L’Ubac est une nouvelle chaussure sportive entièrement fabriquée en France et à base de laine 100% recyclée. Mathilde et Simon, à l’origine du projet, ont pour ambition de redessiner à leur échelle l’économie du textile et ses circuits, un secteur symbolisant aujourd’hui les dérives de la mondialisation, souvent pointé du doigt en raison des mauvaises conditions de travail des ouvriers et son incidence désastreuse sur l’environnement. Découverte d’une nouvelle alternative « locale » qui montre que d’autres voies sont possibles.
Mathilde et Simon, jeunes fondateurs de la marque « Ubac » et de la chaussure du même nom veulent se faire une place dans le domaine en proposant un modèle singulier fabriqué en France et issu en grande partie du recyclage. L’objectif ? « Proposer une basket plus écologique » et répondre aux attentes des consommateurs « engagés » plus nombreux que jamais. Car « l’offre sur le marché est encore assez restreinte », admet Mathilde, qui promet un modèle léger, et confortable. Et pour cause, s’il existe énormément de plaintes autant idéologiques que scientifiques envers un système instable, rares sont les alternatives concrètes à pouvoir remplacer les fruits de cette mondialisation low-cost de amnière à la fois locale et la plus écologique possible.
Circuit-court à la rescousse
Les chaussures Ubac (en référence au versant le moins ensoleillé d’une montagne et sur lequel les constructions humaines sont généralement moins nombreuses), ont été travaillées pour que leur production s’inscrive dans un circuit le plus vertueux possible. La laine qui constitue la partie supérieure de la basket est entièrement recyclée. Elle est conçue dans une filature dans le Tarn qui dispose d’une technologie pour recycler de vieux habits. « Dans ces ateliers, on détricote des habits de laine déposés dans des bornes relais avant de les retisser pour créer de nouveaux vêtements et des chaussures », détaille Mathilde. Les lacets, en polyester, sont également issus du recyclage. La valorisation de matériaux usagers permet donc de réduire le bilan carbone de ces chaussures. Avant de se lancer dans la mode, la jeune femme a fait des études de droit, afin « d’utiliser l’outil pour défendre des causes qui me semblent justes ». À la fin de son parcours universitaire, elle décide finalement de se tourner avec son compagnon vers l’entrepreneuriat solidaire.
Solidaire car les deux partenaires reversent une partie des projets réalisés à des associations d’utilité publique. Du 23 Octobre au 13 Novembre 2019, par exemple, Ubac reversera l’intégralité des bénéfices généré pendant cette période à la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux). « Cela nous permet de lancer une première production, d’aider la LPO dans ses nombreuses actions » expliquent-ils. Ensuite, 10% des bénéfices réalisés continueront d’alimenter la LPO sur du long terme. « Petit bémol, admet Mathilde avec transparence, la semelle de la chaussure n’est pas encore écologique et est produite au Portugal« , avant l’assemblage final en France, dans le Maine-et-Loire. « C’est aussi là l’un des enjeux de la campagne de financement participatif qui avait permis la vente de 200 premières paires : récolter suffisamment de fonds pour pouvoir poursuivre la recherche et développer une alternative qui sera mise en place d’ici peu. Avec leur prévente, Simon et Mathilde ont ainsi pu lancer une gamme plus large de produits en 2019, notamment des bonnets écologiques fabriqués sur le même concept : local et recyclé / recyclable.
Ne plus reproduire les dérives de l’industrie textile
En dépit d’évolutions législatives récentes visant la responsabilisation des acteurs du secteur, l’industrie de la mode reste peu transparente. Il est particulièrement complexe de remonter l’ensemble de la filière pour connaître le nom des sous-traitants des géants qui dominent le marché. Dès lors la plupart des consommateurs préfèrent simplement ne pas se poser de question. Pourtant, dans le secteur, le travail de mineurs et l’exploitation des employés à des salaires de misère ne sont pas rares. Les bas prix que nous retrouvons en magasin ne sont jamais le fruit d’un hasard. Les marques pratiquent à outrance l’externalisation des coûts sur le dos des travailleurs ou de la nature, formant peu à peu le monde que nous connaissons aujourd’hui.
En réaction, à l’image du projet porté par Mathilde et Simon, la relocalisation de la production vestimentaire s’est imposée comme enjeu majeur ces dernières années pour des raisons sociales et environnementales de premier ordre. Le développement des alternatives est néanmoins délicat sur un marché où les prix sont dictés par le marché global, lui même sous domination des marques à petit prix. On parle alors de dictature des prix. Ceux qui s’engagent dans une mode « éthique » dépendent par conséquent d’une poignée de consommateurs qui souhaitent encourager un autre modèle en réorientant leur choix sur de la qualité plutôt que de la quantité. En d’autres termes : moins acheter, mais mieux acheter ! Suffisant pour sauver l’humanité de l’effondrement ? Probablement pas, tant un changement structurel est désormais vital pour redresser radicalement une situation dramatique mais aussi permettre aux alternatives de prospérer à long terme.
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