Cela ne vous a certainement pas échappé – comment cela serait-il possible – Noël approche et autant sous le sapin que sur la table, les vins vont nous accompagner tout au long des festivités. Amateur éclairé ou pas, personne n’est omniscient. C’est pour cela que, comme pour tout achat, celui-ci sera plus juste s’il passe par la case réflexion. Quelles bases de réflexion existent sur l’éthique des vins ? Tout d’abord, droit au but avec les différents labels, puis une réflexion plus approfondie pour les plus curieux.

Le point sur les labels

Vin conventionnel

conventionnelAucune garantie sur la présence et la quantité des pesticides et des intrants (substances extérieures introduites) présents dans le vin. Comme l’indique l’étude de l’UFC-Que Choisir (voir plus bas dans les compléments), cela peut aller du meilleur (une simple trace de pesticide mais 0 µg détectable sur certains vins), au pire à plus de 1600 µg.

Le nombre d’intrants possibles est au moins de 70 (alarencontredesvinsnaturels). Les solutions pour choisir les vins dans cette vaste catégorie ne pourront être qu’humaines. Les cavistes connaissent certainement les conditions détaillées d’élevage des vins de certains de leurs fournisseurs. Pour ceux qui ont la chance d’habiter près d’une région viticole, la rencontre des producteurs eux-mêmes peut se révéler très enrichissante aussi en les faisant parler de leur vigne. Pour citer approximativement un conseiller viticole croisé un jour : « Si vous rencontrez un vigneron et qu’il ne fait que vous parler de sa vigne, sa vigne, c’est bon signe. A contrario, s’il vous parle de la technicité des produits qu’il utilise, méfiez-vous. ».

A savoir aussi que de nombreux vins conventionnels respectent la charte bio de par son laxisme inhérent, abordé dans la suite du billet.

Issu de l’agriculture raisonnée

terra-vitisTout d’abord, il est bon de savoir que le mot « raisonnée » a été en premier lieu inventé par l’agriculture industrielle afin de rendre transparente l’utilisation des produits utilisés. Cependant, cela ne signifie pas que les labels raisonnés sont une escroquerie. Leur charte plus ou moins contraignante engage les vignerons à suivre des actions raisonnées en réaction à une maladie, sans céder à l’appel de l’assaut chimique. Il est difficile de trouver des informations précises sur les règles, là aussi, il faut faire confiance aux vignerons.

Issu de l’agriculture biologique

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ab-1ab-2logo_nature_progres La règlementation actuelle ne date que de 2012 et déchaine les passions car elle est jugée toujours trop permissive. En effet, encore au moins 53 intrants (alarencontredesvinsnaturels) sont tolérés ainsi que certaines techniques destructrices du vivant (t° raisin > 60°C avant cuve pour ne citer que celle-ci). « Au moins 53 », car leur compte est difficile. Un site référence, qui liste aussi les méthodes applicables en bio semble en lister plus (vignevin). Les vignerons défenseurs du bio regrettent que cette charte laisse la porte toujours grande ouverte à l’industrialisation du vin (video). Leurs regrets sont encourageants pour le consommateur et gagent de leur bonne foi. A noter qu’aucun pesticide de synthèse n’est utilisé dans la vigne, un pas est franchi. Cette donnée est confirmée par l’étude de l’UFC-Que Choisir (voir plus bas). La limite des sulfites incorporés est aussi revue à la baisse comparé au conventionnel mais reste encore élevée.

Issu de l’agriculture biodynamique

biodyvindemeter6 intrants seulement autorisés, tout le calendrier de la vigne suit des actions bien précises. Le néophyte qui rentrera dans le détail pourra se sentir perdu car certaines directives frôlent l’ésotérisme, il faut le dire. Toutefois, si consommateurs et viticulteurs s’y retrouvent et que cela permet, en effet, d’obtenir un vin à la pureté exemplaire, où est le mal ? Nulle part, surtout lorsque l’on doit faire le choix entre des techniques non-prouvées mais naturelles et des techniques très scientifiques, très prouvées, mais dont la dangerosité ne fait pas vraiment de doute non plus.

Les vins naturels

avnsainsAucune certification n’existe concernant ces vins mais certains vignerons profondément amoureux de leur activité ont décidé de se regrouper dans des associations pour produire des vins sans aucun intrant. Très légère exception pour l’Association des Vins Naturels (AVN), chez qui le soufre est autorisé en quantité très limitée quand cela semble inévitable. L’association des vins S.A.I.N.S. quant à elle, ne transige même pas à la restriction sur le soufre. Il faut avouer que la démarche de ces associations est impressionnante quand on voit le fossé qui les sépare des possibilités des vins traditionnels et pour certains, leur industrialisation grandissante.

Dans tous les cas, s’il y a bien un domaine où l’on peut consommer local, c’est bien celui du vin. Nous avons la chance de vivre au pays du vin, profitons-en pour le consommer éthiquement, localement et avec modération, sinon qui le fera ?

