Bien que des reportages, spécialistes et scientifiques informent depuis plus de 50 ans sur les risques induits des pesticides, que ce soit sur la santé ou dans l’environnement, le changement est particulièrement lent sur le terrain. Malgré tout, de nombreuses personnes continuent à se battre pour que ces risques soient limités, comme Guillaume Bodin qui entame une tournée au cinéma avec son documentaire « Insecticide Mon Amour » afin d’informer sur le terrain des pratiques de l’agro-industrie.

« Les produits chimiques sont un problème important qui, de plus en plus souvent, sont ajoutés à notre alimentation. Tout le monde en parle mais il est difficile d’y voir clair ! Pour certains, notre nourriture quotidienne est à ce point trafiquée que nous nous empoisonnons lentement tous les jours. Les industriels de l’alimentation protestent et affirment qu’il n’en est rien et que leurs produits sont sans dangers. Qui faut-il croire ?

Autrefois, lorsque nous achetions un bifteck, des légumes ou des fruits, nous n’avions à nous préoccuper que de leur état de fraîcheur, de leur apparence de qualité ou de leur valeur nutritive. Aujourd’hui, même aux marchands des quatre saisons, nous sommes tentés de demander si ses pommes ne sont pas saupoudrées d’insecticides, si ses légumes ne contiennent pas de conservateurs chimiques. Nous nous méfions même d’éléments aussi essentiels et aussi simples que la viande, les œufs, le pain ou le vin. Sont ils vraiment devenus dangereux à consommer parce qu’ils contiennent trop de produits chimiques toxiques ? »

Non, ceci n’est pas une récente intervention d’un quelconque écologiste. Cette citation est en réalité tirée d’un documentaire datant de 1964. Les mots résonnent dans notre esprit comme si rien n’avait été fait depuis 50 ans. Avons-nous avancé depuis ? Certainement, par exemple le DDT utilisé à outrance après la Deuxième Guerre mondiale fut interdit dans la majorité des pays européens à partir des années 70 car ses effets sur la santé et sur l’environnement se sont avérés catastrophiques. À tel point que les publicités faisant sa promotion desservent encore aujourd’hui cet insecticide ayant eu une très mauvaise presse !

Vidéo DDT « Pestroy » – Extrait de Insecticide Mon Amour

Malgré tout, le combat continue et de nouveaux produits voient le jour comme les néonicotinoïdes qui sont considérés par la recherche publique française comme 5000 à 10000 fois plus toxique que le DDT. Les interdictions d’utilisations sont clairement bafouées par les lobbies ayant les pieds dans toutes les instances européennes et la loi du marché reste le fer de lance de ces organisations internationales. (lien associé)

Guillaume Bodin, jeune réalisateur et ouvrier viticole, nous offre la possibilité de découvrir cet univers à même le terrain au travers d’un documentaire « Insecticide Mon Amour ». Celui-ci vient étayer le discours des vignerons ayant refusé de traiter aux insecticides en Bourgogne malgré l’obligation par arrêté préfectoral d’apposer entre un et trois insecticides sur leur vignoble alors même que la maladie en question n’était pas avérée à moins de 20 kilomètres de leurs parcelles de vignes.

Le « viti-activiste » organise une tournée au cinéma en France à partir du mois d’octobre afin d’animer de nombreux débats et répondre à toutes les interrogations pour aider à la compréhension du système agricole actuel. Pour en savoir plus sur le film, rendez-vous sur le Insecticide Mon Amour (laclefdesterroirs.com). Une tournée qui devrait continuer début 2016 en Belgique et en Suisse qui partagent les mêmes inquiétudes.

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Vidéo Insecticide mon amour – Bande-annonce

Une enquête de plus de deux ans

Insecticide Mon Amour se base sur plusieurs recherches scientifiques comme celles de Jean-Marc Bonmatin, chercheur au CNRS d’Orléans, ayant déjà prouvé la toxicité du Gaucho. Il s’est également attaqué depuis plusieurs années à la question des néonicotinoïdes et leur toxicité dans l’environnement.

Pour avancer son propos, le reportage se base également la dernière étude en date de l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) concernant les pesticides. L’institut a, en effet, prouvé en 2013, dans un dossier de plus de 1000 pages, le lien entre une exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l’adulte : la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et certains cancers hématopoïétiques (lymphome non Hodgkinien, myèlomes multiples). L’étude soulignait également un risque pour le développement des enfants exposés aux pesticides, tout particulièrement durant la période prénatale / périnatale et pendant la petite enfance.

Dans son reportage, Guillaume Bodin prend également en compte la réalité du terrain par rapport au problème bien réel de la flavescence dorée, souvent comparée, à tort, au dévastateur phylloxéra. De nombreux viticulteurs arriveraient à lutter contre cette maladie par des mesures préventives simples consistant à s’assurer de la provenance de leurs greffes de vignes, l’élimination rapide de tout cep suspect présentant les symptômes de la maladie et en dernier recours l’emploi d’insecticides de préférences certifiés en agriculture biologique (comme le pyrèthre) afin de détruire la cicadelle vectrice de la flavescence dorée.

Guillaume Bodin, à tout juste 28 ans, signe un reportage brillant, concret et de terrain. Vous pouvez participer à la sortie cinéma du film et soutenir le jeune homme notamment en réservant le futur DVD : Insecticide Mon Amour

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