Nous y sommes accoutumés, il y a souvent un monde de différence entre ce que certains grands médias peuvent afficher d’un mouvement et sa véritable identité. #NuitDebout n’y échappera pas alors que, déjà, TF1, France2, BFMTV et d’autres parlent d’un mouvement jeune, assez naïf, désorganisé, un peu puéril, donc (lisez entre les lignes) : forcément bon à rien. Les photographies qui suivent, en retranscrivant l’intimité de terrain de ces derniers jours, détruisent ce mythe médiatique.
Si vous avez entendu parler du mouvement #NuitDebout uniquement dans les médias mainstream, vous vous imaginez probablement une bande d’étudiants énervés qui n’ont rien de mieux à faire que râler contre une Loi Travail pourtant bien nécessaire pour relancer la Croissance… Le discours est caricatural, c’est pourtant une triste image que beaucoup gardent, bien loin de la réalité du terrain.
Car depuis quelques jours, dans de nombreuses villes d’Europe, des milliers d’utopistes réalistes se regroupent, pensent tout haut, risquent, échangent, occupent, chantent et débattent. Et dans ces foules si calmes mais tant déterminées, faisant inévitablement penser aux indignés espagnols de 2011, aucune caricature ne semble en mesure de définir ceux qui y participent.
Stéphane Burlot / Studio Hans Lucas
Pour changer son regard
Stéphane Burlot, un photographe travaillant pour le Studio Hans Lucas, a passé toute la semaine place de la République à Paris, là où a émergé spontanément le mouvement #NuitDebout. Mêlé aux militants de tous les bords, il a mitraillé de son objectif ces instants précieux restituant un regard à la fois intimiste et réaliste sur l’atmosphère qui y régnait.
Si rien n’est parfait, les clichés du jeune photographe ne mentent pas. Du sexagénaire indigné à l’étudiant du 16eme, de l’immigré exclus jusqu’au trentenaire chômeur ou salarié engagé, les images témoignent de l’incroyable diversité qui animait le mouvement spontané. Une diversité qui aura éliminé naturellement les tentatives de noyautage; mais une diversité peu vendeuse pour ceux qui n’ont de cesse de diviser la population en définissant ces rassemblements en des termes péjoratifs, se jouant de nos réactions primaires et tendances à catégoriser les choses dans des petites cases.
Stéphane Burlot / Studio Hans Lucas
Et si cette effective diversité, autant quant à l’âge qu’aux origines sociales ou ethniques, pouvait représenter une véritable opportunité de transformer ces Nuits en mouvement de long terme ? Et si le véritable enjeu, c’était que chaque français comprenne enfin que l’ensemble des couches de la société partagent les mêmes frustrations sociales, économiques et écologiques ? Qu’est-ce qui nous retiendrait de réinventer la société ensemble, si nous sommes tous unis ?
Si vous n’avez pas eu l’opportunité de rejoindre certains de ces lieux pour juger par vous mêmes (NB : la carte des rassemblements), on vous invite à découvrir une sélection des photographies signées Stéphane Burlot, partagée librement à nos lecteurs. Un régal pour les yeux et le cœur. NB : Toutes les photographies furent prises du 5 au 7 avril 2016 et ne représentent que les dates concernées. Le rassemblement n’étant pas organisé, la situation sur place évolue chaque jour très rapidement, avec toujours le risque d’une dislocation.