Dans le Nord-Ouest de l’Inde, au Rajasthan, un petit village de 8.000 habitants célèbre la naissance des filles en plantant 111 arbres. Une tradition écologique et féministe à contre-courant de la société Indienne patriarcale où les garçons sont généralement davantage désirés et respectés.

Le village de Piplantri n’est pas très commun au « pays des rois », celui-ci a la particularité de mettre les femmes à l’honneur d’une bien belle manière. À chaque naissance d’une fille, les villageois s’affairent à planter une centaine d’arbres et se cotisent pour réunir 21.000 roupies, soit 309€. Cette somme, à laquelle s’ajoute celle que les parents versent (10.000 roupies ; 147€), est bloquée sur un compte auquel la future femme aura accès à l’aune de ses 20 printemps. Par écrit, les parents s’engagent également à ne pas marier leur fille avant l’âge légal.

En quelques années, plus de 250.000 arbres furent plantés. Plus qu’un geste symbolique en faveur du droit des femmes, la pratique est devenue le terreau d’une économie locale nouvelle pour les habitants du village. Car pour protéger les arbres des termites, des millions de plants d’Aloe vera ont été nécessaires. Ceux-ci sont alors récoltés pour leurs vertus médicinales ou culinaires.

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Mais le programme n’a pas eu qu’un impact écologique et économique sur la communauté, il a surtout permis une meilleure considération du droit des femmes et a notamment fait reculer la criminalité. D’après les autorités, la police locale n’a dû intervenir dans le village qu’en de très rares occasions depuis l’avènement du programme.

Comme dans de nombreuses autres régions d’Inde, le Rajasthan connait un ratio de naissances féminines inférieur à celui des garçons. Ce déficit est imputable aux mentalités qui poussent certaines familles à avoir recourt à l’avortement lorsque le fœtus permet d’identifier le sexe du bébé. Grâce à ce projet, le vent du changement gagne d’autres villages à l’initiative de chefs locaux qui revoient leur position à la vue des bénéfices socio-économiques engendrés. Aujourd’hui, de nombreux villages célèbrent sans différenciation la naissance d’une fille ou d’un garçon, les coûts étant pris en charge par les conseils des différents villages.

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Dans le même temps, des organisations à l’instar de « Masum » envoient des activistes formés sur le terrain pour tenter d’éradiquer le fléau que constitue le mariage forcé d’enfants. Dans des régions où les conflits de castes obligent parfois les familles à envoyer leur fille loin de chez eux pour se marier avant l’âge de quinze ans, ces organisations travaillent d’arrache-pied pour rendre un maximum de villages « zones libre » de mariages forcés.

Dans un pays où le droit des femmes est constamment remis en question à la faveur d’une actualité tragique (viols collectifs impunis, mariages infantiles forcés,…), ces initiatives égalitaires incarnent un certain changement dans l’Inde rurale. Le chemin vers une considération plus respectueuse de la condition féminine semble encore très long et pavé d’embûches. Les graines plantées dans les esprits seront-elles, un jour, à l’origine d’un printemps de la Femme ?

Plus d’informations sur leur site officiel.

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Sources : ibitimes / time / firstpost

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