Des images diffusées récemment par la BBC montrent des enfants réfugiés syriens en plein travail dans des entreprises du textile en Turquie. Sur ces images, ont aperçoit des enfants travaillant au sein d’ateliers dans des conditions déplorables pour le compte de sous-traitants liés à de grandes marques de mode européennes telles qu’Asos, Zara ou encore Marks and Spencer. Ce nouveau scandale obligera t-il ces dernières à prendre enfin des mesures pour mieux contrôler les pratiques de leurs sous-traitants ? On en doute fort.

Les images sont troublantes. Elles sont le résultat d’une enquête menée par la BBC dans des ateliers dans lesquels le travail des enfants semble être une chose ordinaire. Dans ces locaux, ils sont exploités dans des conditions inhumaines, selon des horaires comparables à de l’esclavage – 12 heures par jours – et des revenus dérisoires. Ces entreprises sont des sous-traitants de grandes marques dont les affiches publicitaires n’ont cesse de vanter la liberté : parmi elles, on trouve notamment Asos et Marks and Spencer. Des cas similaires ont pu être constatés chez des sous-exploitants de Mango et de Zara. Ce n’est pourtant pas la première fois que ce genre d’information est révélée.

blankImage : Chris McGrath

Des images accablantes

Le journaliste à l’origine des images, Darragh MacIntyre, décrit la situation préoccupante des réfugiés syriens. Selon lui, en Turquie, on trouve assez facilement des endroits dans lesquels ils sont employés. Il rapporte que dans certains ateliers, le salaire horaire est d’environ un euro, bien en dessous du minimum légal turc. Femmes, hommes et enfants n’ont pourtant pas vraiment le choix et ne peuvent rien entreprendre contre les entreprises qui les exploitent. En effet, la situation légale des réfugiés Syriens n’étant pas réglée dans le pays, de nombreux abus sont rendus possibles. Darragh MacIntyre explique :

On m’avait dit que le travail des enfants était endémique en Turquie. Mais je n’imaginais pas à ce point. Un sous-sol d’atelier était presque entièrement occupé par des enfants, la plupart ne pouvaient pas avoir plus de 7 ou 8 ans, la représentation même de la misère dickensienne.
Les entreprises européennes impliquées ferment les yeux sur le non respect des conventions internationales en matière de protection des enfants, sans être inquiétées juridiquement et sans prendre de mesures pour mettre un terme à ces pratiques. Le Nouvel Observateur, dénonce le cynisme de ces marques, bien conscientes du problème et interpellées par des ONG sur la question en début d’année. Cependant, Marks and Spencer, Asos et co. préfèrent feindre l’ignorance, l’irresponsabilité ou détourner les regards par des paroles qui n’ont pas été suivies de résultats concrets à ce jour. Interrogées à propos de ces images, ces mêmes marques ont déclaré s’occuper de la question et mettre en œuvre des mesures pour « améliorer »  la situation. Ces propos sont pourtant bien vides face à la réalité des faits qui s’aggrave sur le terrain.
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Le sort préoccupant des réfugiés syriens en Turquie

Cette nouvelle actualité rappelle les débats précédents à propos des conditions de vie des réfugiés en Turquie. Depuis la signature d’un accord entre l’Union européenne et la Turquie le 18 mars dernier, des réfugiés sont bloqués par millions dans ce pays. Selon Le Monde, 2,73 millions de réfugiés syriens y vivent actuellement. Seule une petite minorité d’entre eux est hébergée dans des camps en dépit des fonds colossaux octroyés par l’Union. Au moment de la signature des accords, de nombreuses ONG avaient alerté et dénoncé le traité, soulignant les dangers qu’il faisait peser sur les réfugiés. Depuis, ces risques se sont matérialisés notamment à travers l’exploitation des enfants sans-papiers mais aussi des adultes.

En effet, la Turquie déclare ne pas disposer des moyens appropriés pour gérer les millions de réfugiés venus de Syrie. Par ailleurs, les droits fondamentaux de ces derniers ne sont pas toujours respectés, comme tend à le prouver la vidéo de la BBC. Enfin, les services administratifs sont débordés, faute de moyens alloués, ce qui signifie que les réfugiés restent parfois pendant plusieurs années sans obtenir de statut juridique. Pour cette raison, ils ne peuvent pas accéder à une autorisation officielle pour exercer une activité et n’ont donc pas d’autre choix que de travailler de manière illégale, ce qui ouvre la voie à tous les excès et tous les abus. Les marchands d’êtres-humains sont de retour aux portes de l’Europe et gouvernements (croissance), consommateurs (bas prix) et entreprises (profit) semblent tous y trouver leur compte dans un cynisme assourdissant.

Reportage

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Sources : amnesty.org / lemonde.fr / nouvelobs.com

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