4 heures de travail par jour, un plan de transition vers une Économie Basée sur les Ressources ? A vous de juger.
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Quand on explique ce qu’est une Économie Basée sur les Ressources et comment cela pourrait aider notre société et notre planète à vivre une vie meilleure, l’une des questions les plus posées en général par le public est la question de la transition. Si nous arrivons à convaincre le public que le Modèle Économique Basé sur les Ressources est le chemin à suivre, nous aurons des questions de ce genre : “Ouais, cela parait bien mais… comment y arriverons-nous ?”. Il n’y a pas de réponse claire à cette question, mais cela pourrait bientôt changer si le Mouvement Zeitgeist suit le plan qui a déjà été discuté par certains économistes et activistes mais qui n’est pas encore devenu populaire : les 4 heures de travail par jour. Carlos “Carlin” Tovar, un architecte péruvien, graphiste et dessinateur de renom, propose une réduction du temps de travail de 8 à 4 heures par jour. Dans son livre, “21st Century’s Manifesto” (seulement disponible en espagnol pour le moment), il explique que les machines et la technologie sont supposées libérer les peuples du fardeau de travaux humains qu’ils doivent fournir pour produire des biens, mais à la place, l’opposé est en train d’arriver : les personnes travaillent de plus en plus chaque jour. L’explication provient de l’introduction de machines dans les méthodes de production, afin d’en faire diminuer les coûts. Les entreprises vont tirer profit de ce coût réduit et, dans le but de rester compétitives, le prix du bien final va aussi diminuer de telle façon que moins de profits pourront être fait par produit (une diminution dans le taux de profits). Dans le but de contrebalancer cette diminution du taux de profit, nous finissons par travailler plus afin d’augmenter les productions. C’est pourquoi, il explique, nous finissons par travailler plus d’heures (ou nous sommes forcés à le faire) : pour contrebalancer la diminution du taux de profits, une maladie congénitale du capitalisme, selon Marx. Mais il ajoute que la technologie n’est pas le problème. Le système ne tire pas avantage des immenses bénéfices que les machines, logiciels et automates peuvent apporter à l’humanité. Et cela est principalement dû à notre système capitaliste aliéné et à ses caractéristiques négatives. Nous voyons dorénavant une augmentation de la durée du temps de travail, dépassant même la durée légale de 8 heures par jour, avec des personnes travaillant 12 à 14 heures par jour (parfois les week-ends aussi) et même certaines formes d’esclavage payé qui sont en train d’apparaître dans certains endroits du monde. “Carlin” (prononcé Kar-leen), comme les gens l’appellent au Pérou, a lancé une campagne afin de promouvoir une grève mondiale dans le but de réduire le temps de travail par jour à 4 heures à l’échelle mondiale. Selon lui, cela ne peut être fait que dans un seul pays ou endroit du monde, sinon les autres pays (ceux qui travaillent plus d’heures) seront avantagés sur le plan compétitif par rapport aux autres. Il explique : “Cela doit être une mesure mondiale. Les enjeux économiques sont globaux et les solutions doivent être globales”. Il a fait une petite vidéo en anglais qui détaille sa proposition, que vous pouvez regardez ci-dessous. Plus d’informations peuvent aussi être trouvées dans son blog (anglais et espagnol). La campagne met en avant une réduction progressive du temps de travail pour permette aux marchés de s’ajuster : une réduction d’une demi-heure chaque mois, donc en 8 mois nous accomplirions les 4 heures de travail par jour. Mais cela n’en restera pas là. Une réévaluation chaque décennie serait réalisée afin d’analyser les augmentations de productivité et si nous en trouvons (ce qui sera sûrement le cas avec les avancées rapides en matière de technologie) alors une nouvelle réduction sera appliquée. Cela signifie que, si nous trouvons qu’il y a eu 2% d’augmentation de productivité annuelle, 30 ans après que nous ayons instauré les 4 heures de travail par jour, nous ne devrions travailler plus qu’environ 2 heures. Bien qu’il soit le seul à avoir lancé une campagne pour l’instant, il n’est pas le seul à défendre la réduction du temps de travail. Keynes, par exemple, prédit dans son essai : « Economic Possibilities for our Grandchildren » (Les possibilités économiques pour nos petits-enfants) que le temps de travail serait réduit à 3 heures par jour d’ici 2030. Présentement, Juliet Schor, économiste, professeur de sociologie à Boston College, et auteur de “The Overworked American” (l’américain surmené) et “Plenitude” (plénitude), met en avant la réduction du temps de travail comme une mesure permettant de stabiliser l’économie globale et fournissant un meilleur niveau de vie pour la population. En parallèle, la New Economics Foundation (NEF) a publié un rapport dénommé “21 Hours” (21 