvent que des Hommes qui souhaiteraient être partout ailleurs.

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Coté allemand, on partage un même sentiment. Karl Aldag, un jeune soldat, témoigne : « Le 31 décembre nous avons convenu de tirer des salves à minuit. La soirée était froide. Nous avons chanté, ils ont applaudi (nos tranchées sont à 60-70 mètres des leurs). Nous avons joué de la guimbarde, ils ont chanté, et nous avons applaudi. J’ai demandé ensuite s’ils n’avaient pas d’instruments de musique et ils sont allés chercher une cornemuse. Ils ont joué et chanté les beaux airs mélancoliques de leur pays : c’est la garde écossaise, avec les petites jupes et les jambes nues. A minuit les salves ont éclaté des deux côtés, en l’air ! Il y a eu aussi quelques décharges de notre artillerie, je ne sais sur quoi on tirait, les projectiles ordinairement si dangereux pétillaient comme un feu d’artifice. On a brandi des torches et crié hourra ! Nous nous sommes fait un grog, nous avons bu à la santé de l’empereur et à la nouvelle année. Ç’a été une vraie Saint-Sylvestre, comme en temps de paix. » (In Lettres d’étudiants allemands tués à la guerre, 1914-1918).

Illustrated_London_News_-_Christmas_Truce_1914Illustration du London News du 9 janvier, 1915.

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Comment est-ce possible ? Selon les spécialistes, ces rapprochements entre combattants ennemis se produisent en raison de leur très grande proximité sur le front. Ils partagent la même boue, le même froid, les mêmes douleurs. Une espèce de communauté de la souffrance se forme. Une situation difficile qui rend possible des actes de bonté ponctuels avant la suite des combats.

Notons enfin que ces évènements étaient largement documentés et médiatisés dans les journaux anglais. Beaucoup moins en France. On parle même de censure. Le pays étant attaqué par les Allemands, ce type de trêve n’était visiblement pas apprécié.


Source : France 24 / Lacroix / cheminsdememoire-nordpasdecalais.fr

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