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D’où vient la haine de l’autre ? Les mécanismes du racisme

D'où vient la haine de l'autre ? Les mécanismes du racisme
D'où vient la haine de l'autre ? Les mécanismes du racisme

En 1993, les sociologues et politiques Laura Balbo et Luigi Manconi, publient le livre “Razzismi. Un vocabulario” (Racismes. Un vocabulaire) nous aidant à éclairer et nommer les mécanismes sociologiques du racisme en Italie, et plus généralement en Europe. Retour sur cette généalogie méconnue.

1993. Italie. Rien à voir avec la France de 2024 ? Détrompez-vous. La littérature sociologique révèle, à l’époque déjà, les fondements politiques et sociaux du racisme. Plus de 30 ans plus tard, dans l’Hexagone, le constat est le même : la haine de l’étranger pauvre et racisé est sujet à la reproduction sociale.

Avant de résoudre un problème qui nous dépasse, il faut le comprendre, dans un contexte où, qu’on le veuille ou non, les idées et les partis d’extrême droite sont très ancrés dans le paysage politique et l’opinion générale.

Le Pen, père et fille, 1er mai 2010. Crédit : Marie-Lan Nguyen/Wikicommons

Selon les sociologues Laura Balbo et Luigi Manconi, le racisme est un concept imprécis, imprégné de références à la fois idéologiques, historiques, politiques et émotionnelles. Aussi, leur attention est-elle portée dans leur travail sur les sociétés riches occidentales qui sont destinées à reproduire de nouveaux processus et instruments de ségrégation.

Les multiples fondements du racisme xénophobique

D’abord, le choix des termes pour désigner “l’autre” est important : une personne migrante, réfugiée, immigrée ou étrangère ne désignent pas les mêmes situations. Le mot “étranger” (l’expression correcte serait d’ailleurs “citoyen étranger”) est celui qui ressort comme le plus inclusif, mais il est rarement utilisé car il n’intègre pas la dimension de mobilité de celui ou celle qui migre.

En ce sens, le terme « immigré » insiste sur le parcours d’immigration de l’étranger et sur la destination d’arrivée de ce dernier (contrairement à « émigré » qui souligne le départ). Quant à l’appellation « migrant.e », elle porte en revanche une connotation supplémentaire d’inachevé, comme si la migration était toujours « en cours », voire perpétuelle, un état-d’être sans point de chute.

Les termes « immigrés » et « réfugiés » sont pour leur part souvent mis en opposition en vue de « trier » les personnes migrantes en fonction des raisons qui les ont poussées à partir de chez elles. Cette distinction peut alimenter une hiérarchisation arbitraire entre un supposé « bon et mauvais migrant », celui qui fuit la guerre/l’oppression, et celui qui fuit la misère économique. La notion de personne immigrée semble ainsi la plus juste : réhumanisante et reconnaissante de leur individualité.

L’échelle de l’Europe pour analyser la xénophobie raciste est intéressante car elle hérite d’une longue tradition d’antisémitisme, d’ethnocentrisme, de colonialisme et de conquêtes. Résultat de ce passé proche ? L’idée universellement acceptée à plusieurs époques occidentales de la supériorité de la religion chrétienne, de la culture européenne et de la “race” blanche.

C’est aussi à partir de ce socle historique qu’au sein de l’UE, les gouvernements – qui connaissent une montée significative de l’extrême-droite – tendent à harmoniser la loi en termes de lutte contre l’immigration illégale et du droit d’asile, et à concentrer les procédures communes d’expulsion des personnes en situation d’irrégularité et de regroupement familial.

Le poids d’un système : état des lieux

Les comportements d’intolérance peuvent être analysés de deux manières différentes : soit de façon isolée par une hostilité occasionnelle (épisodes de racisme) soit à travers une discrimination systémique (situations de racisme).