heures) appelant à des semaines de travail de 21 heures afin de mettre fin à la crise économique et poser les bases d’une économie mondiale plus stable (vous pouvez lire les 15 pages du rapport de la NEF en anglais ici). En fait, ce dernier mois de janvier 2012, Juliet Schor a participé à une conférence organisée par la NEF et la London School of Economics où ils ont soutenus la réduction du temps de travail. Vous pouvez voir la conférence gratuitement ci-dessous. Et si jamais vous vous le demandez, toutes ces propositions ont une chose en commun : elles ne requièrent pas de réduction de salaire. La mesure sera financée par l’augmentation de la productivité. Par exemple, imaginez que vous produisiez 1000 chaussures en un jour (8 heures). Puis, une machine est inventée afin de vous aider à produire la même quantité de chaussures (1000) mais seulement en une demie journée, c’est-à-dire 4 heures. Ainsi, dans le but de financer la réduction du temps de travail, nous pourrions utiliser l’augmentation de la productivité. Ce concept est particulièrement important quand nous parlons d’une économie sans croissance ou d’une stabilité de l’économie. La pensée économique conventionnelle est que nous avons besoin de croissance chaque année, et que cela est généralement mesuré en terme de croissance du PIB. Plusieurs économistes ont réalisé que ce n’est plus possible de constamment croître chaque année (surtout depuis que nous avons une planète finie) et ont soutenu une économie sans croissance. Comme vous pouvez le constater dans l’exemple des chaussures, un élément important de l’économie sans croissance est la diminution du temps de travail. Sans cela, nous choisirons l’autre solution qui est de produire plus de chaussures. Mais les avantages liés à la réduction du temps de travail ne s’arrêtent pas là. Des économistes ainsi que des scientifiques de l’environnement ont identifié ce qu’on appelle “l’effet rebond” des technologies, où les effets bénéfiques de l’amélioration des nouvelles technologies sur l’environnement, qui sont censés nous aider à être plus efficaces et à utiliser moins de ressources, sont contrecarrés par notre mentalité capitaliste – recherche du profit et croissance sans limite – qui nécessite au final plus de ressources. Revenons à l’exemple des chaussures. Disons que pour produire 1000 chaussures, nous utilisons 230 kg de cuir, mais, grâce aux nouvelles machines, nous pouvons maintenant produire ces 1000 chaussures, non seulement en la moitié du temps nécessaire, mais également en utilisant la moitié du cuir, 115 kg. Cela semble bien, mais les capitalistes ne s’en servent pas pour travailler moins (ou pour faire moins travailler les employés) et utiliser moins de ressources. Ils ne vont pas en rester là, travaillant seulement 8 heures, mais ils vont aussi acheter 2 machines de plus afin de générer plus de productions. Cela signifie qu’avec un nombre total de 3 machines, nous produisons maintenant 6000 chaussures en 8 heures par jour (1000 chaussures par demi-journée par machine) et nous utilisons maintenant 345 kg de cuir. C’est bien ça ! Nous finissons par utiliser plus de ressources. Voilà ce qu’est “l’effet rebond” : la technologie qui nous aide à devenir plus efficace et à utiliser moins de ressources nous fait dorénavant utiliser plus de ressources car nous avons choisi la mauvaises option, produire plus, au lieu de choisir celle qui nous permet d’utiliser l’augmentation de productivité afin de financer la réduction du temps de travail. Le fait d’augmenter le temps libre va, pour la première fois, nous libérer des chaînes du capitalisme et nous donner du temps pour faire ce que l’on aime : passer notre temps avec la famille, aller à l’école, pratiquer un sport ou participer activement à notre communauté. Une réduction du temps de travail n’est pas seulement bénéfique pour la qualité de vie de nos frères humains, c’est aussi bénéfique pour l’économie et, comme on vient de le voir avec l’effet rebond, bénéfique pour l’environnement et la planète toute entière. Juliet Schor le dit joliment : “C’est très difficile de trouver une seule politique qui fournit les 3 piliers : amélioration de la santé de l’économie, de l’environnement et de la qualité de vie de la population.” Mais, vous vous demandez peut-être pourquoi le Mouvement Zeitgeist devrait faire corps avec cette proposition ? L’histoire nous a appris que les systèmes n’ont pas été soudainement changés. Il y a eu des périodes de transition où les systèmes se sont soit effondrés, soit ont lentement été remplacés par d’autres systèmes ou alors sont devenus obsolètes et un nouveau modèle à pris le dessus. Une réduction progressive du temps de travail, en commençant par une journée de 4h, sera une transition agréable hors de ce modèle capitaliste qui s’effondre rapidement. Et cela est une transition douce, du fait de 2 raisons principales :

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