En Espagne, la coopérative de production d’énergies renouvelables Som Energia s’est développée en l’espace de six ans, devenant une alternative crédible aux grands producteurs d’énergie. Si la taille de la structure reste restreinte, le chemin parcouru par les fondateurs et les membres montre qu’à force de courage et de détermination, il est possible pour les acteurs du changement de faire fleurir des alternatives sociales et solidaires efficaces.
Lancée en 2011, la coopérative espagnole d’énergies renouvelables Som Energia a su développer un modèle économique soutenable, malgré les barrières qui pouvaient entraver sa réussite. S’inspirant d’un modèle qui a fait ses preuves aux Pays-Bas, en Belgique au Royaume-Uni ou encore au Danemark, la coopérative souhaitait proposer une électricité qui répondrait principalement à deux critères : un prix concurrentiel et une énergie produite uniquement à partir de sources renouvelables. Dans le même temps, l’idée des fondateurs était d’offrir aux ménages la possibilité de se rendre indépendants des gros producteurs d’énergie, alors qu’il n’existait aucune alternative au moment de la création de la coopérative.
Si les modèles de coopérative sont nombreux, ce type d’organisation peut-être le moyen de renouer un lien entre production et consommation. Dans le cas présent, le client n’est pas un simple consommateur : il s’engage au sein de la structure en participant aux décisions concernant sa gestion. L’intérêt pour les membres, c’est de pouvoir aboutir à un résultat qu’il ne serait pas possible d’atteindre seul : grâce au financement commun des infrastructures, des économies d’échelle importantes sont réalisées. Par ailleurs, les membres soutiennent directement par leur engagement la transformation du secteur de l’énergie en Espagne.
Un modèle innovant en Espagne
Depuis 2011, Som Energia vend de l’énergie issue de sources renouvelables à ses membres, faisant le pari de l’éolien, du solaire, du bio gaz ainsi que de l’énergie hydraulique. Si dans un premier temps la coopérative était contrainte de racheter cette énergie auprès d’autres fournisseurs, elle s’est progressivement rendue indépendante et produit à ce jour elle même une grande partie de l’énergie vendue à ses clients. Les sources d’énergie (éoliennes, panneau solaires, etc…) ont été construites à proximité des régions dans lesquelles les membres de la coopérative résident, ce qui accroît la résilience locale du projet. Ce qui est particulièrement remarquable, c’est qu’au moment où les premières lignes du projet ont été jetées sur le papier, il n’existait pas d’initiative similaire en Espagne.
La coopérative se distingue de ses concurrents car elle propose uniquement des énergies vertes. Dans les autres entreprises, le mix est constitué non seulement par des énergies renouvelables, mais également par des énergies conventionnelles. Rappelons que dans le pays, 35% de l’énergie produite l’était à partir de sources renouvelables au moment de la création de Som Energia (42% aujourd’hui). Ces chiffres assez impressionnants comparés au reste du paysage européen sont atteints grâce à un parc éolien très développé. Il faut toutefois souligner que le pays reste très dépendant des importations d’énergies fossiles à ce stade, mais détient une longueur d’avance sur beaucoup d’autres pays.
Un succès, malgré des conditions de départ peu favorables
Après 6 ans, rapporte 350.org, la coopérative possède 37.000 clients, 27.000 membres et produit suffisamment d’énergie pour répondre aux besoins annuels de 3200 familles. Ces résultats ont été acquis malgré la crise financière et les difficultés économiques qu’a traversé l’Espagne ces dernières années. En raison des restrictions budgétaire nationale, aucune subvention ou aide n’ont été accordées à la coopérative au moment de son lancement. De manière paradoxale, la coopérative a su profiter de la crise économique : depuis, une partie de la population est plus ouverte aux alternatives et se tourne vers ceux qui proposent de nouvelles solutions.
Par ailleurs, les fondateurs ont été obligés de se battre contre les nombreuses contraintes juridiques qui existent en Espagne lors de l’établissement de nouveaux acteurs sur le marché de l’énergie. L’une des principales difficultés réside dans l’existence d’un seuil de production minimum par jour, ce qui rend difficile pour des petites initiatives de se lancer dans le secteur et favorise les géants du marché. Pour cause, l’investissement de départ est donc particulièrement important. Malgré tout, l’engouement citoyen autour de projets solidaires qui remettent en question le système à l’origine de la crise financière ainsi que l’engagement des fondateurs sont devenus l’une des clés de la réussite de Som Energia.
Sources : 350.org / somenergia.coop / thenews.coop / Toutes photographies à la discrétion de Som Energia (Flickr)
