Alors que nous sommes entourés de smartphones, d’ordinateurs et d’électroménagers énergivores, avec une obsolescence souvent programmée, qui regorgent de composants dont l’extraction est polluante et qui implique le travail d’êtres humains dans des conditions déplorables, la solution se trouve-t-elle dans les low-tech ? C’est ce que défend François Courtois, co-fondateur d’Eclowtech, jeune entreprise coopérative qui souhaite rendre accessible des technologies du quotidien en minimisant l’impact environnemental. Il nous présente sa douche solaire, leur premier projet ayant vu le jour au sein de la coopérative.
« C’est un peu un pari de faire une entreprise autour des low-tech », concède d’entrée François Courtois, l’un des trois co-fondateurs d’Eclowtech, alors que le reste du monde court derrière l’innovation et la compétition. Pourtant, le défi est bien là : montrer qu’il est possible d’un point de vue économique de développer des basses technologies. C’est de toute manière une nécessité, selon lui, au regard de la crise environnementale.
C’est dans cette philosophie, qu’il s’agira de valoriser des matériaux provenant de la récupération de déchets d’entreprise ou de particuliers (bois, chutes de plastique, etc) pour construire des objets utiles du quotidien et commercialiser des produits éco-responsables, polyvalents, peu onéreux et accessibles à tous en lien avec la gestion de l’eau et de l’énergie. On est ici dans le strictement fonctionnel, le côté design n’étant pas vraiment élémentaire au low-tech. Première née des recherches des trois amis qui ont fondé Eclowtech : la douche solaire.
De l’eau chaude, sans électricité
Cette douche solaire, construite à partir de bois, de miroirs flexibles et d’un chauffe-eau recyclé fonctionne sans électricité. L’eau est chauffée à l’aide des surfaces réfléchissantes dont le rayonnement est redirigé vers le contenant (principe d’une centrale solaire thermique). Ce dernier étant bien isolé, il conserve la chaleur pendant la nuit. « L’installation est facile, elle peut être permanente ou non et se faire sur tout type de terrain » explique François qui défend une « solution peu onéreuse et durable dans le temps » qui « permet de profiter de tout le confort d’une douche en extérieur. Elle est idéale en été, agréable au printemps ou à l’automne ». Le système bénéficie de la pression du réseau. Le chauffe-eau et l’entrée d’eau froide de la douche sont branchés, en parallèle, à un robinet. L’utilisation d’un mitigeur permet de régler la température de sortie de la douche.
Dans un premier temps, le modèle ne sera disponible qu’à la location pour des entreprises et des sociétés organisatrices de festivals. Une première expérience grandeur nature a été menée en 2018 pendant le festival « Terre de son ». L’offre pourrait séduire les nombreux organisateurs qui cherchent désormais à rendre leurs évènements le plus écologique possible, que ce soit en passant par des gobelets réutilisables et des toilettes sèches, ou encore en se fournissant en électricité auprès des producteurs d’énergie dite verte. Afin de passer à la vitesse supérieure, et professionnaliser leur concept, Eclowtech clôturait avec brio une campagne de financement participatif en 2018.
Les low-tech pour répondre aux défis environnementaux et sociaux
On entend par low-tech – appellation construite par antonymie avec les « high-tech » – des solutions techniques qui se veulent simples, peu énergivores et réparables. Elles se prêtent à une construction locale, avec des matériaux relativement abordables (de récupération si possible). Enfin, les objets sont généralement reproductibles sans difficulté y compris par une personne qui ne dispose pas de compétences particulièrement élevées en bricolage. Le low-tech est donc axé sur l’autonomie des individus et leur compréhension de la technologie.
La terminologie est employée dès les années 1970 dans le livre Small is Beautiful: A Study of Economics As If People Mattered de Ernst Friedrich Schumacher. Récemment, l’ingénieur Philippe Bihouix, a participé à populariser l’expression et à la remettre au goût du jour, défendant que le pic des ressources fossiles et minières ainsi que les pollutions associées à leur extraction et leur consommation nous obligent à développer des techniques plus soutenables, mais aussi plus émancipantes des individus.
François Courtois insiste d’ailleurs sur la dimension démocratique des « low-tech » parce que ces dernières participent à l’autonomisation des individus qui ne dépendent plus de multinationales ou d’industries pour répondre à un besoin déterminé. On veut « réfléchir avec les communes, les collectivités et les associations à l’installation de nouveaux produits selon leurs besoins. Conseiller des particuliers quant à l’installation de low-technologies. Accueillir sur notre site les personnes souhaitant concevoir leurs propres low-technologies. Contribuer à la formation d’artisans ou d’ingénieurs sur l’utilisation et la construction des low-technologies », explique-t-il.
Bref, les low-tech sont une façon de repenser de manière globale le modèle économique et social dans lequel nous vivons pour le rendre non seulement plus durable, mais également plus proche des citoyens et plus solidaire.
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