Si elles sont pour certains les pires ennemies des côtes et des baignades de touristes, les méduses pourraient bien ouvrir de nouvelles voies en terme de production d’énergie solaire. La recherche en biosolaire en est encore à ses balbutiements, mais la découverte scientifique réalisée par un laboratoire universitaire américain pourrait annoncer de belles choses pour l’avenir. De la méduse bientôt sur nos toits ?
La photosynthèse à la rescousse du solaire
La transition énergétique est un des enjeux majeurs auxquels nous allons devoir faire face dans les années à venir. C’est pourquoi ces dernières années, nos villes et nos campagnes ont pu voir fleurir sur les toits et dans les champs les dispositifs permettant de se fournir en énergies dites « vertes » : solaires, éoliennes, ou hydroélectriques. Cependant, la fourniture d’énergie par ces biais reste encore loin d’être optimale : pour chaque panneau solaire, par exemple, il faut une utilisation moyenne de 1 à 5 ans (variable selon l’ensoleillement) afin que l’énergie grise qui a été fournie pour le construire soit amortie. Les énergies renouvelables, comme toutes les énergies, sont partiellement dépendantes de ressources primaire diverses. Afin de trouver les alternatives de demain encore plus efficaces, les scientifiques ont donc commencé à se pencher sur une nouvelle façon de générer de l’énergie au travers de phénomènes biologiques trouvés directement dans la nature : le biomimétisme en science.
Ainsi, Barry Bruce, professeur de biochimie et de biologie cellulaire à l’université du Tennessee, a récemment dévoilé sa découverte concernant les méduses fluorescentes et leur capacité étonnante à la photosynthèse. Répondant du domaine du biosolaire, sa découverte s’ancre dans les (encore rares) recherches qui tentent de trouver des moyens biologiques de générer de l’énergie solaire, et donc de fabriquer des panneaux solaires à partir de matières organiques — ou plus précisément de molécules déjà présentes dans les plantes, et divers animaux capables de faire de la photosynthèse. Le domaine de la technologie biosolaire cherche ainsi à révolutionner la production d’énergie solaire en la rendant moins dépendante de ressources minérales par exemple.
Des méduses sur les panneaux ? Pas tout à fait
Dans cette optique, Barry Bruce expérimente actuellement l’utilisation de la protéine fluorescente verte (GFP en anglais) trouvée dans les méduses. Cette substance, qui fait briller les méduses, produit un courant électrique lorsqu’elle est placée sur une électrode en aluminium et exposée à la lumière ultraviolette — une découverte faite il y a six ans par le scientifique suédois Zackary Chiragwandi. Au sein de son «Bruce Lab» à l’Université du Tennessee, Barry Bruce cherche désormais des moyens d’extraire les composants où la photosynthèse se produit précisément, c’est-à-dire dans les cellules de la méduse. Le scientifique espère ainsi parvenir à isoler ces « centres de réaction » efficacement et à peu de frais afin de permettre la fabrication en masse de panneaux biosolaires.
Vous l’aurez donc compris, il ne s’agit pas tant de mettre les méduses à contribution sur nos toits. Il s’agit plutôt d’utiliser certaines bactéries et de s’inspirer des molécules responsables de la photosynthèse. Une idée qui commence à faire lentement son chemin dans les laboratoires de recherche : au printemps dernier, et pour la première fois, des chercheurs de l’Université de Binghamton de New York ont réussi à assembler 9 cellules solaires alimentées par cyanobactéries. Ce petit panneau solaire, révolutionnaire, a généré la plus grande puissance jamais obtenue par voie biosolaire à petite échelle : 5,59 microwatts. Certes, cela n’est pas encore suffisant pour faire tourner le lave-vaisselle, mais c’est un début.
Des efforts de recherche à poursuivre
À l’heure actuelle, le biosolaire en est à ses balbutiements, mais il pourrait bien constituer l’alternative la moins coûteuse et la plus à même de respecter l’environnement d’ici quelques années. À travers le monde, on ne compterait qu’une vingtaine de laboratoires à s’être déjà penchés sur la question, le solaire conventionnel occupant encore largement le devant de la scène (notamment pour des questions d’attraits économiques).
80% de notre électricité est actuellement produite à partir de combustibles fossiles. Un secteur qui représente un tiers des émissions qui sont à l’origine du changement climatique. Il est plus que jamais urgent de trouver des solutions. Encore faut-il chercher. Et pour cela, rien de mieux que de se pencher sur ce qu’offre la nature comme solutions.
Sources : Trueactivist.com / Salon.com / Sciencedaily.com