Des algues brunes à l’odeur insupportable échouées sur la plage, c’est ce qu’il est possible d’observer en ce moment sur les côtes des Caraïbes. En cause, la pollution tellurique et le réchauffement du climat qui favoriseraient le développement de ces végétaux marins…
Il est parfois bien difficile de mettre un visage sur les conséquences de la pollution d’origine humaine tellement elles sont nombreuses, délocalisées et particulières. En voici une qu’on aura bien du mal à camoufler car elle frappe de plein fouet le secteur du tourisme. Certaines plages des Caraïbes sont envahies par des vagues d’algues marines brunes qui viennent s’échouer au grès des vagues. Une scène qui semble se répéter de plus en plus souvent et qui vient briser l’image idyllique d’une région adorée des touristes pour ses paysages de cartes postales.
Image : Barbados Today (source)
Attention les yeux, ça pique !
Les algues incriminées forment un large tapis brunâtre qui, au contact de l’air et de la chaleur, entre en décomposition. L’odeur qui s’en dégage est tout juste supportable. Un concentré d’hydrogène sulfuré (H2S), équivalent à l’odeur d’œuf pourri, qui fera fuir les visiteurs les plus téméraires. Mais au-delà de l’inconvénient touristique – donc économique -, le phénomène pose des questions de santé publique. En dehors du risque de noyade à l’approche de ces vagues d’algues, l’exposition à l’hydrogène sulfuré provoque irritation des yeux, des oreilles et des voies respiratoires ainsi que des nausées. De quoi gâcher le rêve de quelques vacanciers.
S’accumulant inlassablement en certains endroits, ces algues forment des tas qui peuvent atteindre jusqu’à 3 mètres de haut, camouflant entièrement le sable fin. Deux variétés de sargasses (fluitans et natans) sont pointées du doigt. Depuis près de quatre ans, les autorités observent ces végétaux prendre possession de l’ensemble de l’arc Caraïbe. Cette année, de nombreux États sont touchés, de la Guyane aux Antilles jusqu’aux côtes mexicaines. Si de nombreux rivages sont atteints par cette invasion d’algues, les échouages sont localisés et certaines plages sont parfaitement épargnées.
Pour tenter de résoudre le problème, les divers pays touchés lancent de grandes opérations, très couteuses, de nettoyage des plages à l’approche de la haute saison touristique. La République de Trinité-et-Tobago a été jusqu’à décréter l’état de « catastrophe naturelle » face à l’ampleur du phénomène. À savoir que la région est l’une des plus dépendantes du tourisme au monde. Un coût écologique visiblement issu de l’activité humaine reporté sur les collectivités et l’économie dans son ensemble.
Image : http://pek.blogs.com/
En cause, l’activité humaine
Selon un rapport de l’Observatoire Milieu Marin Martiniquais et une note de l’unité biodiversité du DEAL Guadeloupe (direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Guadeloupe), l’activité humaine serait directement responsable de ce phénomène. Les observateurs suggèrent que la pollution tellurique, en contaminant les océans, offrirait un milieu propice au développement aberrant de ces algues. En effet, en raison des l’activités industrielles (dont principalement l’agriculture et l’élevage) les eaux se voient chargées de nitrates et de phosphates. Les fleuves charrient cette pollution jusqu’à l’océan où les algues peuvent s’en nourrir. Par ailleurs, le changement climatique influencerait les courants marins, facilitant le déplacement de ces algues dans l’Atlantique et leur échouage sur les côtes.
Une problématique supplémentaire qui vient s’ajouter à la longue liste des conséquences des activités humaines qui ne répondent pas à une logique de durabilité.
Image : Romel Home / Barbados Photographic Society
Source : ifrecor.com / lemonde.fr