Sources supplémentaires sur les labels :

infographie sous forme de bouteilles sur www.vinsnaturels.fr info-bouteille

infographie sous forme pyramidale sur www.alarencontredesvinsnaturels.frintrants_autorises_dans_le_vin

enquête suédoise sur le vin (VO, sous-titres anglais) : www.tv4.se ; intéressant car elle permet d’avoir un point de vue extérieur sur le monde du vin.

très complet comparatif des labels, plein de bon sens : grappons-nous.com

autre comparatif rapide des labels : www.idealwine.com

 


 

Pour aller plus loin

Le film documentaire Mondovino

mondovinoEn 2004, sortait le film Mondovino, film documentaire franco-américain réalisé par Jonathan Nossiter (Wikipedia). Cet intéressant documentaire nous dresse le portrait de différentes personnes liées au monde du vin. Du critique œnologique à renommée internationale au conseiller viticole référence en passant par des familles de producteurs traditionnelles. Autant le critique que le conseiller ont une ligne très bien définie : avoir des vins plutôt standardisés car les consommateurs aiment ça. Le hic étant que de nombreux domaines viticoles, grands ou petits, les suivent comme des messies des temps modernes vers l’uniformisation, l’absence de surprise gustative trop « osée ». Il faut vendre pour vivre. Ou enfler. Mais à quel prix ?

Vino business

vino-businessEn septembre de cette année, Isabelle Saporta publiait le documentaire Vino Business, basé sur son livre du même nom édité en février 2014. Surtout orienté business, les informations sur le vin lui-même fortifient à nouveau les idées de standardisation et d’utilisation massive des pesticides dans certains cas.

 

L’étude de l’UFC-Que Choisir

que-choisirPlus récemment, en 2013, l’UFC-Que Choisir publiait une étude qui a fait le tour de la toile (abonnés) – des références à cette étude sont trouvables sur des sites usant de la langue de Don King, de Don Juan ou encore de Don Camillo. A travers l’analyse de 92 bouteilles provenant de toutes les régions de France, elle met l’accent sur l’omniprésence des pesticides dans nos vins, à des doses pouvant être conséquentes. Quelques chiffres :

  • – 4 pesticides (prédominance des fongicides) en moyenne par bouteille ;
  • – jusqu’à 14 substances dans une même bouteille ;
  • – un maximum de 3364 fois les LMR (voir en-dessous) tolérées pour l’eau ;
  • – 2 produits interdits en Europe mais bel et bien présents.

Interpelant, jusqu’à ces autres chiffres : la viticulture occupe 4,3% des terres arables (2,7% de la Surface Agricole Utile – SAU) en France (Wikipedia, Le Monde) mais utilise 20% des pesticides (rapport de l’INSERM), pour l’essentiel des fongicides. A noter que depuis 2005, les chiffres semblent constants si l’on se réfère à un rapport d’expertise de l’INRA de cette époque (lien). C’est un fait, les vignes sont la proie de nombreuses maladies et sont une culture permanente.

Cependant, malgré l’alarmisme de cette étude, un peu de positivisme est aussi de rigueur car certains vins non bio n’en contiennent que très peu et les vins bio, en moyenne, 11,8 fois moins (generations-futures). Des pesticides dans les vins bios ? Même en petite quantité ? La réponse à cette question résiderait dans les épandages voisins aux parcelles bios.

Enfin, la nouvelle la plus rassurante concerne les conversions en bio, de plus en plus nombreuses en France (+15 % en 2012 en surface) (consoglobe).

Digression discrète sur les LMR(W) (Limite Maximale de Résidus)

Certes, les résidus mesurés dans les bouteilles sont inférieurs aux LMR. Mais faut-il rappeler la limite – justement – du concept des LMR et de toute limite basée sur l’adage erroné selon lequel la dose fait le poison. Un petit exemple benêt :

  • – Limite autorisée x 50 % d’un produit
  • – Limite autorisée x 50 % d’un autre produit
  • – Limite autorisée x 50 % d’un 3me produit
  • pour un total de … 50% des LMR selon la loi. Et ce, qu’il y ait 3 ou 20 produits dans le bien de consommation.

La démonstration peut paraitre grossière mais il ne faut également pas perdre de vue que les quantités sont définies produit par produit, sans tenir compte de leurs combinaisons possibles, qui se comptent exponentiellement. Afin d’arrêter de se demander si 6µg/kg est plus juste que 4µg/kg pour tel produit, ne vaudrait-il pas le coup de réfléchir à comment s’en passer totalement dès que c’est possible ?

Pour illustrer cela, le chlore, grand ami de l’eau du robinet – entre autres – semble opportun. Il possède une DJA (Dose Journalière Admissible) mais selon l’eau dans laquelle il est utilisé, les sous-produits de dégradation du chlore diffèrent car il réagit avec les matières organiques présentes dans l’eau (guerir.org). Ces sous-produits portent le très logique nom d’organochlorés. «Organochlorés W», tout comme de nombreux insecticides, la dioxine, etc.

 

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