Pour certains, le « bio » n’est qu’un business comme un autre. Mais quels sont les avantages concrets de l’agriculture biologique vis à vis de l’agriculture conventionnelle ? C’est la question à laquelle tente de répondre une étude récente publiée par l’ITAB qui chiffre les externalité respectives de ces deux formes d’exploitation et de production.
L’agriculture bio est-elle plus efficace que l’agriculture conventionnelle ? L’éternel débat a été alimenté par plus d’une étude scientifique et fait l’objet de vifs échanges. Derrière l’enjeu environnemental se cachent des enjeux industriels importants : souvent, les profits passent avant le bon sens écologique et l’avenir de la production alimentaire. Ainsi, est-il rappelé en introduction de l’étude, « il existe bel et bien des débats autour des performances (environnementales, sociales…) de « la bio » comparées à celles « du conventionnel », et rapportées à la production qu’elle génère. »
Une étude inédite
Le rapport de l’Institut Technique de l’agriculture biologique (ITAB) se penche sur les bénéfices respectifs de l’agriculture biologique et de l’agriculture conventionnelle. Pour ce faire, l’institut à comparé les externalités respectives de ces deux modes d’exploitation dans des domaines aussi variés que la santé, le traitement des eaux, la pollinisation, le stockage du carbone ou encore la création d’emplois. À savoir qu’une externalité est un effet engendré par une activité quelconque. Il ne se limite donc pas qu’au potentiel économique. Les résultats de l’étude, commandée par le ministère de l’agriculture en 2015, ont été publiés fin novembre de cette année. Elle a été menée par Natacha Sautereau de l’ITAB et Marc Benoit de l’INRA et met en lien 280 études pour arriver à ces résultats. Ainsi, les deux agro-économistes ont pu mettre en évidence, secteur par secteur, les avantages de l’agriculture biologique.
Cette étude devait établir des éléments pour justifier les soutiens publics à l’agriculture biologique. L’idée est de montrer que l’agriculture biologique a un impact positif pour la société. De cette manière, on dépasse les questions relatives aux préférences des consommateurs pour adopter un point de vue plus holistique. L’étude précise : « Il s’agit de pouvoir instruire ces questions d’évaluations globales et comparées des systèmes agri‐alimentaires, et de leurs externalités, et de porter à connaissance des éléments permettant de chiffrer économiquement les divers bénéfices de l’AB ». Le site Reporterre rappelle que c’est la première fois qu’une étude de ce genre est réalisée. En effet, explique le magazine, si les arguments en faveur du bio sont nombreux, « c’est la première fois que l’on tente, en France, de quantifier précisément ces bénéfices, afin de les rendre visibles tant pour le consommateur que pour le décideur politique ».
Avantage chiffrés de l’agriculture biologique
Si pour certains l’agriculture biologique est une évidence, pour d’autres, le maintien d’une agriculture conventionnelle supposée plus productive reste indispensable. Surtout que cette agriculture conventionnelle permettrait, en principe, de proposer des prix moins élevés aux consommateurs. Or, cette argumentaire est biaisé : si l’on remonte l’ensemble de la chaîne de production, l’industrialisation provoque des coûts cachés, portés directement ou indirectement par la société et le consommateur. Les dégâts environnementaux provoqués par l’utilisation massive de pesticides doivent être payés par la collectivité mais n’apparaissent pas dans le prix. Les problèmes de santé qui se multiplient à force d’ingérer des substances chimiques sont autant de nouvelles dépenses. Enfin, la logique industrielle est à l’origine de la destruction d’emplois, un autre coût caché de l’intensification.
Ainsi, l’étude met en lumière les avantages concrets de l’agriculture biologique. Les auteurs estiment par exemple que le traitement des nitrates et des pesticides dans les eaux couterait entre 20 et 46 euros par hectare et par an à la collectivité. Autre chiffre, celui concernant les services de la pollinisation dont la valeur serait comprise entre 3,5 et 48 euros par an en agriculture biologique. Par ailleurs, l’agriculture biologique permet d’économiser 10 à 21 euros par hectare et par an en raison des traitements insecticides qui sont évités. Pour Natacha Sautereau de l’Itab et Marc Benoit ces chiffres justifient la mise en place d’aides en faveur de l’agriculture biologique pour soutenir son développement.
Sources : itab.asso.fr / reporterre.net