Dans les Alpes-de-Haute-Provence, la commune des Mées abrite l’une des plus grandes fermes solaires de France après celle de Toul-Rosières en Meurthe-et-Moselle. Un exemple qui inspire aujourd’hui le changement alors qu’un lobbying féroce semble exercé pour sortir le plus lentement possible du schéma industriel actuel.

Alors que le rapport « caché » d’une France 100% durable est toujours sur les lèvres, comment imaginer en pratique une telle transition ? Nécessairement, l’adaptation aux énergies renouvelables commence par des choix locaux courageux, parfois risqués, qui réclament autant l’implication citoyenne que le débat local avec les acteurs politiques et économiques. L’exemple de la ferme solaire des Mées offre un exemple concret de cette possibilité de transition.

Inaugurée en 2011, elle couvre aujourd’hui une superficie de 200 hectares et possède près de 340 000 modules solaires en silicium polycristallin. Les panneaux sont vissés sur des pieux enterrés à 1,5 mètre de profondeur. Puisqu’il n’y a pas de fondation de béton, la prairie est préservée et ce sont quelques 2000 moutons qui se chargent de l’entretien du parc naturellement. Les panneaux sont conçus pour résister aux grêlons et sont nettoyés à l’eau déminéralisée pour éviter les dépôts calcaires qui entraineraient une diminution de leur performance. L’eau est ensuite recyclée en partie pour réutilisation.

Ce projet est l’aboutissement d’une initiative d’agriculteurs locaux dont le souhait était de faire un parc à énergie solaire de ce plateau, laissé à l’abandon et inutilisable pour l’exploitation. Il a été conduit par la société belge Enfinity qui inaugurait le 12 mai 2011 les deux premières centrales solaires du lieu. Depuis, d’autres acteurs tels qu’Eco Delta, Siemens ou Solaire Direct ont construit d’autres centrales sur le plateau pour un investissement de 110 millions d’euros. Le site a été choisi par Enfinity et le Conseil général pour son ensoleillement remarquable. Il reçoit en moyenne 1550 kWh par année d’irradiation solaire horizontale. Situé à 800 mètres d’altitude, il bénéficie d’une ventilation naturelle permettant d’améliorer le rendement des panneaux de 10 à 15%. Le parc générerait près de 14,5 millions d’euros par an et permettrait grâce à sa production de 100 MWc d’alimenter plus de 12 000 foyers.

Les vagues de panneaux solaires sur les pentes de la Colle des Mées se mêlent aux champs de lavande et de blé. Selon le maire, cette disposition ne crée pas de « pollution visuelle » pour les habitants de la commune (argument souvent suggéré pour empêcher ce type de projet). Dans une approche durable et dans un souci de préservation de la faune et la flore, Eco Delta s’est engagé à ensemencer les terrains avec des plantes mellifères, utilisées dans la production de miel et d’huiles essentielles. D’ici une vingtaine d’années, quand le projet sera en fin de vie, il est prévu que le terrain soit reconverti en terres agricoles, et que chaque panneau soit recyclé.

Notons enfin que chez les opposants à l’énergie solaire (lobbies des énergies fossiles en tête), le bruit court que le cout CO2 d’un panneau photovoltaïque et le recyclage obligatoire en fin de vie engendrerait un bilan négatif. Cette rumeur, qui rencontre les intérêts des industries les plus conservatrices, n’est pas véritablement fondée bien que, comme toutes activités, la production d’un panneau solaire engendre un minimum de pollution. Un petit clip belge, (à nouveau) et humoristique l’explique avec autodérision.


Sources : www.lepoint.fr / toolito.com / ecodd.com / laprovence.com

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