La « crise » économique mondiale en cours depuis 2008 a pour origine la crise immobilière due à l’insolvabilité des bénéficiaires particuliers de prêts hypothécaires à risque (subprime) aux États-Unis. Pour répondre à cette précarisation, Rural Studio a créé un modèle de maison à la fois économe en énergie et à coût bas en vue de rendre possible l’accès à la propriété des plus démunis… dont le nombre a augmenté en flèche dans le pays.
En 1993, les architectes américains Dennis K. Ruth et Samuel Mockbee fondaient Rural Studio, un programme architectural hors-cursus, pratiquement militant, lié à l’Université d’Auburn en Alabama. Objectif : « démystifier l’architecture moderne et exposer les étudiants en architecture à l’extrême pauvreté dans leur propre voisinage » et offrir à ceux-ci une expérience éducative concrète, de terrain, de mise en pratique. C’est en 2005 que cette initiative va donner lieu au « 20K Project » : une initiative visant à la conception de petites maisons à un prix abordable destiné aux personnes les plus démunies, frappées par la crise. La visée était d’emblée de concevoir un modèle de maison, alternatif au mobile-home et reproductible à large échelle. La « crise », survenue deux ans plus tard, et qui a jeté à la rue des dizaines de milliers de familles, va renforcer l’évidence de nécessaires alternatives au logement, auquel Rural Studio semble constituer une réponse possible.
Une conception militante de l’architecture
Le programme revendique un objectif engagé : défendre la justice sociale à travers l’architecture et, pour ce faire, des étudiants ont imaginé et créé des logements durables à bas coût destinés aux plus des zones rurales. Après une décennie d’essais, Rural Studio ambitionne de porter ses modèles à la production de masse. Leur aventure a débuté par deux premières maisons dans la commune de Serenbe, dans les environ de Chattahoochee Hills (dans l’État voisin de Géorgie). Un petit village de quelques centaines d’habitants caractérisé par son approche de type « nouvel urbanisme ».
Ces maisons sont modestes, mais fournissent une indépendance précieuse pour des individus et des familles de faibles revenus. Chaque structure est formée d’une chambre assortie d’une salle de bain et d’une superficie d’environ 45m², ce qui les place dans la catégorie des tiny-houses fixes. Avec un revêtement de tôle ondulée et de bois, ces constructions sont surélevées sur pilotis et conçues avec un système de climatisation (chauffage, refroidissement) passif, afin d’en garantir le coût bas à l’utilisation.
Une maison de ce type coûte aujourd’hui $20 000 (d’où le nom du projet « 20K »), soit un peu plus de 18 000 euros : $12 000 pour le matériel, $8000 pour la main d’œuvre. Un prix qui rend la propriété accessible à des personnes vivant de l’aide sociale et n’offrant donc pas les garanties pour l’obtention d’un crédit. Une vingtaine de versions ou designs différent(e)s de ces habitats existent déjà pour un prix similaire.
Aujourd’hui, Rural Studio a établi un partenariat mutuellement bénéfique avec le village de Serenbe, dont le territoire offre l’opportunité aux étudiants de mettre en application le projet « 20K » dans le monde réel. Les jeunes se voient ainsi offrir une chance de travailler au cœur d’un projet positif et engagé sur le terrain, et peut-être, de nourrir de nouvelles ambitions en ce sens. La ville de Serenbe, en retour, bénéficie de la présence d’une Art Farm, complexe expérimental collectif de quelque 16 hectares destiné à l’art et à la culture, qui dispose de deux studios de travail et d’un hébergement pour les artistes en résidence. Un projet positif et infiniment nécessaire dans une Amérique dont certaines régions sont durement touchées par la pauvreté.
D’autres modèles type 20K testés
Sources : Rural Studio, Samuel Mockbee, municipalité de Serenbe, Wikipedia. Photograhies à la discrétion de Rur