Récemment, nous vous affirmions que la croissance économique consumera l’Amazonie jusqu’au dernier arbre s’il le fallait. Et autant dire qu’on ne vous a pas menti : le Brésil est en bonne voie pour détruire l’une des zones les plus riches en biodiversité au monde ! Un nouveau projet de loi est à l’étude afin de réduire la protection du Parc national Serra do Divisor, et ainsi autoriser l’exploitation économique de ses ressources ; sous couvert de promesses de « développement » et « progrès » pour le pays. Or, comme l’atteste le passé, ce type de projet industriel ayant argué du « développement » n’ont souvent profité qu’à une minorité et les conséquences environnementales ont été désastreuses et collectivement assumées.

Du 1er au 5 avril, une délégation du peuple indigène Ashaninka se rendra en France, à Nantes. Cet événement est organisé par Amazônia, une association nantaise qui mène des actions au Brésil afin de protéger l’Amazonie et ses gardiens. L’objectif sera de partager les savoirs et la philosophie des indiens, autrement dit des gardiens de la Nature, mais également d’exposer leurs luttes quotidiennes contre les menaces capitalistes envers l’Amazonie brésilienne et ses terres. Leur dernier combat ? La préservation du Parc national Serra do Divisor (PARNA), l’une des zones protégées les plus riches en biodiversité au monde, dont ils sont voisins. Une député fédérale de la région de l’Acre, Mara Rocha, prépare actuellement une proposition de loi visant à réduire la protection de la région, en reclassant le parc « Aire de Protection Environnementale ». Ce changement de classification a pour but d’autoriser l’exploitation économique des ressources naturelles, jusqu’alors interdite. Et les conséquences promettent d’être dévastatrices, autant sur le plan social qu’environnemental.

Crédit photo : S.GUIRAUD

Quelles menaces pèsent sur le Parc National Serra do Divisor ?

L’objectif du PARNA : préserver l’une des régions les plus bio-diversifiées au monde

En 1989, le Parc national Serra do Divisor (PARNA), à la frontière entre le Brésil et le Pérou, est créé afin de protéger 837 000 hectares. C’est la seule unité de protection complète pré-andine brésilienne présentant une transition entre la faune et la flore andine, et la basse Amazonie. Les ressources de la région ne peuvent donc être ni explorées ni exploitées. De nombreuses études et recherches, notamment menées par l’UNESCO, reconnaissent que la région est l’une des plus riches en biodiversité au monde.

Autour de ce parc, il y a cependant des « Resex » où la présence humaine est autorisée. Une Resex, autrement dit une « réserve extractive », désigne un type d’aire protégée à usage durable au Brésil. Le principe ? La terre appartient à l’État, mais les populations traditionnelles qui y vivent ont droit aux pratiques d’extraction traditionnelles telles que la chasse, la pêche et la récolte de plantes sauvages. L’une des plus proches du PARNA est la Resex Chico Mendes (nom donné en référence à l’activiste environnemental brésilien Chico Mendes assassiné deux ans plus tôt), créée en 1990. Par ailleurs, aux alentours du parc se trouvent les terres des Ashaninkas, soit l’un des plus grands groupes indiens d’Amérique du sud, et de nombreux autres indiens (Nukini, Puyanawa, Nawa, Arara). Sans cesse menacés par l’accaparement capitaliste des ressources de l’Amazonie, les peuples indigènes de la région – l’Acre – luttent au quotidien pour défendre leurs terres.

En terres Ashaninka. Crédit photo : J.ORAIN

L’extraordinaire biodiversité de cette région est la preuve que les peuples indigènes sont les meilleurs gardiens de la nature. Or, ni ces gardiens ni leurs terres ne reçoivent la protection dont ils ont besoin. C’est pourquoi le PARNA fut créé. Bien que ce parc soit présenté comme un grand défenseur de la diversité de la faune et des peuples indigènes, la réalité est autre. Les gouvernements péruvien et brésilien souhaitent ouvrir la région à l’exploration pétrolière et, de ce fait, mettre en péril l’intégrité des terres indigènes. Déjà en danger malgré la création du PARNA, ces peuples seraient d’ailleurs d’autant plus menacés par le projet de loi de la députée fédérale Mara Rocha.

Crédit photo : journal brésilien Folha de S.Paulo

Le projet de loi : réduire la protection du parc afin d’autoriser l’exploitation de ses richesses naturelles

En quoi consiste ce projet de loi, évoqué par la député fédérale de l’Acre Mara Rocha à la fin du mois de janvier 2020 ? De « Parc national Serra do Divisor » (PARNA), la zone serait désormais classée « Aire de protection environnementale » (APA) ; ce qui permet, entre autres, l’élevage de bétail et l’exploration des ressources naturelles de la région. Aussi, la réserve extractive Chico Mendes serait réduite de 8000 hectares. Ce reclassement, à savoir réduire la protection de cette région, profiterait ainsi du projet de construction de route entre Cruzeiro do Sul (AC) et Pucallpa, au Pérou.

