Scandale des œufs Matines : L214 exige l’interdiction de l’élevage des poules en cage

Source : L214

Dans quelques jours, le projet de loi portant sur l’interdiction des cages pour les poules pondeuses passera à l’Assemblée nationale ! L’association L214 a de ce fait rendu publiques ce lundi matin des images choquantes d’un site d’élevage industriel français (Matines), dénonçant la souffrance des poules pondeuses et le mépris des conditions de vie de ces animaux.

Des conditions de vie déplorables

L214 se sert de l’élevage Matines comme témoin des mêmes conditions dans des centaines d’autres élevages français. Les images capturées lors d’une intervention de l’association, en pleine nuit, montrent des dizaines de milliers de poules entassées dans des centaines de cages empilées et alignées, le tout enfermé dans un bâtiment industriel sans aucune lumière du jour. Situation déjà étudiée et connue, on comprend que la promiscuité favorise les comportements d’agression et de piquage entre les poules. Après seulement quelques mois dans les cages, l’état de santé des poules est dégradé, certaines sont fortement déplumées, d’autres agonisent, piétinées par leurs congénères. De nombreuses sont mortes dans les cages. “La puanteur est insupportable” exprime un membre de l’équipe.

Une publicité Matines…

Le label “œuf de France” visé

Est-ce que le label “œuf de France” est un gage de qualité ? Pas forcément si on en croit ces images. On est, à vrai dire, très loin de l’image de la poule qui gambade dans les prés, comme aiment à nous le faire croire les publicités pour mieux nous endormir. En France, sur 48,6 millions de poules pondeuses, 69 % (soit 33,6 millions) sont détenues dans des cages pendant un an, avant d’être jugées inutiles et envoyées à l’abattoir. En Europe, la moyenne est à 58 %. Cependant, face à la mobilisation des consommateurs et l’évolution des mœurs et des lois sur la considération des conditions de vie des animaux d’élevage, de plus en plus de pays tendent à interdire l’élevage en cage dans un futur plus ou moins proche. On notera pour cela l’engagement de l’Autriche pour 2020 et de l’Allemagne en 2025. À contrario, la Suisse, a déjà interdit l’élevage en cage depuis les années ‘90 !

Et la France, dans tout ça ? En retard, comme bien souvent lorsqu’il s’agit de bien-être animal dans l’agriculture alimentaire et les élevages. Et pourtant, le mythe d’une agriculture française pastorale aux allures sympathiques règne toujours dans les esprits. Il faut dire que le Salon de l’Agriculture n’aide pas à outrepasser les apparences. Ainsi, L214 prend comme exemple l’édition du 16 août 2017 du Canard enchaîné, qui révélait que sur l’année 2016, seulement 677 œufs – sur environ 14 milliards – avaient été contrôlés par les autorités compétentes.

Un cadavre laissé à proximité des cages. Source : L214

L214 et des consommateurs demandent aux élus d’interdire l’élevage en cage

Selon les sondages (sondage YouGov 2018), 90% des Français sont aujourd’hui en faveur de l’interdiction de l’élevage en cage, comme la plupart sont contre la violence sur les animaux (en dépit du fait que ces mêmes produits restent largement consommés). Dans cette optique, plusieurs organisations de défense des animaux et des collectifs universitaires, artistiques et quelques personnalités ont demandé directement au président de la République Emmanuel Macron – qui avait fait de l’interdiction de l’élevage en cage une de ses promesses de campagne électorale – que l’arrêt des élevages intensifs des poules pondeuses en batterie soit inscrit dans la loi. Cette même loi sera présentée au Parlement le 22 mai prochain.

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Pourtant en France, seule une poignée de producteurs d’œufs de poules élevées en cage sont favorables à ce type d’élevage… Mais ils représentent malheureusement un lobby puissant et particulièrement développés.

Où en est la loi ?

Lors de son examen en commission des affaires économiques, qui a eu lieu le 19 avril dernier, le député LR Thibault Bazin s’est ri des images apportées par les associations. Ses paroles ahurissantes, tant le contraste est grand avec la réalité de ce qu’endurent les oiseaux, témoignent du peu d’intérêt de certains élus sur les conditions de vie des animaux.

Le député estime ainsi que : “On a tendance à projeter notre idée du bonheur, et pour nous l’élevage en intérieur évoque la prison. Alors que la poule peut être stressée à l’extérieur ! Et en bâtiment, il y a truc sympa : les copains. Les poules sont des animaux très sociaux, et d’ailleurs il y a une mortalité plus élevée dans les élevages en plein air.” Sans commentaire ! (Vidéo de son discours)

Une poule qui visiblement « respire la joie d’être avec les copains » à l’élevage de Matines. Source : L214

Le 22 mai, la loi sera présentée au Parlement. Alors qu’une pétition officielle circule sur Internet, les députés du Parlement seront appelés à voter pour ou contre l’interdiction des élevages en cage, et ainsi s’engager sur le même chemin que d’autres pays d’Europe. Là-dessus, Brigitte Gothière, cofondatrice de L214, a déclaré :

« La semaine prochaine, les députés seront appelés à voter pour ou contre l’interdiction des élevages en cage. Tout au long de cette semaine, nous leur mettrons sous les yeux la réalité de ce que vivent 33 millions de poules en France. L’interdiction de l’élevage des poules en cage est un impératif éthique dans une société qui prend la souffrance des animaux au sérieux. L’opinion publique y est largement favorable depuis longtemps et de nombreuses entreprises agroalimentaires se sont déjà engagées dans cette transition. Nous demandons au Parlement d’être aux côtés d’une société qui évolue, en mettant un point final à cette pratique aux conséquences désastreuses pour les animaux ».

Nous tiendrons nos lecteurs informés sur la décision rendue par le gouvernement sur le projet de loi dans quelques jours. Toujours est-il que le consommateur peut changer les choses maintenant sans attendre un miracle politique, simplement en consommant de façon plus responsable, plus locale et en ayant pleinement conscience de ce qu’il achète. Autant que possible, pour ceux qui en mangent, il est recommandé de privilégier les œufs bio ou provenant des agriculteurs locaux via les circuits-courts, afin de savourer non seulement un œuf de meilleure qualité, mais aussi pour lutter contre les grandes puissances qui contrôlent le marché.

Moro


Sources : L214 Communiqué / Politique & animaux.fr

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