Face à la sortie incessante de nouveaux smartphones à l’impact environnemental dramatique, de jeunes français ont lancé le Mouvement de Résistance des Précédents Smartphones. Son principe est simple : lutter contre l’obsolescence et encourager les consommateurs à vivre simplement et/où à choisir des téléphones plus durables comme le Fairphone.
Tout le monde a déjà entendu parler de l’obsolescence programmée, cette technique qui serait pratiquée dans l’ombre par certains industriels pour rendre inutilisables nos objets afin de nous pousser à consommer de nouveaux produits. Il existe pourtant un autre type d’obsolescence, bien pire encore, et pourtant invisible : l’obsolescence perçue ou sociale.
Dans le domaine du smartphone, la majorité des consommateurs va décider d’acheter un nouvel appareil alors que leur actuel fonctionne encore parfaitement. Cette mode de consommation est relativement nouvelle dans l’histoire. Elle puise sa force sur une matérialisation toujours plus importante de nos rapports sociaux. Dans la « bonne » société, avoir, c’est exister.
Si le fait de posséder a toujours été un marqueur social, il faut désormais posséder certaines marques et surtout s’assurer de l’éternelle nouveauté de ses achats. C’est ainsi qu’un grand nombre de consommateur vont passer d’un modèle à l’autre, souvent de la même marque, pour rester à la pointe de la technologie, et inconsciemment ou non, conserver l’illusion d’un statut social qui ne repose, tout comme la valeur monétaire, que sur la valeur collective qu’on lui donne.
Pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un aveuglement collectif, les fondateurs du site Back Market ont lancé une campagne en faveur des vieux téléphones. Leur objectif, déconditionner en faveur de produits reconditionnés, donc d’occasion. Ils tentent tant bien que mal de rendre mainstream la consommation de produits ressuscités. Il est vrai qu’au delà de « l’abstinence », encourager le marché de l’occasion, notamment à travers les brocantes, semble une alternative parmi d’autres pour ralentir la course à la consommation de nouveaux objets usinés.
« En lançant ce projet, on s’attaque à l’obsolescence psychologique des produits. Les constructeurs sortent de nouveaux produits tous les 6 mois avec des PUB swaggy pour nous dire que notre produit est aussi dépassé qu’une belle mère un soir d’automne. Notre réponse, redorer le blason des précédents modèles qui fonctionnent parfaitement ! » nous explique, non sans humour, Thibaud, le co-fondateur.
Chaque année en France, plus de 622 millions d’équipements électriques et électroniques neufs inondent le marché. Conséquence logique de cette sur-consommation : chaque français produit en moyenne 21 kg de déchets électriques et électroniques (DEE) par an (source : StEP, en partenariat avec les Nations Unies). Sur ces 21 kg, seuls 6,9 kg (soit moins de 30%) sont actuellement collectés par les éco-organismes. Soit « seulement » 455 000 tonnes sur les 1,55 millions de tonnes de DEE au total (source : Ademe).
Fondée par trois amis fascinés par les bouquins de Rifkin, le projet Back Market (marché noir) est fondé sur le principe de l’économie circulaire. Leur projet est né d’un constat : « S‘il est désormais aisé d’être écolo quand on achète des légumes… il est difficile de contribuer à préserver la planète lorsqu’il s’agit d’investir dans une machine à laver ou un smartphone. » 2 mois plus tard, le projet Back Market était lancé.
Pour l’humour (et alimenter leur campagne de communication), les fondateurs de la jeune start-up française on lancé une « hotline » pour aider les consommateurs sur le point de succomber à une vilaine tentation consumériste : 07 83 12 39 66. Ils concluront notre échange sur ces mots : « Si votre smartphone fonctionne ne l’abandonnez pas ! Offrez lui une coque, protégez le ! Si vous avez besoin d’un Smartphone, adopter en un d’occasion !« .
Source : black market