Les récifs coralliens font sans aucun doute partie des écosystèmes les plus importants à préserver. De par les multiples services écosystémiques qu’ils rendent aux autres espèces marines, mais aussi aux êtres humains, les coraux apparaissent aujourd’hui comme de véritables atouts pour assurer la biodiversité des fonds marins et constituer un rempart efficace contre les phénomènes naturels violents. Pourtant, on considère aujourd’hui qu’environ un quart des récifs coralliens mondiaux a déjà subi des dégâts irréversibles, et que deux tiers d’entre eux sont gravement menacés. En cause, encore et toujours les activités humaines qui dégradent chaque jour davantage l’environnement aquatique. Pour lutter contre ce phénomène, les associations Equilibrio Marino et Coral Guardian collaborent sur le projet SOS Corales et créent la première nurserie de coraux en Méditerranée. Focus sur une initiative positive et innovante.
Si vous avez déjà eu la chance d’en apercevoir, vous avez sûrement été ébloui par leur couleurs éclatantes et la diversité de leur formes. Les coraux, organismes intrigants et tout à fait particuliers, habitent aujourd’hui les quatre coins de notre planète et ne se résument pas aux eaux chaudes et tropicales des mers du sud, malgré ce que l’on peut parfois penser. Ces dernières années, les scientifiques ont par exemple découvert des récifs coralliens au large de la Norvège, ainsi qu’à des profondeurs importantes en Méditerranée.
Les coraux, garant irremplaçable de la biodiversité marine
Si la surface totale de tous les récifs coralliens de notre planète ne représente pas moins de 0,25 % de tout l’environnement marin, on estime pourtant que ce sont près de deux millions d’espèces différentes qui vivent dans, sur et autour des récifs du monde. Ces organismes créent ainsi des écosystèmes riches et diversifiés, qui équivalent largement à celle des forêts tropicales d’Amazonie ou de Nouvelle-Guinée.
Cette biodiversité fondamentale rend des services irremplaçables à l’humanité. En plus de permettre à plus d’un quart des poissons de se reproduire chaque année et à de nombreuses espèces de se nourrir, les récifs coralliens protègent les terres d’événements climatiques violents. « Dans bien des zones côtières, véritables brise-lames, ils constituent, par exemple, un rempart fondamental contre les phénomènes naturels violent tels que les cyclones, les typhons ou les ouragans », explique ainsi l’organisation WWF qui désigne les coraux comme espèce prioritaire.
Une espèce en danger
Malgré cela, les scientifiques évaluent aujourd’hui qu’environ un quart des récifs coralliens mondiaux a déjà subi des dégâts irréversibles, et que deux tiers sont toujours gravement menacés. Et la cause de ce phénomène ne risque pas de vous surprendre, puisque ce sont principalement les activités humaines telles que la surpêche, l’artificialisation des terres et le tourisme de masse qui génèrent ce désastre écologique.
Conscient de l’urgence d’agir et de changer le cours des choses, plusieurs associations de terrains et de chercheurs travaillent aujourd’hui pour lutter contre la dégradation des récifs coralliens à travers le monde. C’est le cas notamment des associations Equilibrio Marino et Coral Guardian, qui collaborent sur un proche de recherche innovant appelé « SOS Corales », qui a pour but de restaurer l’écosystème corallien présent en Méditerranée, et plus particulièrement au sud de l’Espagne dans la zone spéciale de conservation des falaises et des fonds marins de Punta de la Mona, sur la côte de Grenade, une zone à haute valeur écologique.
Là-bas, on y trouve plusieurs types de coraux d’eaux froides, dont le corail chandelier, une espèce menacée d’extinction. Et pour cause, l’association Equilibrio Marino a pu constater sur place la fragilité de l’écosystème, notamment très endommagé la forte concentration d’engins de pêche abandonnés dans la zone. Ces filets et ces lignes affectent alors particulièrement le corail chandelier qui s’y retrouve emmêlé. Lorsque le corail se brise, le fragment tombe au fond, s’enfouit, et des organismes opportunistes s’empressent alors de recouvrir le corail, de sorte à ce que ses polypes ne puissent pas se nourrir, provoquant ainsi la mort de l’organisme.
Une nurserie pour préserver les récifs coralliens
A grande échelle, ce phénomène couplé à d’autres pollutions amène à la mort de l’écosystème tout entier. Au vue de l’urgence d’agir et d’inverser la tendance, l’équipe dirigée par la biologiste Marina Palacios ne s’est pas contentée de repeupler cette espèce dans son habitat, mais a également créé la première nurserie de coraux pour récupérer les spécimens les plus malades.
Le projet SOS Corales inclut donc différentes actions pour faciliter la récupération de l’écosystème corallien de la zone de Punta de la Mona. Tout d’abord, un nettoyage des fonds marins est effectué afin de retirer les engins de pêche et autres déchets provenant des côtes, et ce en suivant des protocoles précis afin de ne pas endommager davantage l’écosystème marin. Ensuite, les colonies de coraux sont libérées des engins de pêche, nettoyées des parties mortes, des sédiments et des épibiontes.
Les colonies brisées qui sont en bon état sont transplantées directement en milieu naturel, et les coraux les plus malades sont transplantés sur les nurseries qui constituent un environnement sans danger et sans risque de sédiments ou d’épibiontes qui empêcheraient la croissance des coraux. Ces structures sont ainsi complètement adaptées pour permettre les soins, la surveillance et l’entretien appropriés jusqu’à ce que les coraux soient en bonne santé. Une fois chose faite, ils seront réintroduits en milieu naturel dans des zones favorables pour leur développement.
Associer compétences pratiques et savoirs scientifiques pour assurer la conservation de l’espèce
La présence d’une nurserie permet alors de démultiplier le sauvetage de coraux malades et donc d’accélérer le repeuplement de l’espèce. « Nous étudions les données scientifiques de notre zone de restauration, notamment sur l’adaptation des coraux au réchauffement climatique, et innovons sans cesse pour améliorer nos techniques afin de maximiser le taux de croissance des coraux transplantés et le retour de la biodiversité », explique ainsi l’organisation qui se fonde sur les compétence pratiques et de terrain des locaux et des plongeurs, mais aussi sur l’aide théorique et scientifique de nombreux chercheurs partenaires.
En effet, l’association développe une approche innovante de la protection des écosystèmes coralliens, reposant sur le tryptique conservation, sensibilisation er science. Elle espère à terme assurer pour les prochaines années la haute valeur biologique de la zone, et participer à recréer un écosystème vertueux et riche, indispensable pour la survie de nombreuses espèces et la préservation de l’environnement marin méditerranéen.
L.A.