Les épisodes de racisme sont des actes isolés d’hostilité envers des individus appartenant à d’autres ethnies, sans élément de systématisation, c’est à dire en dehors d’un éventuel contexte de diffusion de l’intolérance et non appuyé par des structures d’organisation ou des acteurs politiques.

Les situations de racisme sont elles un ensemble d’attitudes, d’actes et de structures discriminant les individus d’autres ethnies. L’intention est celle d’imposer un thème politique. Aujourd’hui, il est évident que l’extrême droite a organisé la discrimination des personnes racisées (en premières lignes desquelles les musulmans de France) et a imposé ses thèmes jusque chez les néo-libéraux, voire même chez certains partis de “gauche”.

Mais les politiques ne sont pas les seuls acteurs de cette intolérance : l’empire médiatique de Bolloré ou encore des syndicats de police d’extrême-droite tel qu’Alliance organisent largement la diffusion des idées xénophobes racistes. Deux conditions sont en effet nécessaires à la réalisation de telles situations de discriminations :

  • Qu’il y ait des organismes intéressés à élaborer, systématiser et émettre des messages racistes.
  • Que ces derniers circulent dans les couches des populations déjà soumises au stress (classe ouvrière par exemple).
Cyril Hanouna sur Europe 1.

Lorsque ces organismes rencontrent une clef de la vie politique, un saut qualitatif s’effectue puisque les messages racistes et xénophobes conditionnent les politiques publiques et interfèrent dans l’arène civile. Cela nourrit le conflit ethnique, qui n’est pas forcément directement généré par un parti raciste.

« Bardella n’a pas besoin d’arriver au pouvoir pour que l’intolérance contre les immigrés augmente ».

En effet, des acteurs ayant imposé l’élargissement de la fenêtre d’Overton du racisme et de la xénophobie dans l’opinion générale, les partis dits “modérés”, souvent au pouvoir, sont alors de plus en plus favorables aux mobilisations anti-immigration et à leur législation. En somme, Bardella n’a pas besoin d’arriver au pouvoir pour que l’intolérance contre les personnes immigrées augmente.

Défense de la supériorité blanche

En effet, une vision particulière se cache derrière l’intolérance de l’autre : celle du fantasme d’un territoire monoculturel et ethnocentré, en d’autres termes de la supériorité de la culture dominante blanche. Cette supériorité est implicite, voire niée, mais c’est sur cette idée que se fondent les politiques publiques, les procédures et les pratiques. Elles s’opèrent grâce aux institutions qui les légitiment et les imitent.

En Italie, la Lega Nord est la formation politique qui met le plus d’énergie dans la mobilisation anti-immigration, elle repose sur l’organisation de l’intolérance et la valorisation de l’identité régionale (sa propre identité). Le fantasme de supériorité coïncide avec le dénigrement de l’identité d’autrui. Il y a un besoin irrésistible d’un ennemi, sans qui la Lega Nord ne peut se définir (parallèlement au Rassemblement National).

L’Italie et la France adoptent par ailleurs des politiques d’immigration où les pays confrontés à la guerre, la faim ou des génocides ethniques sont maintenus loin de nos préoccupations. Un accueil bien plus spontané est cela dit opéré lorsqu’il s’agit de réfugiés ukrainiens, dont la proximité avec la “race” blanche et chrétienne rend soudainement acceptable au regard de la majorité la solidarité entre peuples.

De fait, cette forme d’humanisme louable s’arrête visiblement au-delà de certaines frontières. La dénonciation de l’invasion russe en Ukraine contraste ainsi, par exemple, avec l’absence d’hostilité affichée envers l’Arabie Saoudite, Etat ayant massacré des centaines de milliers de civils au Yémen. Dans ce cas, les ventes d’armes et autres accords commerciaux ne sont jamais remis en cause.

Crédit : Alisdare Hickson (Flickr).

