Depuis les années 1970, comme dans d’autres régions du monde, le Burkina Faso subit une désertification grandissante. Face à cet enjeu climatique d’envergure, un homme, Yacouba Sawadogo, a décidé de prendre les choses en main. En l’espace de quelques années, Yacouba a réussi pratiquement seul l’exploit de recréer une forêt en plein désert. Au cœur de son travail acharné, on trouve une technique bien précise de régénération naturelle assistée (RNA) : le Zaï.
Reverdir le désert, c’est possible !
En Afrique de l’Ouest, au Burkina Faso, un homme s’est donné pour mission d’endiguer l’avancée du désert et la sécheresse mortelle pour les récoltes. Alors que le pays est sujet à la désertification depuis plusieurs décennies, Yacouba Sawadogo, a décidé de tout abandonner du jour au lendemain et de se consacrer entièrement à la revégétalisation de sa région. Aujourd’hui âgé de 77 ans, l’homme n’a pas hésité à abandonner son commerce de pièces détachées pour aller travailler la terre sur 40 hectares de glacis du village de Gourga, au Nord du Burkina Faso. C’était il y a une quarantaine d’années, alors que les scientifiques annonçaient l’inéluctable aridité de la région.
Après deux première années à fouler la terre de son village à pied ou à cheval et à l’étudier, Yacouba Sawadogo a pu déterminer quelle technique pourrait venir à bout de l’hostilité du sol. Utilisant une technique de régénération naturelle assistée, inspirée de l’agroforesterie, l’homme va mettre en chantier un travail titanesque afin de reverdir le désert. À l’époque, les gens le pensaient fou. Cela ne l’arrêtera pas…
Le Zaï
Pour cela, Yacouba Sawadogo a décidé d’utiliser la technique du Zaï. Il va donc creuser des trous — ou micro-bassins, sur toute la surface du champs, et déposer du compost dedans. Effectuée à la saison sèche, cette première étape permet d’attirer les termites, naturellement présentes dans cet environnement, et qui vont ensuite s’occuper de creuser des tunnels sur toute la surface. Ces tunnels, ou galeries, permettront par la suite une meilleure rétention de l’eau lors de la saison des pluies. Il ne reste plus qu’à semer.
En plus de cette utilisation judicieuse du compost et des termites, Yakouba Sawadogo met en place des cordons pierreux (blocs de moellons ou de pierres disposées en ligne), qui permettent d’éviter le ruissellement de l’eau. Ainsi, l’érosion des sols est ralentie, et l’humidité conservée durant les périodes de sécheresse. En plus de cela, le sol est au fur et à mesure enrichi en minéraux. Très vite, vu l’efficacité de la technique, de nombreuses personnes vont rejoindre l’aventure. Aujourd’hui, non seulement la terre mais aussi les eaux souterraines ont été régénérées.
Une forêt dans le désert
Après plus d’une trentaine d’années consacrées à reverdir la région et à redonner vie à des sols dont l’aridité était jugée inexorable, c’est aujourd’hui de nombreuses plantes qui ont pris vie sur 25 hectares. Alors que le travail et l’acharnement de Yacouba suscitent l’admiration, celle-ci est d’autant plus justifiée que c’est désormais tout l’écosystème local qui amorce une seconde vie. La soixantaine d’arbres et de plantes médicinales attirent oiseaux, rongeurs, reptiles. Sans parler des agriculteurs locaux, qui renoncent peu à peu à l’exode !
Auparavant jugé comme fou, la persévérance et la sagesse de Yacouba Sawadogo sont aujourd’hui reconnus jusqu’aux organisations internationales. À l’heure ou la désertification frappe en plusieurs lieux du monde, ceux-ci ont tout intérêt à s’inspirer des techniques utilisées par cet homme simple, mais déterminé. Plusieurs documentaires et films lui ont d’ailleurs été consacrés, dont « The Man Who Stopped the Desert », sorti en 2010.
Sources : RFI.fr / Jardincomestible.fr / NouvelObs.com