Nouvelle inspirante. En Uruguay, l’ONG TAGMA, en partenariat avec l’architecte américain Michael Reynold, vient d’auto-construire une école unique au monde à partir de matériaux de récupération et de déchets. Objectifs : proposer un programme scolaire articulé autour des questions environnementales, former les habitants locaux à l’éco-construction et réfléchir à la réutilisation des détritus. L’Escuela Sustentable – école soutenable – première de ce genre en Amérique Latine, a ouvert ses portes début juin.

À Jaureguiberry, un village de 500 habitants situé à 80 kilomètres à l’est de la capitale du pays (Montevideo), une école rurale d’un genre nouveau vient ainsi de voir le jour. En effet, l’établissement scolaire se distingue des autres par l’importance accordée à l’écologie. Non seulement le programme scolaire proposé aux enfants insistera fortement sur les défis écologiques d’aujourd’hui et de demain, mais en plus l’école est construite de A à Z dans le respect de l’environnement avec la participation des locaux. Pour cause, les plans du bâtiment ont été dessinés par Michael Reynold, un architecte américain reconnu dans le domaine du Earthship. Ce dernier a fait de l’utilisation de matériaux de récupération sa marque de fabrique.

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Michael Reynold : une autre vision de l’architecture

L’architecte s’est distingué depuis de nombreuses années au travers de son approche de la discipline et de ses constructions écologiques. Sans cesse à la recherche de matériaux plus respectueux de l’environnement, il innove également en donnant une place importante à la nature dans ses réalisations. Cette vision critique de l’architecture traditionnelle date de ses études. Il développe alors l’idée selon laquelle « l’architecture, telle qu’elle est enseignée à l’université n’a aucune valeur. Elle ne prend en considération ni les humains, ni l’environnement ».

C’est par l’intermédiaire de solutions innovantes et à contre courant qu’il a acquis sa notoriété. En 1970 il lance un projet expérimental : 70 maisons écologiques sont construites à Taos, au Nouveau-Mexique. C’est à cette occasion qu’il teste l’efficacité des matériaux de récupération, les mêmes que ceux utilisés pour l’Escuela Sustentable. Le projet fondateur intitulé Earthship Biotecture est l’occasion de développer un nouveau type d’habitat, à la fois résilient et off-the-grid. L’indépendance vis-à-vis des infrastructures publiques et des énergies fossiles sont au centre du projet. Dans un documentaire disponible sur youtube, on trouve des explications précises sur le parcours de l’architecte et sa manière de repenser la discipline.

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Inévitablement, le projet d’école soutenable entre en résonance avec le parcours engagé de l’architecte et ce besoin d’éduquer la jeune génération à l’écologie. D’autant que ce n’est pas la première fois qu’il intervient en Amérique du Sud. Il a par le passé dessiné les plans d’une école de musique au Chili, ainsi que ceux de deux bâtiments en Argentine.

Une construction écologique et auto-suffisante pour inspirer les populations locales

Dès le départ, les populations locales ont été impliquées dans l’éco-projet. 40 volontaires ont participé au chantier, découvrant de nouvelles techniques de construction à partir de matériaux disponibles autour d’eux. D’ailleurs en raison de la spécificité et de la dimension écologique et sociale du projet, des avantages fiscaux ont été accordés.

De fait, le bâtiment est construit à hauteur de 70 pour cent à partir d’éléments recyclés ou issus de la récupération  : 2000 pneus, 50 000 bouteilles en verre, 8000 canettes en aluminium ainsi que 2000 m2 de carton ont pu trouver une seconde vie. Symbole de la dimension environnementale du projet, le chantier s’est fait avec le soutien de l’association uruguayenne, « Tire Dealers », qui propose de nouvelles méthodes pour réutiliser des pneus usagers. L’électricité du bâtiment est fournie par des panneaux solaires placés sur le toit et des éoliennes situées à proximité. De plus, des espaces ensoleillés ont été prévus pour mettre en place des cultures et ainsi alimenter partiellement la cantine en produits frais.

L’ONG TAGME ainsi que Michael Reynold espèrent que ce type d’initiatives puissent être reproduites dans d’autres régions du monde, en particulier dans lesquelles les populations souffrent du manque d’infrastructures publiques. Interrogé à propos de l’évolution actuelle de la société, l’américain déclare que les villes risquent un jour de se transformer « en des zones dangereuses et chaotiques qui ne peuvent subvenir à leurs propres besoins ». Selon lui, les centres urbains vont être peu à peu abandonnés au profit d’un retour à la nature. Cette vision parfois trop pessimiste de l’avenir ne l’empêche cependant pas d’accompagner les plus jeunes générations dans l’élaboration d’un futur soutenable.

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Sources : consoglobe.com / efe.com / elpais.com / globalrights.info / unaescuelasustentable.uy

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