Scrutin majoritaire à deux tours, vote alternatif… les différents types de scrutin se valent-il vraiment ? Non, puisque selon celui que l’on va choisir les résultats peuvent être totalement différents. Or ce constat pose un réel problème, puisque les élus sont censés représenter les électeurs. Et si on s’était trompé depuis tout ce temps ? Démonstration et pistes de recherche avec David Louapre, créateur de la chaîne Youtube Science étonnante.

Difficile de ne pas voir le fossé qui s’agrandit dans les démocraties occidentales entre élus et représentés. En France, comme ailleurs, on est à la recherche d’un nouveau souffle démocratique, mais les alternatives peinent à se faire entendre. Les politiciens, pour leur part, sont très enclins à faire de grandes annonces sur le renouveau de la démocratie participative, mais les résultats concrets se font attendre.

Pour certains, l’un des problèmes majeurs, orientant les élections, serait le mode de scrutin. Par les mathématiques, ils démontrent en quoi ces derniers peuvent aboutir à des résultats absurdes, empêcher une bonne représentativité de la population, faire gagner un candidat qui n’était pourtant pas favori ou encore influencer la psychologie des électeurs en provoquant des votes stratégiques, des votes utiles ou des votes contestataires.

Le pouvoir invisible du mode de scrutin

À la recherche d’une formule parfaite, David Louapre explore les différents types de scrutin et les teste pour que l’on puisse se rendre compte de leurs avantages et de leurs inconvénients respectifs. Sa vidéo présentée ici interroge mais nous laisse tirer nos propres conclusions. Plus que de confirmer des certitudes ou de nous fournir des solutions concrètes, la vidéo nous invite à réfléchir,  à mettre en doute des systèmes bien établis et pourtant peu effectifs. Argumentés, les propos sont illustrés d’exemples concrets.

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Les différents types de scrutin peuvent en effet provoquer des résultats bien différents. Selon les cas, « les petits » électeurs peuvent avoir une plus ou moins grande influence sur le reste de l’élection ou un candidat peut-être désavantagé par rapport à ses concurrents, s’il gagne trop en popularité. Les paradoxes sont nombreux et David Louatre en cite quelques-uns. Ces paradoxes sont d’ailleurs mis en évidence de manière très synthétique et accessible par le créateur de la chaîne Youtube Les statistiques expliquées à mon chat. Ce dernier simule dans une vidéo une élection dans laquelle on compterait cinq candidats et il montre que chacun d’entre eux peut prétendre à la victoire selon le mode de scrutin choisit.

Faut-il changer de système de scrutin en France ?

Pour David Louapre il faut donc innover et se tourner vers d’autres types de scrutin plus élaborés. En guise de conclusion et pour ouvrir le débat, il présente la méthode dite du jugement majoritaire, une forme de scrutin qui permet d’éviter les défauts que présentent ceux qui sont communément utilisés aujourd’hui. Chaque électeur attribut à chaque candidat une mention parmi sept comprise entre « excellent » et « à rejeter ». Les candidats sont ensuite départagés en établissant pour chacun d’entre eux la motion majoritaire, c’est à dire celle qui est approuvée par au moins 50% de l’opinion. De cette manière, chaque candidat est jugé individuellement et selon une grille précise, sans que les petites candidatures n’aient d’influence sur le reste des élections. Si l’on ne peut pas exclure des comportement tactiques de la part des électeurs, leur influence est cependant moindre, comme l’explique David Louapre dans la vidéo et sur son blog.

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Les différents exemples de la vidéo mettent en lumière un vrai problème. Cependant, ce serait se mentir que de considérer qu’un changement dans le type de scrutin pourrait modifier profondément le paysage politique et la distance que nous évoquions plus haut entre les électeurs et les politiques. D’autres mécanismes aboutissent à une mauvaise représentation ainsi qu’à un climat de méfiance. On peut penser à la toute puissance de certains partis politiques, à la reproduction des élites ou encore à l’accumulation de scandales. Une simple modification du fonctionnement du scrutin n’apparait donc pas suffisante pour donner une plus grande place aux citoyens dans le débat démocratique.


Sources : democratienouvelle.ca / vie-publique.fr

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