Composées de plastique et d’aluminium, les dosettes de café sont néfastes pour l’environnement. L’extraction des matériaux nécessaires à leur production est la cause de déforestation et d’une pollution des écosystèmes. Face à ce carnage, le premier groupe de la grande distribution suisse Migros s’est décidé à créer des boules de café 100% compostables à partir d’un emballage fabriqué avec des algues. Après utilisation, les dosettes peuvent directement être jetées dans un compost ou un jardin… Lorsque l’on en a un à disposition ! Sinon c’est encore la poubelle ordures ménagères. Cet emballage peut laisser croire à une démarche vertueuse pour l’environnement. Mais est-ce que l’impact des dosettes de café n’est qu’une question d’emballage ? Ces dosettes compostables ne sont-elle pas finalement un nouveau greenwashing ? 

Les dosettes de café sont une source de pollution énorme. Selon Migros, le plus gros groupe suisse dans le secteur de la grande distribution et aussi l’un des quarante plus grands détaillants au monde, c’est chaque année, 63 milliards de dosettes et de capsules de café qui seraient vendues dans le monde et qui créeraient 100 000 tonnes de déchets, soit 10 fois le poids de la Tour Eiffel. 

Le site de statistiques Planetoscope indique qu’en France 500 millions de capsules de café seraient vendues chaque année. Le résultat d’une étude Nespresso évalue à 33% de Français qui seraient équipés d’une machine à dosette pour faire du café à domicile.

Le danger des capsules de café en aluminium

Il existe actuellement trois types de dosettes de café : les souples, les dures et les capsules en aluminium. Ces dernières sont un véritable fléau pour l’environnement car pour les fabriquer, il est nécessaire d’extraire du bauxite, un minerai qui doit ensuite être traité pour produire de l’aluminium. Cette extraction est la source d’une grande consommation d’énergie, la cause d’une déforestation intensive et d’une pollution importante. En effet, l’extraction de bauxite et son traitement engendre la production d’une boue rouge contenant du titane, de l’oxyde de fer, de l’oxyde d’aluminium et du silicium. Une boue rouge qui contamine les sols.

« Bien que partiellement recyclables, les capsules sont en majorité jetées à la poubelle », a également déclaré Fabrice Zumbrunnen, président de Migros. 

Des boules de café pour un nouveau greenwashing

Pour trouver une alternative aux capsules de café en aluminium, le mastodonte de la grande distribution suisse Migros a décidé de créer des dosettes de café biodégradables sous forme de boules nommées Coffee Ball. Pour créer ces dosettes, cinq années de recherche et de développement ont été nécessaires. Rien que ça. 

Leur enveloppe est faite à partir d’une algue qui entoure la boule de café. Celle-ci va se décomposer naturellement après utilisation, et il est possible de la jeter directement dans son compost ou son jardin – si l’on en a un. 

« Avec CoffeeB, Migros marie ce qu’il n’était pas possible de réunir jusqu’à présent : une expérience gustative complète, la commodité d’usage et le zéro déchet », a affirmé Fabrice Zumbrunnen. 

Après utilisation, les boules de café se décomposent naturellement et peuvent être jetées dans le jardin. Crédit : CoffeeB

On peut clamer la bonne nouvelle, mais aussi se poser la question de l’utilité de passer autant de temps à créer un nouveau produit pour inciter à une nouvelle consommation. Cette R&D – recherche et développement dans le jargon d’entreprise – est souvent défiscalisée et requiert des moyens humains, financiers et environnementaux importants. Pourtant, il existe déjà des dosettes souples, et pour une réelle démarche zéro déchet, il suffirait de consommer du vrac ou encore mieux d’arrêter le café. En effet, la production du café est basée majoritairement sur un rapport de force tenu par les pays occidentaux sur les pays anciennement colonisés. Ne vaudrait-il pas mieux consacrer notre temps et notre énergie à créer de véritables alternatives qui remettent en question les fondamentaux de notre système capitaliste et libéral ? 

Mais revenons à Migros. La démonstration de greenwashing n’est pas terminée !

Des machines à café fabriquées en Chine

En plus des nouvelles dosettes, Migros a créé de nouvelles machines à café fabriquées à partir de boîtes à œufs recyclées. Il est annoncé que leur fabrication rend les machines recyclables à 74%. Également, les machines à café se mettent en veille automatiquement au bout d’une minute pour faire des économies d’énergie.

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Avec cet affichage, Migros prétend une écoresponsabilité. Pourtant, si les boules de café sont fabriquées en France, dans le nord du Rhin, et que les algues proviennent des côtes de l’Océan Atlantique, les machines à café sont fabriquées… en Chine ! 

À quoi bon l’économie d’énergie et les effets d’annonce sur la recyclabilité des produits si pour les fabriquer il faut parcourir des milliers de kilomètres et recourir à une main d’oeuvre souvent malmenée et sous-payée ? 

En plus des boules de café compostables, des machines à café sont créées à partir de matériaux recyclés… En Chine ! Crédit : CoffeeB

Pour leur lancement, ces nouvelles dosettes vont d’abord être commercialisées en France et en Suisse. En France, il est déjà possible de s’en procurer dans certains supermarchés comme Auchan, Carrefour et Boulanger – des entreprises exemplaires dans leur poursuite du néo-libéralisme et du profit à tout va. Par la suite, les boules de café pourraient être vendues dans d’autres pays – la mondialisation se poursuit, une hérésie en termes d’empreinte carbone causée par le trajet des produits – car la marque projette de les commercialiser en Allemagne au printemps 2023.

Il ne reste plus qu’à voir si cette nouveauté va arriver à séduire les consommateurs, qui devront investir dans une nouvelle machine à café et de nouvelles dosettes. Pour la démarche zéro déchet, on repasserra !

Il y a quelques années, la société Ethical Coffee Company a lancé des capsules de café biodégradables et compatibles avec les machines Nespresso, mais elle n’a finalement pas réussi à s’implanter sur le marché. Décidément, des années de R&D bien utiles !

Lisa Guinot

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