Festival Nourrir Liège 2018 : en Belgique, les forces citoyennes font la transition

Dans la continuité de la démarche engagée et innovante de divers acteurs du territoire, le Festival Nourrir Liège propose du 15 au 25 mars prochains, conférences, ateliers et projections de films afin de sensibiliser la population à l’avenir alimentaire de la ville et encourager la discussion. Alors que la région possède un réseau dense d’acteurs impliqués dans ces thématiques, il s’agit de poursuivre une réflexion globale quant à l’avenir alimentaire et d’ouvrir encore plus le débat aux habitants et aux habitantes de la ville.

Dans la « Cité ardente », agriculture locale et initiatives citoyennes seront sous le feu des projecteurs pendant 10 jours en mars, que ce soit lors d’une conférence à propos de la souveraineté alimentaire, un apéro pour présenter la monnaie locale « Le Val’heureux » ou encore la visite d’une épicerie coopérative. Point d’orgue de l’évènement, la venue de Rob Hopkins, initiateur des Villes en transition et parrain de l’évènement cette année.

Un festival pour catalyser les énergies citoyennes

« Le festival Nourrir Liège a été lancé en 2017 par un collectif de quatre organisations  (Ceinture Aliment-Terre Liégeoise, Compagnie de Théatre Art&Tca, Centre Liégeois du Beau-Mur, Université de Liège) qui sont impliquées dans la transition alimentaire » nous explique Elisabeth Gruié, chargée de communication auprès de l’association (ASBL) Ceinture Aliment-Terre Liégeoise. L’évènement a pour objectif de « sensibiliser à une alimentation saine et locale auprès du plus grand nombre », poursuit-elle.

Les acteurs issus du monde associatif, culturel et académique à l’origine du festival se fondent tous sur la même question  : alors que l’énergie devient rare et chère et que la réalité de la crise environnementale et sociale ne peut plus être balayée d’un simple revers de la main, comment assurer la souveraineté alimentaire demain ? Aujourd’hui, 5 % seulement de toute la nourriture consommée par les Liégeois est produite dans la région (le chiffre est similaire pour la majorité les grandes villes d’Europe) : penser de manière locale la transition à venir est donc une urgence qui ne peut plus vraiment attendre.

À l’image des coopératives citoyennes qui ont vu le jour ces dernières années dans la région, comme par exemple les Compagnons de la terre ou Les petits producteurs, « une multitudes d’associations, de producteurs et les pouvoirs publiques sont déjà investis dans des projets de transition alimentaire à l’échelle de la province de Liège – ce festival  permet de catalyser les énergies de chacun en renforçant leur visibilité auprès du grand public et en permettant de consolider des initiatives au niveau local –  ou en quelques mots « à tous on peut tout », commente Elisabeth Gruié. L’originalité de l’évènement vient en effet de son caractère pluridisciplinaire et de la multitude des acteurs engagés, rappelant que la nourriture est une problématique qui nous concerne tous et qu’il s’agit d’entamer une réflexion transversale à son sujet. Il rapproche aussi, tout simplement, les producteurs des citoyens et des citoyennes.

Le monde paysan fait son retour en ville

Soumis, comme presque tous les autres secteurs, à la concurrence et à l’industrialisation, le secteur agricole a été profondément bouleversé depuis la fin de la seconde guerre mondiale. En Belgique, ces 30 dernières années, 63 % des fermes ont disparu Par ailleurs, avec l’avènement des supermarchés, plébiscités dans un premier temps par les consommateurs, la nourriture a été marquée par une standardisation à laquelle les producteurs paysans ont été forcés de se soumettre. C’est ainsi que l’on a vu peu à peu apparaître des produits indissociables les uns des autres, soigneusement rangés côte à côte dans les étalages. La conséquence, longtemps restée occultée ou du moins mal connue du grand public, a été une pression croissante sur les fermiers, obligés de vendre leur production toujours moins chère et selon des logiques de productivité. Dans les différentes filières agricoles, les coûts ont été progressivement externalisés, souvent à l’étranger, conduisant aux dérives sociales et environnementales désormais bien connues et documentées.

Cependant, les préoccupations environnementales revenant sur le devant de la scène, le paysage de la transition écologique et citoyenne a été marqué ces dernières années par un véritable engouement pour les questions alimentaires, car elles interrogent l’organisation de nos sociétés au cœur tout en étant l’une des problématiques centrales de la crise écologique et des inégalités sociales et environnementales. Professionnels du secteur agricole, scientifiques, citoyens et citoyennes se sont emparés de la question, souvent main dans la main. On observe ainsi l’émergence de projets agricoles innovants, fondés sur de nouvelles méthodes moins gourmandes en énergie (agro-écologie, permaculture) et l’apparition de nouveaux systèmes de distribution et de vente, que ce soient des AMAP ou des coopératives. Et dans cette transition, les choix individuels sont profondément indissociables de l’évolution structurelle de la société.

Rob Hopkins – À la discrétion de Nourrir Liège 2018

Nourrir Liège 2018 accompagne et met en lumière cette dynamique en mettant en scène, l’espace de quelques jours, les acteurs de la transition. Chaque citoyen peut participer en fonction de ses intérêts, les étudiants et les écoles sont aussi inclus avec possibilité de rejoindre des activités spécifiques. Les activités sont gratuites ou à prix libre pour la plupart.

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Le détail de Nourrir Liège 2018 peut être consulté sur le site internet de l’évènement ainsi que sur sa page Facebook. 


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