Le 21 Décembre 2012 fut une date qui aura marqué bien des esprits. Pour beaucoup, elle devait sonner la fin du monde tel que nous le connaissons. Des médias peu fiables s’emparent du phénomène et les réseaux sociaux ont fait monter la pression. L’apocalypse soi-disant prédit par les Mayas n’aura pourtant pas lieu. En lieu et place du feu d’artifice que nous promettaient certains apôtres, un joli pétard mouillé. La vie a suivi son immuable cours, laissant derrière elle les ruines d’une pseudo-prophétie. Paradoxalement, les grands oubliés de ces turbulences prophétiques sont les Mayas eux-mêmes.
La voix des Mayas, un reportage signé Christian Doninelli, appuyé par Samuel Déjardin et Jérôme Jeusset, tente de rétablir une certaine justice. On vous propose de partir à la rencontre de ces peuples dont la voix fut étouffée par l’agitation collective. L’occasion également de rappeler la situation politique et sociale difficile dans la région.
« Mais pourquoi tant de gens se rendent malades, se suicident et se torturent à cause de 2012 ? Parce que pour vous c’est la fin du monde, mais je ne suis pas d’accord avec ces informations. Parce que dans le monde Maya, nous ne connaissons pas cette date (…), il n’y a pas de fin du monde ». Voilà ce qu’en pensent les descendants des Mayas.
Dans la réalité, si ce n’est pas la fin du monde, c’est certainement la lente fin d’un monde pour les Mayas. Les traditions ancestrales tombent en désuétude, les croyances chrétiennes importées par les colons s’imposent partout, la mondialisation engloutit littéralement la culture Maya et la pauvreté pousse de plus en plus les jeunes générations à abandonner les terres de leurs ancêtres.
Image : Rachel Metea
Hormis l’agriculture, le tissage est un des seuls revenus possibles qui doit aujourd’hui faire face à la concurrence des produits importés. Tout est régi par l’économie et la survie. Avec l’émigration des jeunes vers des cieux plus cléments, le terreau culturel disparait peu à peu au profit de l’espoir d’un eldorado mais aussi d’une vie forcément plus facile.
Ce reportage est l’occasion d’en apprendre davantage sur ces populations longtemps mises sur le bas-côté de la société Guatémaltèque, pratiquement dépourvues de droits civiques et longtemps soumises aux exactions en tout genre. Mais comme l’estime le guide qui accompagne le reporter dans son périple, « ils peuvent couper toutes les fleurs qu’ils veulent, ils n’arrêteront jamais le printemps ».
Si 2012 ne fut pas la fin du monde, ce siècle pourrait être la fin de ces cultures vernaculaires. Tata Pedro, prêtre Maya, raconte : « On va bientôt voir un changement d’époque, on arrive à des temps où il ne semble pas y avoir de solution. La violence semble inéluctable comme ici au Guatemala où le pays est miné par le crime organisé. Mais cette génération doit se terminer, il doit venir des personnes importantes qui nous apporteront la paix (…), une fois cette génération finie, il y aura des générations de paix. » Un discours certes religieux, mais résolument optimiste. Reste à espérer que la misère ne fasse pas place à la violence.
Sources : www.nawalprod.tv / image à la une : pinterest.com