Alors que la qualité de l’air à travers le monde devient un enjeu de santé publique de plus en plus pressant, certains acteurs commencent à réfléchir à des moyens de se protéger durablement des micro-particules inhalées face à l’inaction des pouvoirs publics. Parmi eux, Carlton Solle, inventeur d’une écharpe « révolutionnaire » capable de filtrer certaines particules présentes dans l’air afin de protéger celui qui la porte. Une alternative aux masques qui se multiplient sur les visages humains, en particulier en Asie. Triste alternative en attendant l’avènement de modes de production et de consommation plus respectueux de l’environnement…
Une écharpe éco-responsable capable de filtrer l’air
C’est lors d’un voyage d’affaires en Chine que Carlton Solle a l’idée d’un vêtement qui permettrait aux millions de personnes touchées chaque année par la pollution atmosphérique de s’en protéger. En Europe seulement, on estime que ce sont chaque année 500 000 décès qui sont liés à la pollution de l’air. Un scandale de salubrité publique qui ne semble pourtant pas beaucoup émouvoir les autorités. En Chine, où les alertes rouges à la pollution se multiplient de plus en plus dans les grandes villes et où il devient rare de pouvoir apercevoir un bout de ciel bleu au travers du brouillard des gaz d’échappements, la pollution de l’air est un problème environnemental majeur. C’est alors qu’il contracte lui-même une maladie respiratoire directement liée à la qualité de l’air que l’homme commence alors à songer à un moyen de se protéger de la toxicité de l’air, autre que le simple masque qu’arborent les habitants résignés de ces grandes villes.
Quelques temps plus tard, BioScarf était né de la collaboration de Solle et de son épouse, qui aura l’idée d’une écharpe capable de filtrer l’air. Réalisée à partir de matières recyclées récupérées dans l’environnement et nos poubelles comme le PVT et le PET, l’écharpe intègre trois couches filtrantes qui agissent sur les micro-particules présentes dans l’air. Les particules dites « PM 10 », liées au pollen, aux champignons ou encore à la poussière sont filtrées, ainsi que les « PM 2,5 », que l’on retrouve dans les environnements exposés à la pollution atmosphérique, et qui englobent également certaines bactéries. Enfin, l’écharpe permettrait aussi de se protéger efficacement de certains virus présents dans l’air, comme les rhumes, ou encore la grippe. Cette année, l’idée fut sélectionnée parmi les finalistes du World Changing Ideas Award aux côtés du Fairphone, un prix qui récompense les idées innovantes à utilité collective positive.
Un enjeu mondial de plus en plus urgent
Réalisée à partir de matériaux recyclés dans des conditions équitables, l’idée simple mais efficace d’un vêtement capable de filtrer l’air pourrait changer notre appréhension de la pollution atmosphérique, malheureusement, sans pour autant s’attaquer au problème de fond. S’il ne convient pas de se résigner à tenter de revenir à des conditions environnementales viables, il semble cependant urgent de se protéger, adultes et surtout enfants. En effet, selon l’UNICEF, 300 millions d’enfants sont confrontés à un air irrespirable et potentiellement dangereux. C’est pourquoi, pour chaque écharpe achetée, BioScarf s’engage à offrir une seconde écharpe à une personne directement concernée par l’irrespirabilité de l’air dans un pays en développement.
Les pots d’échappement, les pesticides, l’utilisation des matières fossiles pour le chauffage, les paquebots géants ultra-polluants, ou encore les incendies à répétition, comme on peut actuellement en voir en Californie ou récemment au Portugal et en France, font que la qualité de l’air à travers le monde subit de plus en plus les assauts de nos façons de consommer, mais aussi des changements environnementaux. Car il ne faut pas toujours chercher à l’autre bout du monde pour observer les effets de la pollution de l’air. En Belgique, début novembre, 40 enfants étaient évacués de leur école, dont une douzaine hospitalisés, suite à un épandage agricole sur un champ tout proche. Faute de mieux, il faudra pour l’instant se résigner à couvrir nos visages d’une manière ou d’une autre, ou bien assumer en toute conscience les conséquences de nos modes de vie. On peut tout de même trouver regrettable, en dépit de l’accumulation d’évidences sur les problèmes de qualité de l’air, d’en arriver à de telles extrémités.
Sources : BioScarf.com / RFI.fr / LeMonde.fr / Unicef.org