Conséquence directe de l’élection de Donald Trump et de ses idées régressives sur le climat et les énergies renouvelables, les États-Unis vont voir leur empreinte écologique s’alourdir en 2017 alors que des économies en développement comme la Chine suivent la tendance inverse. Début mars, la Chine publiait des chiffres positifs, témoignant du chemin pris par le pays vers la réduction de ses émissions en carbone. Une tendance qui devrait se confirmer pour l’année à venir, et permettre à la Chine de respecter au mieux les engagements pris aux Accords de Paris. Les États-Unis, quant à eux, se préparent à une grande relance des énergies fossiles.
Fin février, la Chine a déclaré que ses émissions de CO2 auront chuté de 1% en 2017 comparativement aux émissions constatées en 2016. Il s’agirait alors de la quatrième année consécutive où le pays rencontrerait des émissions constantes ou en diminution. Les prévisions de la National Energy Administration chinoise constituent des nouvelles encourageantes, qui témoignent de l’effort du pays dans le sens d’un ralentissement du changement climatique, au moins pour sa part. Mais au-delà de ça, la possible exemplarité (relative) de la Chine pourrait bien renverser les rôles jusqu’à présent établis sur la scène politique internationale. À l’heure même où les États-Unis de Trump semblent renoncer à la raison la plus élémentaire, la Chine pourrait s’imposer comme le nouveau leader en terme de politique environnementale. Inimaginable il y a à peine quelques années.
Le fait reste cependant à relativiser. Les deux pays ont en effet les émissions de carbone les plus importantes au monde. Cependant, il est souvent considéré que les États-Unis ont une part de responsabilité plus importante dans le réchauffement climatique en raison de la quantité de leurs émissions carbones sur une période historiquement longue tout en faisant jouir à leur population un niveau de vie extrêmement supérieur à la moyenne mondiale. Ramené à l’échelle de l’habitant, un chinois pollue deux fois moins qu’un américain. Mais la Chine, en dépit de ses efforts, est loin d’avoir patte blanche. La politique environnementale est souvent régie par les gouvernements locaux, qui, en raison d’une forte corruption, préfèrent favoriser les industries. C’est à l’échelle nationale que l’État géant semble marquer sa volonté d’entamer une transition, lente, mais réelle.
La Chine en bonne voie pour respecter ses engagements
Pendant que les USA font marche arrière, la Chine est en bonne voie pour respecter et même battre les objectifs qu’elle s’est fixée avant les accords de Paris sur le climat. Pour rappel, l’état chinois espère pouvoir produire 15% de son énergie à partir de sources d’énergie non-fossiles d’ici à 2020, tout en réduisant sa consommation énergétique de 40 à 45% par rapport à 2005 ce qui représente un challenge important. Parallèlement, les capacités éolienne et solaire de la Chine ont battu des records en 2016, augmentant respectivement de 34% et 74%, deux augmentations qui ont permis de répondre à la croissance de la demande d’électricité sans recourir à d’autres sources énergétiques.
Si la Chine n’a pas encore officiellement annoncé le moment où elle commencera à réduire sa consommation de charbon, le pays a promis d’atteindre ses émissions maximales de dioxyde de carbone en provenance du charbon d’ici 2030. La consommation énergétique totale de la Chine a augmenté de 1,4 pour cent en 2016, tandis que les émissions de CO2 sont demeurées stables, en partie grâce à une croissance de 12% du marché des énergies vertes. Après près de deux décennies d’augmentation constante, les émissions de CO2 de la Chine sont demeurées assez stables et même en recul depuis 2013, a indiqué Greenpeace. Un recul qui s’explique en partie par les préoccupations grandissantes concernant le changement climatique et la pollution atmosphérique extrême à laquelle font face les mégalopoles chinoises, et qui ont motivé un investissement conséquent dans les énergies renouvelables mais aussi, et ce n’est pas nécessairement pour plaire aux écologistes, dans le nucléaire.
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Trump, mauvais élève au service des industries fossiles
En parallèle de ces bonnes nouvelles venues d’Extrême-Orient, les États-Unis, sous la houlette de Donald Trump et d’un gouvernement très conservateur, s’engagent dans une régression sans précédent au niveau énergétique et environnemental. Profondément climato-sceptique, le Président américain n’a jamais caché sa volonté d’opérer d’importantes coupes budgétaires concernant la politique environnementale et l’endiguement du réchauffement climatique. Ayant promis le grand retour du charbon au centre de l’économie américaine pour convaincre des électeurs au chômage et désemparés, Trump pourrait replonger les États-Unis des décennies en arrière — et balayer d’un revers de main les lentes avancées en termes de climat des vingt dernières années.
Dans un rapport publié par Greenpeace, Li Shuo, conseiller politique global de Greenpeace a indiqué : « Comme la stratégie de Trump laisse tout le monde dans l’incertitude concernant son plan pour endiguer le changement climatique, la Chine est petit à petit poussée vers un rôle de leadership. La tendance nous laisse en tout cas espérer que le pic mondial des émissions pourrait bientôt être atteint, mais seulement si tous les grands émetteurs se libèrent des combustibles fossiles et réduisent leurs émissions. » Reste à voir ce que Trump réserve à l’avenir de sa politique, et de la planète…
Sources : Greenpeace.org / InsideClimateNews.org