Le but de cette proposition de reclassement ? L’exploitation économique des richesses du parc, jusqu’alors interdite. La proposition de loi, désormais prête pour être présentée au Congrès, menace non seulement l’intégrité d’une des régions les plus biodiverses au monde mais aussi les peuples indigènes qui y vivent ; soit les gardiens et protecteurs de l’Amazonie brésilienne. C’est en ce sens qu’Angela Mendes, présidente de l’Instituto Chico Mendes, s’exprime :

« Parce qu’ils ont le pouvoir et l’autorité de l’État en leur faveur, mais nous, nous avons les uns les autres et la force des eaux de nos forêts et de nos ancêtres » Crédit photo : Association Amazônia

La député justifie ce projet de loi comme suit :

« Le classement de l’unité de conservation comme parc national, du groupe de protection intégrale, empêche tout type d’exploitation économique des richesses qui s’y trouvent. Nous comprenons que cela répond aux intérêts et aux besoins du peuple. Le reclassement de l’unité en tant que zone de protection de l’environnement permettra de réunir deux intérêts importants : la protection de l’environnement et le développement économique de la région »

Ainsi, si Mara Rocha admet l’intérêt du PARNA pour les peuples indigènes qui y vivent, reclasser la région en « Aire de protection environnementale » (APA) lui paraît plus important. Ses arguments sont de deux ordres : protection de l’environnement et développement économique de la région. Or, entre son discours et la réalité, il y a un énorme vide…

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L’argumentaire de Mara Rocha : du discours politique à la réalité

« Protéger l’environnement et développer l’économie de la région… »

Reprenons les arguments de Mara Rocha : protection de l’environnement et développement économique de la région, le tout sous couvert des promesses de « progrès » et « développement ». Selon la députée, la création du PARNA aurait encouragé la création d’élevages de bétail illégaux. Réduire la réserve extractive de Chico Mendes permettrait donc de faire cesser les conflits entre les inspecteurs de l’environnement et les familles d’agriculteurs ruraux, via la régularisation de ces zones d’élevage illégales. En résumé, l’argument est le suivant : utiliser les ressources naturelles de manière durable en légalisant leur exploitation (visée libérale classique). Difficile de s’en convaincre, mais restons-en à l’exposition des faits, l’argument principal : le « progrès » via l’exploitation.

En effet, sous couvert d’une meilleure protection environnementale de la région, c’est surtout le développement économique de cette dernière qui intéresse la député. Ce reclassement en APA accompagne parfaitement le projet de construction d’une autoroute entre Cruzeiro do Sul (AC) et Pucallpa au Pérou : à savoir « l’occupation humaine », selon les mots de Mara Rocha. Mais, la région de l’Acre n’est-elle pas déjà habitée par des êtres humains, les peuples indigènes et populations traditionnelles ? Pas selon la députée qui fait surtout référence aux touristes et commerçants puisque, selon elle, la priorité revient au tourisme. La région de la vallée du Juruá ayant un grand potentiel touristique, il serait indispensable d’y créer les infrastructures appropriées – c’est-à-dire des propriétés privées – afin de satisfaire le confort du touriste… mais cet étalement urbain en pleine nature sauvage sera déclaré « durable » ! Quant au projet de route, il sera accompagné par l’Institut de l’Environnement d’Acre (IMAC) afin de suivre « tous les rites de la loi environnementale » selon les dires de son directeur André Hassem.

Dans un village Ashaninka … les regard, inquiets, sont portés vers l’avenir. Crédit photo : J.ORAIN

… Autrement dit, exploiter les richesses naturelles de la région sans se préoccuper des conséquences sociales et environnementales

Après avoir pris connaissance du discours officiel, passons à l’analyse du projet de loi. De nombreux experts brésiliens s’y opposent fermement, et notamment des biologistes de terrain tel que Carlos Peres. Selon le chercheur brésilien, nommé « leader environnementaliste pour le nouveau millénaire » par le magazine Time en 2000, ce projet n’est pas sensé :

« Je pense que l’auteure de ce projet, qui me semble extrêmement mal conçu, ne sait pas que Serra do divisor est très probablement l’unité de conservation la plus riche en biodiversité du pays et que le brésil est le pays le plus riche en biodiversité de la planète »

Après avoir coordonné une expédition dans la région de 25 jours en compagnie de 34 autres chercheurs, son résultat est sans appel : il considère la proposition de loi comme absurde. L’APA est en effet l’opposé du PARNA. Parmi les douze catégories de « zones protégées», le chercheur Heron Martins affirme que les APA se situent parmi les plus déboisées. À titre d’illustration, selon l’Institut National de Recherche Spatiale (dont le directeur a d’ailleurs été licencié par Bolsonaro en août 2019) , l’APA Triunfo do Xingu – au Para – a déjà été déboisée à hauteur de 5841 km2. Quant à la région de l’Acre, les deux APA existants ont déjà subi le déboisement de plus de 50 % de leur superficie. Outre l’impact écologique direct et indirect sur le climat, cette réduction de l’espace naturel des êtres vivants s’attaque de front à une biodiversité déjà fragile. Les faits parlent d’eux mêmes.

