En choisissant le modèle coopératif, la jeune entreprise de téléphonie belge « Neibo », dont les services seront accessibles à partir de juin 2019, entend démontrer qu’un autre modèle d’entreprise est possible en matière de communication. L’équipe de lancement veut impliquer les coopérateurs dans la gestion des services pour véritablement répondre à leurs besoins et souhaite réinvestir les bénéfices engendrés dans l’économie sociale et solidaire, nous explique Quentin Verstappen, l’un des membres fondateurs. Découverte.
En matière d’entreprenariat social et solidaire, Quentin Verstappen n’en est pas à son coup d’essai. À Bruxelles, il a impulsé la création de magasins de vente d’alimentation bio axés sur le vrac, ainsi qu’une brasserie de bière artisanale. Depuis quelques mois, le jeune homme âgé de 30 ans s’est lancé avec quatre autres personnes dans la création de la première coopérative de téléphonie mobile en Belgique. Il entend ainsi profiter de l’ouverture à la concurrence du secteur des télé-communications pour étendre le modèle coopératif, déjà bien ancré dans le milieu de la production et de la vente d’aliments, à un nouveau domaine.
« Les forfaits ne seront pas plus cher que ce qui existe actuellement sur le marché »
Pour convaincre, Quentin Verstappen promet des « services de téléphonie équivalents aux autres opérateurs présents aujourd’hui en Belgique », avec les mêmes tarifs que ceux pratiqués sur le territoire. C’est par l’intermédiaire des antennes déployées par Proximus, Orange, et Telenet que les nouveaux services seront proposés. Mais sur le marché, « Neibo » entend se distinguer particulièrement par son modèle transversal et éthique. Le choix de l’éthique ne coûtera donc pas plus cher pour le consommateur averti.
Côté financier, « Neibo » bénéficie d’une subvention à hauteur de 75.000 euros de la région Bruxelles-Capitale grâce à l’appel à projets “Économie Sociale 2017”. Les premiers coopérateurs sont d’ores et déjà au nombre de 350 et ont permis de lever 35.000 euros. Pour se lancer dans de bonnes conditions et continuer la recherche technique devant permettre d’activer les services d’ici un an, l’équipe espère cependant que les parts achetées par les coopérateurs (fixées à hauteur de 20 euros chacune) atteignent une valeur totale de 150.000 euros. À noter que les services seront accessibles à tous, coopérateurs ou non.
L’engagement des coopérateurs au cœur de l’entreprise
Au centre du projet se trouvent les aspects éthiques liés à la gestion de l’entreprise elle-même. Les maîtres-mots de Quentin Verstappen sont d’ailleurs l’autogestion, l’écologie et la démocratie. Il insiste sur la « finalité différente » de « Neibo » par rapport aux entreprises de téléphonie classiques. C’est tout l’enjeu d’une coopérative. Le profit passe au second plan et sert surtout à offrir un salaire juste aux collaborateurs. Mais peut-on, comme il l’appelle de ses vœux, se tourner vers « une économie qui réponde à des besoins avant de se fixer comme objectif la recherche de profit » ?
« Neibo » essayera de répondre par la positive. D’une part, « les coopérateurs participent aux décisions stratégiques afin que la structure évolue » : ils sont donc acteurs à part entière et décident des évolutions de la structure. Ces décisions, prises en assemblée, se font d’après le système une personne=une voix. Ici, pas de gros détenteurs de capital pour dicter des réformes managériales agressives. D’autre part, précise le trentenaire, les bénéfices seront réinvestis dans la qualité du service, dans l’économie locale et dans des projets en lien avec l’environnement. L’ambition ? « Détourner les flux pour soutenir des projets vertueux ».
Comme d’autres coopératives avant elle, « Neibo » tentera dans les prochains mois de montrer qu’il est possible de donner un sens à l’entreprenariat dans une logique de solidarité, qu’il est possible de bâtir un autre modèle de société. Et si l’idée est de « mobiliser les citoyens sur un projet commun », Quentin Verstappen et l’équipe qui l’entoure entend également apporter plus de visibilité au modèle coopératif, qui a déjà fait ses preuves dans le secteur agricole, mais moins répandu jusqu’à présent dans les autres domaines d’activité économique. On leur souhaite bonne chance pour trouver leur public.
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