Depuis de longues années, l’Indonésie fait face à une déforestation majeure qui implique la disparition progressive de l’habitat naturel de nombreuses espèces. Cette déforestation est à mettre à la charge des multinationales peu soucieuses du désastre environnemental tout autant que des consommateurs qui se soucient peu de ce qu’ils achètent. Dans la balance économique de cette industrie, les écosystèmes ne font simplement pas le poids. Une grande partie de cette déforestation est illégale et imputable aux braconniers qui pillent les ressources des forêts tropicales. Alors, pour enrayer ce véritable écocide, des citoyens ont décidé de s’engager dans la lutte contre le braconnage et arpentent les forêts 15 à 20 jours par mois en quête de justice environnementale… Portrait.

Un visage double

Un territoire qui fait presque quatre fois celui de la France, d’immenses forêts tropicales à perte de vue, une biodiversité dont la richesse a traversé le temps, voici le portrait brossé d’une Indonésie vendue aux touristes. Mais dans les coulisses de cet éco-spectacle, la réalité montre parfois un visage bien plus cruel. Ainsi, l’Indonésie est, devant le Brésil, le plus grand fossoyeur de forêts vierges. Les étendues sauvages font notamment place à des plantations destinées à produire du papier ou de l’huile de palme. Rien de bien original.

Les animaux comme les éléphants, les tigres ou les orangs-outans sont, quant à eux, braconnés, tantôt pour leur peau, tantôt pour l’ivoire qu’ils promettent. Si ceux-ci sont le symbole malheureux de cette déforestation, il ne faudrait pas oublier les nombreuses autres espèces qui vivent dans ce décor à l’origine idyllique. Une importante partie de la déforestation que subit l’archipel est totalement illégale et demeure aujourd’hui un problème que les autorités locales ont bien du mal à éradiquer. Ce « laissez-aller » s’explique par le manque de moyens, de ressources, et l’étendue du territoire à couvrir.

display-donasi-9f0ff76e647085bcImage : WWF Warrior

Des ONG et villageois engagés

Qu’à cela ne tienne, des ONG locales ont décidé, ce depuis 2012, de prendre l’épineuse problématique à bras-le-corps. Des habitants de la région de Trumon, appuyés l’an dernier par le soutien de l’USAID (Agence des États-Unis pour le développement International), patrouillent désormais dans la forêt tropicale à dos d’éléphant, afin de garantir sa sauvegarde.

Ces individus qui ont abandonné leurs habits de villageois pour revêtir celui d’éco-résistants sont appelés des « mahout » localement (désigne à l’origine les personnes qui s’occupent d’éléphants employés pour divers travaux ou transports dans la forêt).

Le projet prenant de l’ampleur, ce sont désormais plusieurs vingtaines de villageois qui ont troqué leur vie pour assurer la pérennité des terres voisines. Mais si ce projet se veut être une veille citoyenne, il est également pédagogique. Les responsables prodiguent des séances de formations sur le développement de l’écotourisme aux habitants de la région, souvent mal informés sur les divers moyen de subsistance autres que le braconnage ou la coupe de bois illégale.

- Pour une information libre ! -Soutenir Mr Japanization sur Tipeee

Cette initiative connait un franc succès et suscite l’enthousiasme des autochtones, déclare Tisna Nando, porte-parole de l’USAID : « Ils voient qu’ils peuvent bénéficier économiquement de la protection des forêts dans la région, plutôt que de couper des arbres. »

Les initiatives citoyennes se multiplient à mesure que l’information et la sensibilisation aux problèmes environnementaux gagnent du terrain. Celle-ci est un exemple parmi bien d’autres de ce que peuvent accomplir une poignée d’hommes décidés à ne plus subir une situation, à ne plus rester amorphes tandis que la nature se meurt. Le message est clair : Anonymes du monde entier, devenez des acteurs engagés du changement !


Source : nouvelobs.com / lesoir.be / Image à la une de Sergei Uriadnikov (INDONESIA, IRIAN JAYA, ASMAT PROVINCE, JOW VILLAGE)

- Cet article gratuit et indépendant existe grâce à vous -
Donation