Ces politiques de l’immigration reposent pour gagner du terrain sur l’alarme sociale, c’est-à-dire les formulations de fabrication de l’opinion : l’idée selon laquelle les personnes immigrées ou migrantes portent des maladies ou font partie de réseaux de criminalité. Cela détériore inévitablement le vivre-ensemble et génère des conflits.

Le racisme ordinaire

Les sociologues considèrent que ce ne sont ni les préjugés raciaux, ni les individus seuls, qui caractérisent ni ne constituent la cause du racisme.

Selon Jonathan Turner, le terme de racisme identifie plutôt un système de distribution du pouvoir, de telle sorte qu’un certain groupe y a accès alors que d’autres en sont systématiquement exclus (Turner, 1984, pp. 2).

Aujourd’hui le racisme idéologique et pseudo-scientifique historique a été substitué par un racisme aux motivations psychologiques et sociales par la peur des comportements déviants et irréguliers d’autrui : usage de drogues, violences contre les personnes ou les propriétés, diffusion de maladies et violences sexuelles.

La responsabilité de cette menace sociale (réelle ou présumée) est rejetée sur la catégorie ou le groupe d’appartenance présentant un trait de diversité (physique, ethnique, religieux ou culturel). Ce racisme requiert une activité constante sur le plan de la fabrication de l’opinion, et ce à travers trois procédés :

  • La mise en valeur du fait criminel et déviant
  • La représentation de la misérabilité des conditions de vie des immigrés
  • L’annulation de leurs dimensions quotidiennes (social, d’existence, de travail)

Ces trois processus sont d’abord liés au système des médias de masse, mais aussi à la production d’un sens commun par des partis politiques, des syndicats, des centres de recherche et des relais d’opinion. La dimension sensationnelle du racisme est donc permise par l’instrumentalisation d’événements réels ou non, discréditant la population intolérée.

C’est ainsi que les actes de terrorisme commis par des personnes musulmanes sont jugés comme exceptionnellement graves alors que les violences d’individus d’extrême-droite sont passées sous silence, banalisées ou marginalisées. Il y a quelques années, le militant d’extrême-droite Loïk Le Priol était suspecté d’avoir assassiné l’ex-rugbyman Federico Martin Aramburu. Pourtant, l’indignation des violences d’extrême-droite semblait inexistante en comparaison de la surmédiatisation des crimes orchestrés par des individus racisés.

GUD, groupe d’extrême droite violent dont faisait partie Loïk Le Priol.

Cette différence de traitement s’applique aussi pour des comportements déviants de l’ordre du délit mais surévalués chez les personnes racisées. C’est le cas du harcèlement de rue dans les banlieues : ce poids est réel pour les femmes et les minorités de genre, mais la prise au sérieux et l’accent porté sur la condamnation de ces comportements contrastent avec l’inaction des gouvernements face aux violences faites aux femmes dans la sphère privée et professionnelle. Une politique d’intégration du féminisme à des fins uniquement racistes, connue sous le néologisme de fémonationalisme.

Ces stéréotypes, à une telle échelle, sont évidemment démentis. Sans nier les agressions existantes, les associations réaffirment sans cesse que « les violences traversent tous les groupes sociaux et toutes les cultures ». En témoigne d’ailleurs un triste chiffre : « Viols et tentatives de viol : 91 % des agresseurs sont des proches de la victime » (Le Monde). Réalité à laquelle s’ajoutent les nombreuses études sur les sexismes, intelligemment présentées par Charlotte Bienaimé dans plus de 40 épisodes d’Un Podcast à soi, sur Arte Radio.

Hiérarchisation et déclassement de l’étranger

L’immigré est représenté comme misérable et déraciné. La peur et le sentiment d’urgence du phénomène migratoire camouflent le niveau d’éducation, le patrimoine culturel, les compétences professionnelles, les traditions nationales, la force de travail ou encore les mariages mixtes, permis par l’immigration.

