Pendant que, sous l’effet de l’agriculture industrielle triomphante, le nombre d’espèces comestibles cultivées se réduit désormais à une peau de chagrin, certains membres de la société civile se mobilisent pour encourager une préservation des variétés. Entre le 17 et le 25 avril, quatre jeunes de l’ISARA-Lyon ont organisé un voyage à vélo entre Lyon et Marseille dont le principal objectif était de « revaloriser » les semences paysannes, mais aussi de « permettre une diffusion de la biodiversité et des connaissances ».
La particularité de Graines d’ingé, du nom de l’initiative, réside entre autre dans le fait que pendant ces quelques journées les voyageurs ont tenu a utiliser en exclusivité des semences comme monnaie d’échange. Grâce au soutien de Kokopelli, Graines de troc, le Biaugerme, la Graine et le Potager et Sativa Semences, les cyclistes sont partis à l’aventure les poches pleines de graines.
De Lyon à Marseille pour distribuer et échanger des semences paysannes
C’est à l’occasion de leurs études que les membres du projet ont progressivement pris conscience de l’importance des semences paysannes. Ainsi, les quatre amis partagent aujourd’hui un intérêt commun pour « [les] problématiques touchant à la sécurité alimentaire, l’autonomie alimentaire, à la gestion des ressources, les difficultés rencontrées par les paysans dans le modèle agricole actuel, les nouvelles voies envisageables… » C’est ce savoir acquis à propos de ces sujets qu’ils ont tenu à partager et à faire vivre le long des routes.
Avant de partir, les membres de l’équipe se sont « beaucoup renseigné[s] et documenté[s] sur ces sujets » afin de pouvoir « vulgariser ces connaissances pour en faire part à un maximum de personnes ». Car, regrettent-ils, « aujourd’hui à part les personnes sensibilisées à ces problématiques, la population est très peu informée de la réglementation qui les entoure mais aussi tout simplement de ce qu’est une semence paysanne« . Mais c’est avant tout un esprit positif qui les a guidé, convaincus que le partage peut-être vecteur de lien et de convivialité. « [Les sachets de graine] sont devenus notre monnaie d’échange sur tout notre parcours et on a donc distribué, échangé, dispersé entre Lyon et Marseille des milliers de graines potagères, aromatiques et fleurs », se félicitent-ils.
« C’est un pari réussi »
Au bord des routes, ils ont partagé avec de nombreuses personnes. Le voyage « s’est déroulé avec succès et nous sommes heureux de pouvoir dire que nous en sommes fiers ». « Nous logions le soir chez des personnes qui nous avaient contacté via notre page Facebook pour nous héberger ou des personnes que nous avons rencontré sur notre route ». En outre, les amis ont tiré à profit le temps passé sur les routes pour s’enrichir personnellement. « La journée on pédalait, et on s’arrêtait dans des lieux touristiques, des petits villages pour troquer des semences contre de la nourriture, rencontrer des gens, faire de la sensibilisation, parler des semences mais également de sujets divers et variés tournant autour de l’agriculture, l’écologie, l’éducation et autres », racontent-ils ravis.
Le quatuor a pu profiter des paysages de la Drôme et des montagnes du Luberon, mais aussi de l’hospitalité des personnes rencontrées au hasard des chemins. Au fil des rencontres, ils ont également pu « propager « physiquement » [les] semences ». Chacun des hôtes a été remercié avec des graines que les voyageurs transportaient avec eux. Plus étonnant encore, les voyageurs ont pu échanger leurs graines contre de la nourriture dans des boulangeries ou des épiceries, remportant ainsi leur pari de privilégier le troc au paiement en monnaie pour l’achat de denrées alimentaires. L’écho favorable que Guillaume, Maxime, Edouard et Romain ont reçu montre l’enthousiasme des habitants à voir des personnes s’attaquer à bras le corps aux problématiques environnementales ; leur projet essaime lui aussi les graines de l’avenir.
Sources : Propos recueillis par l’équipe de Mr Mondialisation / facebook.com