Publié avant le sommet Choose France et le début du Forum économique mondial de Davos, le dernier rapport d’ATTAC en partenariat avec l’Observatoire des multinationales intitulé Les grandes entreprises françaises : un impact désastreux pour la société et la planète ! illustre les disparités les plus frappantes qui traversent notre société et comment le CAC 40 tire son épingle du jeu dans une société en crise.
Au lendemain de trois mois d’une révolte sociale d’ampleur alimentée par le sentiment d’injustice et qui continue de faire la une de l’actualité française, ATTAC et l’Observatoire des multinationales dressent un bilan particulièrement critique de la répartition des richesses en France et de l’engagement des plus grandes entreprises pour la société. Les auteurs du rapport coordonné par Dominique Plihon et Pierre Grimaud rappellent, chiffres à l’appui, les inégalités importantes entre les salariés et les patrons, s’inquiètent des techniques d’évitement de l’impôt déployées par les entreprises du CAC 40 et critiquent le peu de volonté de ces entreprises à engager des politiques plus ambitieuses en faveur de l’environnement.
Les éléments avancés par ATTAC et l’Observatoire des multinationales soulignent la facture qui traverse la société française contemporaine. Et pourtant, les personnes au pouvoir ne semblent pas avoir pris la mesure de la situation : « Pour tenter de calmer la révolte populaire, Emmanuel Macron a pris des mesures purement cosmétiques qui ne remettent pas en cause les inégalités qu’il a creusées par ses cadeaux fiscaux aux ultra-riches et aux multinationales », déplorent ainsi les auteurs du rapport dans leur conclusion. Voici les 7 sept chiffres clés de l’étude, qui ne manquent pas de faire mouche en plein conflit social.
⁉️ Quelle #JusticeFiscale alors que les entreprises du #CAC40 ont plus de 2 500 filiales dans les #ParadisFiscaux et payent moins d’impôts aujourd’hui qu’en 2010 ?https://t.co/Ng2qjwvEJY
— Attac France (@attac_fr) 20 janvier 2019
1) 251 années de travail
Pour un.e salarié.e de Carrefour, il faut 251 années de travail pour gagner autant que son patron en une année. Pour contrer le phénomène, Attac propose de plafonner les écarts de rémunération, par exemple de 1 à 10 au sein d’une même société.
2) 6,4 % de baisse d’impôts
Entre 2010 et 2017 : les impôts versés par les entreprises du CAC 40 ont baissé de 6,4 % en valeur absolue, alors que leurs bénéfices cumulés ont augmenté de 9,3 %.
3) +44 % en 7 ans
Entre 2010 et 2017 toujours, les dividendes versés aux actionnaires ont augmenté de 44 % en valeur absolue également sur la même période, tandis que leurs effectifs en France ont baissé de 20 %. Les salariés ne profitent pas de ces gains.
4) Plus de la moité déclarent des émissions de gaz à effet de serre en hausse
Sur les 40 entreprises du CAC40, 22 déclarent des émissions de gaz à effet de serre en hausse en 2017 par rapport à 2016. Certaines d’entre elles s’entourent de lobbyistes pour empêcher la mise en place de contraintes légales trop importantes à leur égard.
5) Inégalité avec les PME
Le taux d’imposition effectif brut des grandes entreprises était en 2014 de 26 % en moyenne, contre 32 % pour les PME. Or, les PME rencontrent souvent des difficultés pour perpétuer leurs activités, notamment en raison de charges trop importantes.
6) 2 femmes
Sur les 57 PDG, directeurs généraux et présidents du conseil d’administration qui dirigent les géants du CAC 40, il n’y a que deux femmes (Isabelle Kocher, directrice générale de Engie, et Sophie Bellon, présidente du conseil d’administration de Sodexo). Le milieu est par ailleurs, lui aussi, marqué par une grande disparité des salaires. À qualification égale, lécart moyen est de 18.6 % au détriment des femmes.
7) 20 % aux énergies renouvelables
70 % du financement des grandes banques dans l’énergie vont aux énergies fossiles, contre seulement 20 % aux énergies renouvelables.
8) 2500 filiales dans les paradis fiscaux
En 2017, les entreprises du CAC 40 ont déclaré 16240 filiales, dont 15% dans des territoires identifiés comme des paradis fiscaux, soit près de 2500. Ces pratiques d’évitement de l’impôt posent un problème de démocratie et interrogent l’égalité des contribuables face à la solidarité nationale.
Pour consulter le rapport dans son intégralité, ici.
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