Le zéro déchet intéresse de manière accrue les citoyen.ne.s engagés et recueille également une attention grandissante de la part des médias. Pour cause, le zéro déchet n’est pas juste un style de vie ou une mode passagère, il traduit une volonté de s’investir dans une société plus sobre, à l’impact limité sur notre environnement. Aujourd’hui en pleine expansion, le zéro déchet connaît des trajectoires différentes, parfois galvaudé à des fins de marketing commercial, trop souvent réduit à une démarche strictement individuelle. Flore Berlingen, directrice de l’association ZeroWaste France, insiste sur les efforts qu’il reste à réaliser et défend la dimension collective du mouvement. Rencontre.

Flore Berlingen est directrice de l’association ZeroWaste France depuis 4 ans. En quelques années, elle a pu assister à l’important développement du mouvement, comme en témoignent la multiplication des magasins en vrac mais aussi les nombreux livres, articles et conférences consacrés à la cause. « La question des déchets n’est pas nouvelle » note Flore Berlingen, qui rappelle que l’association, nommée auparavant CNIID (Centre National d’information Indépendante sur les Déchets) existe depuis 20 ans déjà. Mais, jusqu’ici, le sujet restait en surface, sans déboucher sur des solutions.

L’Entre-Pot, Liège. Crédit photo : Mr Mondialisation

« La notoriété de la démarche a considérablement augmenté »

Ce n’est que récemment que le sujet a été pleinement reconnu comme une question de civilisation à part entière. « Les déchets c’était un peu la problématique qui ne faisait rêver personne, qui était vue comme un poids pour les collectivités qui en ont la charge » commente la directrice, qui constate qu’aujourd’hui, la situation a bien changé, puisqu’on s’intéresse aux déchets pour des « raisons environnementales, mais également pour des raisons économiques et sociales ». 

« La notoriété de la démarche a considérablement augmenté » et de nombreux citoyen.ne.s s’en sont emparés avec enthousiasme, mais sont-il réellement la source première du problème ? En apparence, les poubelles des ménages représentent peu de chose face à la quantité importante des déchets produits par l’économie productiviste prise de manière globale. Cependant, on ne peut pas dissocier ces déchets ménagers de la production industrielle de détritus : « à chaque fois qu’on évite un déchet à la maison, ce sont des kilos de déchets qui sont évités en amont dans le processus de production ». Flore Berlingen estime ainsi que ces deux aspects sont « étroitement liés » et que des efforts peuvent être réalisés à tous les niveaux.

L’Entre-Pot, Liège. Crédit photo : Mr Mondialisation

Les magasins de vente en vrac, une solution concrète

Au niveau individuel, le zéro déchet se traduit en grande partie par une chasse aux emballages, en se dirigeant par exemple vers de magasins de vente en vrac. Dans la très grande majorité des cas, les magasins zéro déchet se tournent vers des aliments écologiques, produits dans l’idéal de manière locale (à vérifier au cas par cas). Leur démarche ne se réduit pas au simple fait de vendre : ces magasins essayent de s’associer à des AMAP et jouent un rôle éducatif en organisant des soirées à thème autour de la fabrication de produits ménagers par exemple. Mais pour réduire ses déchets, il est également possible de faire des efforts dans d’autres secteurs, en refusant les publicités dans les boîtes aux lettres notamment, ou en s’associant avec ses voisins pour gérer des composteurs de manière collective par exemple.

À Liège, le magasin l’Entre-Pot auquel nous avions rendu visite l’année passée a pleinement bénéficié de cette nouvelle vague. « Nous avons désormais une clientèle très variée et progressivement les personnes viennent avec leur propres bocaux, si bien que l’esprit du zéro déchet est entièrement respecté » se félicite Marine, l’une des deux gérantes du magasin, selon qui l’un des principaux défis est de convaincre les producteurs de proposer des produits qui ne sont pas emballés. Reste que le succès est tel qu’avec son associée, Caroline, Marine ouvrira d’ici quelques mois une nouvelle enseigne en Belgique, à Namur.

Malgré le succès, un long chemin reste à parcourir

Néanmoins, malgré le gain d’intérêt réel pour le zéro Déchet, Flore Berlingen souhaite nuancer : « ce n’est pas gagné pour autant, le zéro déchet n’est pas rentré dans le quotidien de tous, loin de là ». En effet, nombreux sont ceux qui n’ont pas encore entendu parler du zéro déchet et le travail de sensibilisation a accomplir est encore important. C’est donc le moment de s’activer pour faire connaître le concept au plus grand nombre !

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Par ailleurs, insiste Flore Berlingen, « il serait réducteur de considérer le zéro déchet seulement comme une démarche individuelle et domestique ». Au contraire, le zéro déchet possède « une dimension politique et collective » et les citoyens ont un rôle à jouer en interpellant leurs élus. ZeroWaste France tente pour sa part de faire le lien entre les choix de consommation et de mode de vie individuels d’une part et les choix collectifs d’autre part. Les politiques publiques sont « indispensables » pour modifier structurellement la société : c’est dans ce contexte que l’association intervient auprès des collectivités et des différents acteurs publics et privés en essayant de faire évoluer les normes en vigueur et de faire respecter la loi applicable. Car à l’image d’autres problématiques environnementales, les changement dans les comportements individuels doivent être accompagnés de mesures politiques.

L’Entre-Pot, Liège. Crédit photo : Mr Mondialisation

Sources : propos recueillis par l’équipe de Mr Mondialisation / www.zerowastefrance.org

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