Par exemple, l’Italie a accueilli de nombreux immigrés albanais en 1991, la motivation étant l’hypothèse implicite d’affinités historique et culturelle selon les journaux et les leaders politiques. Mais cela a vite tourné à l’hostilité xénophobe sous l’influence de relais d’opinions et d’organes de presse. La population albanaise est dès lors stigmatisée comme « paresseuse », « peu fiable » et donc incompatible avec la discipline du travail et les règles du système économique. 

Racisme concurrentiel

Une facette bien connue du racisme est celle de l’étranger qui serait un concurrent indésirable sur le marché de l’emploi. Les auteur·ice·s jugent que les occurrences de concurrences directes pour le travail entre les citoyens italiens et immigrés extracommunautaires sont rares. En France, l’immigration n’a pas non plus d’incidence notable sur les salaires ou l’emploi. 

Mais la minorité de ces conflits sont repris par les médias de masse en tant que menace imminente ; une menace permise par le fantasme et l’anxiété autour d’une possible compétition qui puisse se reproduire et même s’étendre, surtout chez les jeunes à la recherche d’un premier emploi. La récession économique actuelle favorise de fait ce discours, puisqu’elle réduit le nombre d’emplois et complexifie l’intégration d’immigrés dans certains secteurs professionnels.

Cercle vicieux de la misère

L’argument de caractère criminel de l’étranger est le principal facteur de l’intolérance racial : délinquance, prostitution, violences sexuelles, racket ; créant les conditions d’une angoisse collective et d’une alarme sociale liées à un état de diffusion de l’insécurité.

C’est pourtant la situation des logements des immigrés dans les zones urbaines qui tend à reproduire les formes de précarité ; avec notamment les ghettos à la marge des quartiers populaires ou à l’interstice des centres historiques (voir à ce sujet l’excellente histoire de « La Banlieue » par Diable Positif). Cela est dû au mauvais état des services sociaux et des structures d’accueil. Les zones de ségrégations ne sont que les conséquences de cette mauvaise gestion des politiques publiques.

Infographie @Ecureuilvolant avec le soutien de Mr Mondialisation

La dépréciation de valeur de ces zones et la dégradation matérielle et sociale augmentent le marché noir, ne faisant que confirmer et renforcer les frontières territoriales de la ségrégation. Le racisme et la pauvreté s’autoalimentent : les conditions de vie se dégradent, les violences augmentent, de même que les sentiments d’insécurité et d’altérité avec des modes de vie liés à la misérabilité.

Les immigrés sont donc les nouveaux pauvres : leur nombre, leurs traits physiques et leur jeunesse en font une menace plus dangereuse que les nouveaux pauvres blancs. Cela ne concerne qu’une partie des personnes étrangères, mais c’est aussi celle qui est la plus souvent mise en avant.

Crédit photo : Sandor Csudai.

Racisme culturel

« La classe dominante détient les codes normatifs et résiste à les négocier, ce qui exacerbe les défis et les conflits ethniques ».

Le racisme culturel est né de la diffusion d’un “juste” système de valeurs, de la “bonne” culture et du “bon” style de vie chez les uns et, conjointement, de leur dévalorisation chez les autres. Les minorités sont disposées hiérarchiquement selon un ordre difficilement modifiable. La classe dominante détient les codes normatifs et résiste à les négocier, ce qui exacerbe les défis et les conflits ethniques.

Seuls les étrangers qui savent s’adapter aux règles de notre société peuvent être ainsi considérés comme des citoyens comme les autres. D’où le concept d’assimilation utilisé par l’extrême-droite. Cela repose sur la conviction que celui qui accueille décide des règles de l’hospitalité, sur un ethnocentrisme latent et sur l’accentuation de sa propre identité culturelle (assumée comme supérieure).

