Elle s’appelle Francine, elle a 86 ans et elle est une primatologue reconnue pour ses travaux importants sur les orangs-outans (famille de grands singes avec les chimpanzés et les gorilles). La chercheuse a d’ailleurs créé un refuge en Indonésie pour les espèces menacées, où elle et son équipe accueillent aussi bien ces primates que des tigres ou encore des éléphants. De passage en France fin décembre, elle fut recueillie par le SAMU social de Paris alors qu’elle était à la rue, sans domicile… Que s’est-il passé ? Quelle est la situation de Francine Neago aujourd’hui ?
Son histoire
Si Jane Goodall a consacré sa vie aux chimpanzés, Diane Fossey aux gorilles, Francine Neago a quant à elle voué ses recherches et son existence aux orangs-outans. Ces derniers, tout comme d’autres espèces, sont en effet extrêmement menacés par l’expansion des cultures de palmiers pour la production d’huile de palme. Après avoir étudié les sciences et la médecine, c’est en 1963 que Francine décide de s’installer en Indonésie afin de se consacrer à ses recherches et à la création de son futur centre de sauvetage. Elle était basée depuis un certain nombre d’années à Sumatra en Indonésie, où elle se battait chaque jour pour la sauvegarde de ces grands singes.
Francine Neago fait office de figure dans son domaine de recherche. Elle a effectué de nombreux travaux et est l’auteure de pas moins de onze ouvrages sur les spécificités des singes. Elle est notamment connue pour avoir inculqué la langue des signes à un orang-outan et d’après les informations du journal l’Humanité : « Elle est la première à avoir appris à parler phonétiquement à un singe, Bulan, et a conçu une méthode informatique pour communiquer avec les orangs-outans. »
Son centre de sauvetage (Noah et son arche) situé en Indonésie accueille aujourd’hui de nombreux animaux en danger, notamment en raison de la déforestation massive liée aux industries locales dont les produits sont destinés à l’occident (voir le film GREEN). En 2007, elle avait déjà fondé un premier centre de sauvetage à Bali, le Bali Endangered Animal Rescue. Mais la spécialiste multiplie encore les projets en Indonésie, comme celui de créer une salle d’opération ou encore un centre de secours uniquement réservé aux orangs-outans. Par le passé, Francine a également enseigné à l’université californienne UCLA. Aujourd’hui, elle désire par-dessus tout poursuivre son œuvre, mais sa passion fut entravée dernièrement pour des raisons d’administration…
Capture d’écran (Orangs-outans du centre de Francine Neago) : VIDEO
De l’Indonésie aux rues de Paris…
La fameuse primatologue était revenue fin décembre 2015 sur le sol français afin de faire rétablir son allocation de solidarité de 800 euros, suspendue en raison d’une nouvelle règle administrative. Cette loi exige que la personne bénéficiaire de cette maigre aide vive en France pour une durée d’au moins six mois par an. C’est avec ces 800 euros par mois que Francine fait pourtant tourner son centre de sauvetage dans lequel elle injecte 90 % de ce montant. Pensant régler cela en quelques jours et ne bénéficiant que de très peu de fonds, Francine Neago s’est vite retrouvée face aux décisions froides et bornées de l’administration française. L’octogénaire va soudainement se retrouver dans une situation d’extrême précarité qui la conduira au SAMU Social, l’empêchant également de pouvoir regagner l’Indonésie et son centre de sauvetage.
Cette situation intolérable et alarmante n’a pas laissé indifférent l’opinion générale, dont la communauté internet. Une mobilisation citoyenne conséquente s’est mise en place ses derniers jours et Francine n’est pas restée bien longtemps dans la rue. À ce jour, elle est hébergée dans un hôtel parisien grâce à de généreux donateurs et pourra très bientôt retrouver ses animaux et sa vie normale. En effet, son histoire a rapidement interpellé les médias sociaux qui, en relatant ses mésaventures, ont permis d’amorcer un vent de générosité. Plus largement, cette triste histoire a alerté l’opinion sur la précarité qui ne cesse de gagner du terrain, n’épargnant pas les personnes les plus âgées et fragiles. C’est également un coup de projecteur inespéré sur la préservation de l’environnement rongé par la gourmandise industrielle.
Une collecte de fonds et quelques pétitions ont ainsi vu le jour : www.aiderfrancine.org et le Musée d’Histoire Naturelle de Paris semble vouloir porter main forte à Francine. « Le Muséum d’histoire naturelle a décidé de l’aider dans ses démarches. En coordonnant les appels à dons et pétitions qui ont fleuri sur Internet. Surtout, Norin Chai, responsable du service vétérinaire de la vénérable institution, a créé un comité de soutien officiel. Le vétérinaire, à la tête de l’association Yaboumba, s’engage à créer un centre de sauvegarde des orangs-outans. » peut-on lire dans l’article de humanite.fr.
Grâce à cette forte mobilisation, Francine Neago va pouvoir rapidement retrouver les animaux, les orangs-outans, l’Indonésie, sa vie et tous ses projets dans l’air du temps !
Sources : humanite.fr / nouvelobs.com / france24.com / francineneago.com