En ce qui concerne la réduction de la Resex Chico Mendes (située dans les municipalités d’Assis Brasil, Brasileia, Capixaba, Epitaciolândia, Rio Branco et Sena Madureira), sa réduction de 8000 hectares reviendrait pour le Brésil à faire un retour en arrière considérable, et non sans conséquences, concernant la protection et la défense des populations locales. Alors qu’au même moment déjà sept pays d’Amérique Latine ont ratifié l’accord Escazú, dernièrement l’Assemblée nationale d’Equateur, dont l’objectif principal consiste à protéger les défenseurs des droits de l’homme en matière d’environnement. Le Brésil, à contre-courant ? Certainement. Le décret 98 897 du 30 janvier 1990 a en effet défini les réserves extractives comme « des espaces territoriaux destinés à l’exploitation et à la conservation durables des ressources naturelles renouvelables par les populations extractives ». Et il a justifié: «… Les plans de conservation de l’environnement pour l’Amazonie n’ont pas pris en compte, dans le passé, l’existence de populations locales qui habitent la forêt, lui enlevant des moyens de vivre, utilisant des techniques non prédatrices […] le développement n’a pas reconnu, par le passé, la contribution positive que les populations extractives peuvent apporter à la richesse nationale ». Or, en évoquant ce projet de loi, la députée fédérale Mara Rocha ne semble pas prendre en compte les populations locales et leurs droits. Le tout sous couvert de la promesse de « développement ». Or respecter cette promesse revient, quelque soit le gouvernement à travers le monde, à accepter les conséquences sociales et environnementales désastreuses qui vont avec.  C’est en ce sens que le projet Montagne d’Or (Guyane française) sous Emmanuel Macron, condamné par l’ONU, a été abandonnéCe qui n’empêche pas l’orpaillage illégal de continuer à se développer en Amazonie françaiseNous touchons ici aux limites du mythe du développement.

Les peuples indigènes sont les gardiens de la Nature dit-on ? Ces jeunes enfants semblent le prouver. Crédit photo : J.ORAIN

Développement et progrès, mais à quel prix ?

Ce développement économique induit donc directement la destruction des ressources, l’exploitation intensive des surfaces et, plus généralement, l’accaparement capitaliste des ressources locales. C’est en ce sens que les Ashaninkas, voisins du Parc national Serra do Divisor, s’opposent au projet de loi visant à reclasser le Parc National Serra do Divisor. Or, plus généralement, existe-t-il réellement de promesse de « développement » qui soit viable en termes social et environnemental ? Difficilement pas.

À titre d’exemple, en Equateur, sous couvert de promouvoir la nouvelle ère de développement du pays, le président actuel Lenín Moreno souhaite mettre en exploitation la première mine à ciel ouvert du pays. La « deuxième plus grande mine d’or au monde ». Ça vous fait rêver ? Nous, pas vraiment. D’autant plus lorsque l’on sait que le projet aurait des effets dévastateurs, notamment pour les peuples indigènes tel que les Shuars, mais aussi sur les sources hydriques du pays alors même que celles-ci sont vitales à la biodiversité de l’Amazonie équatorienne. « Développement » ? Les communautés indigènes n’y croient pas. Ou du moins elles n’y croient plus, depuis que l’industrie du pétrole a dévasté l’Amazonie au nord du pays ; alors que ses promoteurs faisaient les louanges du futur développement économique de la région dans les années 1960.

Les peuples indigènes du Brésil sont déterminés dans leurs luttes quotidiennes. Crédit photo : S.GUIRAUD

Le modèle de développement mis en œuvre par les Ashaninka, accompagnés de l’association Amazonia, est à l’inverse inclusif puisqu’il est porté par les populations autochtones elles-mêmes (projets d’artisanat, agroforesterie sous couvert de la forêt primaire, etc) afin de ne plus dépendre de l’aide internationale et d’améliorer leur qualité de vie (mobilité, santé, travail, éducation). Or, lorsqu’elles sont évoquées par des représentants politiques (qui, on le rappelle, ne représentent bien souvent qu’une élite), les notions même de croissance, progrès ou développement paraissent intrinsèquement opposées à la justice sociale et climatique.