Dans l’opinion générale, l’immigré est perçu soit comme déraciné, soit comme une main d’œuvre ou une force de travail. La difficulté de se constituer une identité par rapport à des normes et des valeurs différentes, est ignorée. Nous pouvons citer par exemple des règles alimentaires différentes de la religion catholique, la polygamie, le mariage mixte, l’intégration d’élèves étrangers a l’école ou encore la demande de lieux de culte pour les minorités religieuses.

Concurrence de valeurs : un défi à relever 

Comment concilier l’acceptation de l’autre, de ses traditions et de ses formes de relations, avec une valeur idéologique comme la parité femmes-hommes légitimement normée par notre société contemporaine ? La polygamie, par exemple, en tant que négation de la parité des genres n’est pas juste une différence culturelle ou une particularité anthropologique. Elle met en discussion une valeur prioritaire, fruit d’un long processus auquel on ne peut pas renoncer au nom d’un relativisme culturel (à savoir le refus d’une référence culturelle particulière).

Prenons en exemple le cas d’un regroupement familial : une personne souhaite y procéder en regroupant les familles de ses deux femmes. En théorie, la loi n’a pas vocation à formuler un jugement de valeur ni n’opère une reconnaissance idéologique, ni ne légitime ou non l’inégalité femme-homme en accédant à sa demande.

La loi se limite à admettre un état de besoin. Mais cela reste délicat car la frontière entre acceptation d’une situation de fait et reconnaissance juridique et idéologique des valeurs des autres, est mince.

D’un côté, accepter des valeurs impliquant des modes de vie différents tout en les incluant dans le processus de réflexion collective des mœurs est un signe de maturité démocratique. De l’autre côté, la pratique de la polygamie par des hommes nierait une des formes de soumission potentielle des femmes ou d’asymétrie des droits. Une concurrence de valeurs culturels ne justifient cependant pas de rejeter en bloc la différence, mais doivent être soumises au débat démocratique lorsqu’ils mettent en danger des acquis de droits d’autres groupes discriminés. Le monde n’est pas fait que de rejets ou d’acceptations totales, mais de nuances de gris qui permettent d’imaginer des solutions viables.

Système racial

Selon Turner (référence en bas de l’article), un système racial (ou d’oppression/de domination) est un système dans lequel un ou plusieurs segments bien définis de la population agissent, sur un temps plus ou moins long, systématiquement et avec réussite, à empêcher qu’un autre segment n’accède aux ressources rares et précieuses du système.

Crédit : Jeanne Menjoulet (Flickr).

Notons d’abord que ce système s’inscrit sur la durée, il y a donc cristallisation et stratification dans les structures et les modèles de comportement. Ceux-ci se reproduisent donc et deviennent composante d’un système social, à travers des règles d’attitudes de préjugés et de comportements discriminatoires. Ceux-ci sont diffusés, légitimés et normés par des codes formels ou informels.

Le racisme est plus qu’une structure et une idéologie, c’est un processus qui se crée et se reproduit dans la vie quotidienne. Le racisme quotidien connecte ainsi des données structurelles du racisme avec des situations ordinaires de la vie quotidienne.

Pour conclure, la définition du racisme est plus technique qu’on pourrait l’imaginer. Entrent en jeu différents processus de maintien et de reproduction du racisme. Il n’y pas un seul, mais des racismes, ancrés dans l’opinion générale et entretenus par un système, une omniprésence des médias, des organisations et des partis politiques.

Si le racisme explicite est interdit dans nos démocraties, les politiques anti-immigration sont paradoxalement jugées acceptables et sont même défendues par le système néolibéral. Mais cela doit pas occulter les intentions racistes de l’extrême-droite et son fantasme d’une supériorité de la culture blanche et chrétienne.

– Benjamin Remtoula (Fsociété).


Sources :

  • Balbo, L. Manconi, L. Razzismi. Un vocabulario (1993). Universale Economica Feltrinelli, Milano.
  • Turner, J. H. Singleton, R. Jr. Musick, D. (1984). Oppression. A socio-history of black-white relations in America. Nelson Hall, Chicago.
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