Les géants de l’industrie textile n’avaient déjà pas leur pareil lorsqu’il s’agissait d’exploiter les populations pauvres du monde entier. Dernièrement, la marque espagnole de magasins au succès planétaire, ZARA, a poussé le bouchon encore un peu plus loin, s’attaquant cette fois aux artistes et petits créateurs de mode. La marque s’est vue accusée de plagiat par une artiste indépendante, dont les dessins sont connus sur Instagram. Face à l’accusation, l’hydre espagnole n’a rien trouvé de mieux que de renvoyer l’artiste à son rang de minus insignifiant, justifiant la copie par sa simple position dominante.

Tuesday Bassen, artiste populaire sur les réseaux, comme tant d’autres

Artiste indépendante, Tuesday Bassen affiche ses œuvres sur les réseaux sociaux, comme tant d’autres. Sur Instagram, elle cumule plus de 120 000 followers qui « likent » chaque jour ses dessins, broderies, badges et créations diverses réalisées par l’artiste. Ce serait d’ailleurs ses fans qui auraient averti l’artiste, en lui envoyant par centaines des photographies de vêtements et accessoires copiant son style.

Récemment, Tuesday a publié une image et un texte qui n’a rien à voir avec les motifs acidulés postés habituellement… Sur cette image, on peut voir différents designs créés par l’artiste, en parallèle desquels s’exposent les photos des copies de vêtements ZARA qui attestent du plagiat opéré. Au vu des images publiées, il n’y a pas l’ombre d’un doute : la marque s’est effectivement bien servie (le terme « inspiré » n’a même pas lieu d’être) des créations de l’artiste. Son coup de gueule inspiré fait aujourd’hui le tour du monde, exposant les pratiques peu fairplay de grande marque.

https://www.instagram.com/p/BIEGImxgFKe/

 

Une première poursuite qui ne donnera rien

En dessous de l’image attestant du plagiat, plus choquante encore est la réponse du géant du prêt-à–porter, qui « rejette la réclamation » en bloc, tout en admettant à demi-mot la copie. La raison invoquée ? Les designs de l’artiste ne seraient pas assez originaux et identifiables comme tels. Se pose alors la question de la popularité de l’artiste contre celle de la marque. Celle-ci avance qu’il est impossible que ces créations soient « associées à l’artiste dans quelque part significative du monde ». Comprenez : le droit d’auteur n’a pas de poids s’il ne s’accompagne pas d’une audience colossale et surtout d’un capital de taille. Pour enfoncer le clou un peu plus, la marque rappelle à l’artiste et à son avocat que le nombre de visiteurs mensuels sur ses sites dépassent les 110 millions. La popularité ferait-elle donc loi ?

« Je suis restée plutôt calme à ce sujet, jusqu’à aujourd’hui. Depuis 5 ans, ZARA copie des créations. Mon avocat a contacté ZARA et ils ont littéralement répondu que je n’avais rien à dire car je suis une jeune artiste et qu’ils sont une grande multinationale (…).« 

Dans sa description personnelle accompagnant la capture d’écran, Tuesday Bassen raconte sa colère et sa déception. Elle évoque également les dépenses, importantes au vu des revenus d’un artiste indépendant, qu’elle a dû faire en frais d’avocat pour ne serait-ce qu’obtenir une réponse de la multinationale. L’artiste indique cependant être prête à continuer la procédure pour que justice soit faite, malgré le découragement ressenti suite à ce vol. En symbolisant une pratique trop répandue, son combat dépasse aujourd’hui son cas personnel. À tous ceux qui demandent comment ils peuvent l’aider, elle invite à taguer et à dénoncer #ZARA sur les réseaux sociaux.

Activists dressed as 'revolting mannequins' in Taipei, through street theatre demand Zara 'Detox' now. During a day of action worldwide, 700 Greenpeace activists in over 80 cities demand that the worlds largest fashion retailer, Zara, eliminate all hazardous chemical from its clothing and supply chains.

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Le droit d’auteur sur internet : facilement menacé

Comme le montre cet exemple, il est facile pour un petit artiste publiant ses œuvres sur internet de voir son travail menacé. De plus, la popularité sur les réseaux sociaux est sans lien avec le revenu ou le pouvoir. Phénomène générationnel, un grand nombre d’individus peuvent se faire connaître sur Internet sans nécessairement basculer dans des logiques marchandes agressives. D’ailleurs, Tuesday Bassen n’est pas la seule, semble-t-il, à avoir été victime d’un géant de la mode. Une douzaine d’autres artistes ont communiqué leurs déconvenues concernant le plagiat dont ils furent les victimes. La multiplicité des artistes et des ressources rend parfois la limite trouble entre travail original et œuvre relayée ou réutilisée.

Alors que ZARA avance l’argument de la « simplicité » des œuvres de Bassen, un blog spécialisé dans la législation entourant la mode, « The Fashion Law », stipule qu’il pourrait s’agir d’une excuse bidon de la multinationale. En effet, s’il existe une clause permettant la réutilisation de designs de formes basiques, elle ne semble pas s’appliquer aux œuvres défendues ici qui présentaient à chaque fois des détails (typographie, écritures) reconnaissables. En 2015, ZARA réalisait un bénéfice net de 2,5 milliards d’euros. La marque manquerait-elle de fond pour payer des créateurs originaux ou indemniser les victimes de plagiat ?

ZARA n’est également pas l’ami de la nature


Sources : Tuesday Bassen / The Fashion Law / Jezebel

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