À Lannion, dans les Côtes d’Armor, ce sont près de 5000 manifestants qui se sont réunis dimanche pour manifester contre un projet industriel d’extraction de sable. Très remontés, les manifestants en ont appelés aux ministres (Macron, Valls et Ségolène Royal en tête) pour mettre un terme à une entreprise qui aurait selon eux des conséquences désastreuses pour l’environnement, mais aussi pour la région et le littoral français.

La Compagnie Armoricaine de Navigation (CAN) en cause04guerre_sable

Dans la nuit de mardi à mercredi dernier, le navire sablier « Côtes de Bretagne » a procédé à sa première extraction de sable sur la baie de Lannion. Appartenant au groupe Roullier, « spécialiste de la nutrition végétale, animale et humaine », la Compagnie Armoricaine de Navigation a reçu l’autorisation des préfets du Finist§re et des Côtes d’Armor d’extraire 400 000 mètres cubes de sable par an. Pour ce faire, elle ancrera ses navires excavateurs aux abords d’une dune située au large des Côtes d’Armor. Valable pour les vingt prochaines années, l’autorisation représente une mise en péril durable de l’écosystème environnant ainsi que de la stabilité du littoral.

Avec un chiffre d’affaire de 3,1 milliards d’euros cumulés fin 2014, le groupe Roullier a tout de ces géants industriels contre lesquels il est difficile de s’interposer. Spécialisé dans la « fertilisation raisonnée », le groupe commercialise différents produits phytosanitaires principalement voués à renforcer les végétaux, à alimenter le bétail ou fertiliser les sols. C’est donc grâce au sable extrait que l’entreprise compte étendre sa production et son commerce de fertilisateurs. La CAN, quant à elle, est mandatée pour réaliser l’extraction, le transport et le déchargement de ces sables siliceux qui sont ensuite utilisés notamment dans l’agriculture ou la construction. 

03guerre_sableUn macareux, devenu symbole de résistance / Photographie : Martha de Jong-Lantink

Des associations prêtes à lutter pour protéger leur environnement

Alors que l’extraction vient de débuter, plusieurs associations ont déjà levé leurs boucliers contre la décision des préfets. Sur le site du « Peuple des Dunes de Batz à Bréhat », on trouve ainsi un relai des diverses informations diffusées autour du projet. Un compteur rappelle également le nombre de jours depuis lequel la destruction de la dune a débuté : bientôt une semaine. Si la CAN a annoncé le 13 septembre qu’elle interrompait l’extraction jusqu’à début novembre, date du prochain comité de suivi, et si Ségolène Royal a affirmé son soutien aux associations locales, la bataille continue pour ces dernières.

Au cœur de l’argumentaire des « peuples des dunes », la préoccupation écologique. En effet, ceux-ci redoutent, avec raison, la destruction d’une partie de l’écosystème qui entoure la dune et fait la richesse de la vie marine dans la région. Interrogée par Ouest-France, l’avocate des diverses associations et élus impliqués évoque la mise en danger de plusieurs espèces de poissons. Une mise en péril qui pourrait à son tour menacer la survie de certains animaux marins. La zone choisie par le groupe industriel, également, semble poser problème. En effet, celle-ci se trouverait entre deux zones protégées et classées Natura 2000. L’activité d’extraction réalisée à proximité de ces zones pourrait donc menacer directement la qualité de ces eaux.

02guerre_sablePhotographie : Benoit Tréhorel

La vie locale directement menacée

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Mais l’enjeu pour la région et la vie locale est aussi économique. En effet, les pêcheurs craignent que ce soit toute la vie maritime qui s’en trouve appauvrie. Certains membres d’associations affirment ainsi que les exploitations régulières des fonds marins causent leur désertification. D’autres professions, comme celle de conchyliculteur, pourraient également être menacées par les modifications environnementales causées par l’action de l’industriel, qui pourraient toucher au cœur un fragile équilibre. De manière générale, la « disparition du sable » est un phénomène désormais mondial qui inquiète les experts. Déjà en 2011, le documentaire réalisé par Denis Delestrac « Le sable : enquête sur une disparition » avait permis d’alerter l’opinion sur ce désastre annoncé. Rien qu’en France, ce sont 3 millions de tonnes de sable qui disparaissent chaque année…

À ces arguments, la firme et ses représentants opposent le raisonnement inverse. Cette extraction serait selon eux une des conditions au bon fonctionnement de l’agriculture bretonne (principalement industrielle) et donc de l’économie. Ils mettent également en avant l’utilité du sable coquillier extrait dans l’absence de recours aux engrais chimiques habituels.


Sources : Ouest-France.fr / Parismatch.com / LeTregor.fr

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