Dans ce cas précis, le projet de reclassement aurait pour conséquence, via l’extension de l’élevage intensif de bovins, d’augmenter la déforestation et, par conséquence, de menacer le territoire des populations locales. La construction de la route, en parallèle, permettrait l’accès à la région, et donc la création d’un tourisme de masse, bien peu préoccupé par la préservation d’une des régions les plus riches en biodiversité au monde. Et pour ceux qui auraient pour argument de vouloir aller faire du tourisme en Amazonie avant qu’elle ait totalement disparue, notre avis est égal à celui concernant le tourisme de masse en Antarctique. De quoi être très sceptique.

Toute idée de croissance économique est incompatible avec les enjeux environnementaux actuels dans le cadre économique actuel. Éclate alors le mythe de la croissance verte qui permettrait d’exploiter toujours plus sans laisser de trace. Il s’agit alors d’abandonner le schème de pensée capitaliste pour penser un système alternatif, où les préoccupations environnementales seraient au centre de toute décision politique. La décroissance n’est aujourd’hui plus une option mais une nécessité absolue si l’on souhaite minimiser un tant soit peu le désastre. Aussi, abandonner l’idée de développement économique dans les régions du monde les plus préservées, c’est laisser l’Amazonie et plus largement le monde naturel aux mains des populations locales, soit les plus aptes à protéger l’environnement.

Des enfants en totale harmonie et respect pour la Nature. Crédit photo : J.ORAIN

Des voix s’élèvent contre ce projet de loi

De nombreuses voix, de peuples indigènes comme d’experts, s’élèvent ainsi contre le projet de loi de la député fédérale de l’Acre Mara Rocha. C’est pourquoi Lucas Matos, ingénieur forestier, a créé une pétition électronique à destination du ministre de l’environnement Ricardo Salles ; laquelle a déjà atteint plus de 83000 signatures. Il s’explique :

« Cette proposition met en péril le plus grand patrimoine écologique de l’Acre et l’une des plus grandes zones de biodiversité du monde. Elle ouvre la voie à l’exploitation illégale du bois et de la pierre ponce, à la déforestation et au bétail dans le paradis écologique de l’Amazonie »

Les Ashaninkas, voisins du PARNA, s’inquiètent de ce possible reclassement. Plus généralement, les peuples indigènes et communautés traditionnelles amazoniennes du Brésil se sentent menacées au quotidien depuis l’élection du président Jair Bolsonaro. À tel point que 47 d’entre elles, dont les Ashaninkas, s’unissent aujourd’hui pour (re)former une alliance des Peuples de la Forêt et opposer un front commun à la politique dévastatrice du président. C’est cette alliance – et plus précisément, le comité Chico Mendes – qui va manifester, le 12 mars (jour de l’anniversaire des 30 ans de la création de la Resex Chico Mendes), pour la défense de la réserve Chico Mendes et du parc national Serra Do Divisor. Afin de soutenir cette manifestation, qui ne sera sûrement pas la dernière, l’association française Amazônia a mis en place un crowfunding. Les peuples indigènes ont déjà mené de bien nombreux combats, et ils ne comptent pas abandonner.

Une jeune femme Ashaninka. Crédit photo : J.ORAIN

Une délégation de porte-paroles du peuple Ashaninka viendra d’ailleurs en France, à Nantes, du 1er au 5 avril via l’association française Amazônia. L’objectif ? Partager au plus grand nombre le témoignage des réalités vécues en Amazonie. Surtout, sensibiliser le public français aux actions que mènent les Ashaninkas au quotidien pour préserver l’Amazonie et à leur rapport à la nature, leur Terre-Mère.

Certes, à la lecture de cet article, le combat pour préserver l’Amazonie paraît peut-être insurmontable, perdu d’avance. Vous êtes sûrement à la fois remontés contre ces gouvernements écocidaires et ennuyés de ne rien pouvoir faire pour changer la situation depuis chez vous. Or, vous n’êtes pas impuissant. Comment passer à l’action ? S’informer, agir et s’engager. Amazônia vous donne gratuitement l’opportunité de rencontrer les Ashaninkas, lors de deux conférences. Plus rare en province (Nantes) qu’à Paris, nous vous encourageons à saisir l’occasion pour en apprendre plus sur ce peuple indigène, ses luttes et son engagement sans faille pour protéger la Pachamama (« Terre-Mère »). L’inscription se fait en ligne. Aussi, vous pouvez adhérer à l’association afin de la soutenir dans ses actions et luttes quotidiennes auprès des peuples indigènes et natifs d’Amazonie. Ou bien apporter une aide directe aux défenseurs de la Nature contre ce projet de loi écocidaire, via ce crowfunding.

L’association Amazônia au Brésil, en terres Ashaninka. Crédit photo : J.ORAIN

-Camille Bouko-levy

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