Éduquer ses enfants « autrement », c’est le souhait de nombreux parents. Jeune enseignante de 23 ans, Lola Briquet a pris la route des écoles alternatives à travers le monde afin d’explorer les modèles d’éducation qui se distinguent de la pédagogie traditionnelle. Elle nous partage ses premières observations.
Nous nous sommes donné rendez-vous téléphonique à 16 heures : Lola Briquet est en Espagne et, d’ici quelques semaines, elle s’envolera pour les États-Unis après avoir parcouru la France, la Belgique l’Angleterre et Irlande. Objectif : visiter le plus d’écoles alternatives possible ! et surtout en tirer de précieux enseignements pour nous tous. Jusqu’à présent, elle en a une dizaine au compteur. L’enseignante, qui a exercé pendant deux ans, profite de deux années de disponibilité pour réaliser son projet. Elle souhaite observer et comprendre le fonctionnement de systèmes d’éducation alternatifs et partage ses réflexions sur son blog, Sur la route des écoles.
La liberté des enfants au cœur
Son ambition ? « Visiter des écoles et des lieux collectifs qui proposent une vision de l’éducation différente« , mais aussi tenter de répondre à cette question : « est-ce qu’une autre école peut créer une autre société ? ». Elle nous évoque les pédagogies Freinet, Montessori, Steiner, mais aussi d’autres, moins connues, comme l’école démocratique, qui se structure dans son fonctionnement autour de l’idée de liberté.
C’est d’ailleurs cette idée de liberté qui motive pour l’essentiel ces modèles d’enseignements qui restent marginaux, presque exclusivement réservés à des établissements privés. Ces écoles ont comme point commun de proposer « une liberté dans l’apprentissage et de sortir de la notion de programme », observe Lola Briquet. « Dans ce cadre, on considère que l’apprentissage est naturel et on fait donc confiance aux élèves », poursuit la jeune femme. Fini la transmission verticale de l’enseignant à l’élève à la faveur d’une méthode qui met les enfants au centre et qui offre à chacun la possibilité d’avancer à son propre rythme et selon ses propres envies. Au menu également, un nombre important d’activités extérieurs et de travaux manuels, ce qui permet aux jeunes de s’approprier leur corps et leur environnement.
L’enseignement en débat
Souvent critiquées, accusées de dérives sectaires, d’être élitiste, ou de ne pas permettre aux enfants de s’adapter à la société, les pédagogies alternatives ont bien évidemment leurs limites. Mais à l’heure où l’enseignement classique expose ses faiblesses, incapable de réduire les inégalités entre les élèves, trop académique et trop peu pratique, il est certainement utile de s’ouvrir à d’autres modèles et de s’en inspirer. En 2014, Andreas Schleicher, directeur de l’éducation de l’OCDE, livrait une critique acerbe de l’enseignement au sein de l’Hexagone : « L’enseignement n’est pas pertinent en France. On y est en décalage. Le monde moderne se moque bien de ce que vous savez. Il s’intéresse à ce que vous savez en faire. Il a besoin de gens créatifs, capables de croiser les sujets quand l’école française fait encore trop réciter des leçons ».
Si les pédagogies alternatives connaissent un succès grandissant, c’est justement parce qu’elles ont pour objet de sortir les enfants de leurs cahiers pour les encourager à observer le monde, à apprendre par eux même en fonction de leur propre rythme de développement et à développer leur capacité d’émerveillement. Sur son blog, Lola Briquet témoigne à propos des classes Freinet, à la Chappelle Saint-Luc, en France :
« Traditionnellement, les enseignants organisent leur année en fonction des programmes et non des envies des élèves. Or dans les classes de Lili et de Jean-Claude, on part du principe qu’il est nécessaire que les élèves soient motivés et comprennent les enjeux de ce qu’ils apprennent. On attend d’eux qu’ils deviennent acteurs de leurs apprentissages.
En début d’année, ce positionnement en surprend certains, habitués à l’apprentissage passif où il suffit d’écouter distraitement l’enseignant, ouvrir le cahier au bon moment et recopier les réponses sans forcément les comprendre. »
Inévitablement, alors que nous sommes généralement habitués à voir des classes bien ordonnées, dans lesquelles les élèves écoutent silencieusement leur enseignant qui décide du déroulement des heures de classe, la scène étonne. Et pourtant, argumente Lola Briquet, les écoles alternatives permettent d’obtenir, sur certains aspects, des résultats prometteurs. À chacune de ses haltes, nous raconte-t-elle, elle s’est rendu compte des « capacités de communication et d’échange très développées chez les enfants, de leur esprit d’entraide et de leur aptitude à s’occuper importante ». Des compétences, qui peut-être, serviront à ces jeunes à mieux s’ouvrir au monde.
Pour suivre Lola Briquet, rendez-vous sur son blog : surlaroutedesecoles.com
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