Avec Terre de liens et les Cigales, les énergies citoyennes soutiennent le changement. Chacune de ces deux structures permet aux habitants de soutenir la transition écologique en aidant financièrement des porteurs de projets sociaux et environnementaux. Alors que Terre de Liens se bat contre l’accaparement des terres agricoles et vient en aide aux (nouveaux) agriculteurs, les clubs Cigales, répartis dans toute la France, soutiennent des projets d’entreprise locaux.

Les acteurs du changement se heurtent souvent à des contraintes financières, qui les freinent dans leur volonté de débuter des projets à caractère social et écologique, en rupture avec le modèle économique dominant. Il existe cependant des structures qui peuvent leur venir en aide. Terre de Liens et les Cigales en font partie : toutes deux ont la particularité de soutenir les acteurs du changement grâce à un financement citoyen. Les habitants peuvent ainsi participer à la transition au niveau local, tout en choisissant de manière ciblée la façon dont il veulent investir leur argent.


Les Cigales, « Club d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Épargne Solidaire »

« Issu de l’Économie Sociale et Solidaire, dans les années 80, le mouvement des CIGALES s’est construit sur le constat qu’il est possible à de simples citoyens d’accompagner celles et ceux qui se lancent dans la grande aventure de la création ou du développement d’une entreprise ». Les 251 clubs cigales actifs en France et leurs 3133 Cigalier.e.s. forment un réseau de soutien local aux entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire.

Au premier coup d’oeil, les clubs Cigales pourraient être comparés aux plateformes en ligne de Crowdfunding. Mais, il existe bel et bien des différences, nous explique Marie-José Cailleux, bénévole et gérante d’un club cigales à Audruicq, dans le Pas-de-Calais, et co-responsable de l’animation du réseau cigales sur un territoire qui comprend les Flandres et le Littoral du Nord. Dans les deux cas, de « l’argent de citoyens [est mis] au service du développement économique ». Cependant, en ce qui concerne Les Cigales, « [l’]action est locale et les investisseurs et les porteurs de projet se connaissent et se côtoient ». « Le club cigales est une indivision volontaire et c’est collectivement que la décision est prise (une personne, une voix) [de soutenir un projet] ». Le statut juridique de l’indivision volontaire, distinct de celui de l’association, permet d’épargner individuellement sur un compte commun, et d’investir cet argent collectivement. Les membres des clubs sont actifs : outre l’apport financier, ils décident en commun et après discussion de venir en aide à des projets qui leurs semblent porteurs de sens pour le territoire.

Les membres des Cigales s’engagent à épargner de manière mensuelle. En moyenne, dans les Hauts-De-France, chaque « cigalier.e. » verse 30 euros par mois sur le compte commun de leur club local. Dans la Région, l’engagement des citoyens à permis la création de projets aussi divers qu’une épicerie solidaire, un magasin de retouche de vêtements ou encore un restaurant éco-responsable. Les porteurs de projets, qui doivent être en accord avec la charte éthique des cigales, qui octroie une place importante à la culture, à l’écologie et au social, se voient allouer 3000 euros en moyenne. « Bien entendu cela ne représente souvent qu’une petite part des besoins du porteur de projet, mais cette somme permet de faire levier pour les prêts bancaires puisqu’elle entre dans les fonds propres » précise Marie-José Cailleux. Au bout de quelques années, les « cigaliers » récupèrent tout ou partie de leur argent qu’ils peuvent à nouveau investir : « L’argent reste 5 ans dans l’entreprise. A l’issue de ces 5 ans, le porteur de projet rachète les parts du club ». L’investissement comporte donc une part de risque, selon la réussite des projets soutenus. Mais est-ce bien le plus important ? Une chose est certaine, ces citoyen.ne.s participent activement aux changements de leur territoire.

crédit photo : Terre de liens

Terre de Liens

« Enrayer la disparition des terres et faciliter l’accès au foncier agricole pour de nouvelles installations paysannes »

Terre de lien soutien les agriculteurs dans l’acquisition de terres, tout en luttant contre la spéculation foncière. L’association « se positionne, parmi d’autres, comme un acteur du changement et de la transition vers un mode de société plus sobre, solidaire et équitable ». En protégeant les terres,  « nous soutenons une agriculture écologique, à taille humaine, diversifiée, viable, vivable, socialement responsable, participant à l’économie locale et prioritairement destinée à l’alimentation humaine » nous indique Stéphanie Petitcunot, animatrice régionale de l’association Terre de Liens dans les Hauts de France, avant d’ajouter : « le mouvement Terre de Liens est guidé par des idéaux d’humanisme et de solidarité ». Ainsi, « nous avons la volonté d’expérimenter des solutions alternatives et viables de gestion de la terre ». à l’épargne citoyenne, Terre de Liens a acquis, depuis 2008, 122 fermes. 172 fermiers y sont installés, 163 personnes y vivent : « ça représente 320 emplois avec les salariés et les saisonniers en plus ». De cette manière, il est permis de résister au modèle agricole dominant et de faire émerger des alternatives.

Terre de Liens dispose d’une partie associative et deux outils de finance solidaire : « nos deux outils de finance solidaire […] sont la Fondation et la Foncière Terre de Liens, qui collectent pour la première du don et pour la seconde de l’épargne solidaire afin d’acquérir des terres agricoles et des fermes », explique Stéphanie Petitcunot. « Concrètement, les épargnants-solidaires prennent « des actions » (c’est le terme juridique mais attention, rien à voir avec la bourse !) d’une valeur de 103,5 euros l’action ». La foncière Terre de Liens fait parti des meilleurs investissements solidaires en France puisqu’il a reçu le Grand prix le Monde Finansol. « Attention tout de même, souligne notre interlocutrice, il s’agit bien d’un placement, nous ne sommes pas une banque et ne proposons pas de produits bancaires, contrairement à notre partenaire NEF), cogérante de la Foncière Terre de Liens ». À ce jour, Terre de liens compte 12000 épargnants.

- Pour une information libre ! -Soutenir Mr Japanization sur Tipeee

Grâce à la finance solidaire, Terre de Liens et les Cigales permettent de renouer un lien entre les habitants locaux et les acteurs du changement. Main dans la main, ils construisent la transition des territoires en réunissant les forces citoyennes.


Sources : cigales.asso.fr / terredeliens.org / Propos recueillis par l’équipe de Mr Mondialisation

- Cet article gratuit et indépendant existe grâce à vous -
Donation