En 2016, l’association One Voice a alerté sur les conditions de traitement épouvantables des lapins angoras dans un élevage français. Malgré l’urgence de la situation, cet éleveur situé en Loire-Atlantique continue de faire subir des atrocités aux lapins en arrachant leurs poils sans se préoccuper de leur bien-être. A nouveau, One Voice montre au créneau et a engagé deux nouvelles procédures en France et dans l’Union Européenne.
Il y a sept ans, l’association One Voice (qui milite pour les droits des animaux) a mené une enquête infiltrée chez un éleveur de lapins angoras situé en Loire-Atlantique. Sur place, les enquêteurs ont été sous le choc. Pour prélever leurs poils, les éleveurs attachaient les lapins sur des planches en bois, en écartant et en tirant sur leurs pattes, et arrachaient leurs poils avec un peigne. Une véritable torture pour ces animaux, qui hurlaient de douleur et essayaient de fuir. Le lapin est d’ordinaire un animal très discret qui utilise sa voix qu’en cas d’extrême danger, ce qui témoigne de la violence de cet élevage.
Pour dénoncer et condamner ces atrocités, One Voice a dévoilé son enquête au grand public et a diffusé des images des conditions de vie des lapins en 2018 et 2020. Malgré cela, l’élevage des lapins angoras se poursuit et rien n’a changé. Dans cette exploitation, seules les lapines sont concernées, puisque ce sont elles qui ont le plus de poils. Les mâles sont quant à eux tués peu de temps après leur naissance. On estime que 170 lapines sont enfermées à vie dans des clapiers et sont épilées plusieurs fois par an.
Les premières démarches n’ont pas abouties
Suite à cette investigation, One Voice a demandé au ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation d’interdire la « dépilation » des lapins pour récolter leurs poils, ainsi que la vente et l’achat de produits contenant des poils de lapins. Cependant, le ministère a implicitement refusé la demande de l’organisation, qui a saisi le Conseil d’État en dressant un rapport accablant sur les mauvaises conditions d’élevage des lapins angoras. Une demande également rejetée, puisque les autorités ont affirmé que les lapins ne souffraient pas.
Le 11 juin 2020, One Voice a porté une nouvelle plainte contre l’État français auprès de la Commission européenne. L’objectif : que les lapins soient élevés dans de bonnes conditions, et que leur bien-être soit respecté. Malheureusement, le dossier a été clôturé.
Deux nouvelles procédures pour sauver les lapins angoras
Cependant, One Voice ne compte pas lâcher l’affaire. Profondément marquée par ces actes de cruauté envers les lapins angoras, l’association s’est entretenue avec le professeur Donald Maurice Broom, biologiste et professeur sur le bien-être animal à l’Université de Cambridge. En se référant au Guide des bonnes pratiques de l’Institut technique de l’aviculture (ITAVI), le professeur a affirmé que le résultat est sans appel.
« Les preuves figurant dans le Guide ITAVI, les photos, les vidéos et la littérature scientifique attestent de l’existence de plusieurs problèmes majeurs quant au bien-être des lapins angoras dans tous les élevages procédant au peignage et à l’arrachage des poils », a-t-il déclaré.
En effet, les lapins angoras ne devraient pas être traités de la sorte : les soulever par les poils ou les oreilles et leur attacher les pattes sont des actes de maltraitance. Les lapins devraient être sédatés avant et pendant la récolte de leurs poils, qui devraient être coupés plutôt qu’arrachés.
Depuis le 18 décembre 2020, les textes de loi ont évolué en faveur du bien-être animal et ont inclus une nouvelle interdiction. « Il est interdit à toute personne qui, à quelque fin que ce soit, élève, garde ou détient des animaux domestiques ou des animaux sauvages apprivoisés ou tenus en captivité […] de mettre en œuvre des techniques d’élevage susceptibles d’occasionner des souffrances inutiles aux animaux compte tenu de la sensibilité de l’espèce concernée et du stade physiologique des animaux », peut-on lire dans le Code rural et de la pêche maritime.
Grâce au rapport du professeur Broom et au Code rural et de la pêche maritime, One Voice a décidé de remonter une nouvelle fois au créneau, en lançant deux procédures. L’association a porté plainte pour manquement au niveau de la Cour de justice de l’Union européenne, et a déposé un recours préalable auprès du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.
One Voice sensibilise le grand public
Pour que sa demande soit entendue, One Voice a publiée une pétition pour protéger les lapins angoras. Le week-end dernier, l’association a également organisé plusieurs actions de sensibilisation dans seize villes de France. À Lyon, des militants ont marché dans la rue avec des pancartes choc et sont allés à la rencontre des passants pour leur expliquer la situation.
« Enfermés et isolés dans des petites cages, leur clavaire durera de longues années, rythmé par des séances d’épilation aussi douloureuses qu’effrayantes. Après avoir entendu les cris stridents des lapins se faire épiler à vif lors de notre première enquête sous infiltration, après les images révélées en 2018 puis 2020, on ne peut que s’indigner, une fois de plus, de l’aveuglement et du silence assourdissant de nos autorités », ont déclaré les militants.
À Annecy et à Nice, des manifestations organisées par les militants de One Voice ont également eu lieu. Déguisés en lapin, les bénévoles ont mimé l’arrachage de la fourrure des lapins, pour sensibiliser le public à ces actes cruels et mobiliser plus de monde pour agir pour le bien-être des lapins angoras.
Lisa Guinot