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L’écologie de droite est un leurre

Devenue incontournable, l’écologie est aujourd’hui dans toutes les bouches. À tel point que certains essaient d’imposer l’idée que la droite serait parfaitement compatible avec ce combat. Toutefois, les positions économiques défendues par cette partie de l’échiquier politique sont inconciliables avec la sauvegarde de nos écosystèmes. Décryptage d’un mythe dangereux. 

La question environnementale occupe actuellement une telle importance dans les débats qu’il est difficile de s’y soustraire, y compris pour les partis qui l’ont historiquement toujours prise à la légère. On a même récemment pu voir l’extrême droite faire mine de s’intéresser au sujet. Pourtant, l’obsession de la droite et des identitaires à la croissance et au capitalisme fait perdre à leur démarche toute forme de crédibilité.

Vers une droitisation de l’écologie ?

Dans de plus en plus de bouches, on entend qu’il faut « dépolitiser » l’écologie et qu’elle devrait être l’affaire de tous. Si, effectivement, elle devrait concerner chacun d’entre nous puisque c’est bien notre propre survie dont il est question, en faire un enjeu « transpartisan » comme le propose le journaliste Hugo Clément est en revanche un leurre.

En effet, la défense de l’environnement consiste à mettre sur la table des solutions à une multitude de problèmes comme le dérèglement climatique, l’appauvrissement des sols, l’effondrement de la biodiversité, ou encore la gestion de l’eau potable. Or, ces aspirations sont nécessairement politiques et ne sont en aucun cas compatibles avec toutes les tendances politiques.

Des solutions proposées par la science

Profondément ancré dans le système capitaliste, l’humanité a longtemps nié une évidence aujourd’hui admise par les scientifiques et le GIEC lui-même : la lutte pour le climat est absolument incompatible avec la croissance perpétuelle du PIB.

L’idée de sobriété est même devenue assez indissociable de toute politique écologique sérieuse, le GIEC l’ayant d’ailleurs lui aussi repris à son compte. Pour préserver l’environnement, il faut réduire notre consommation d’énergie et d’eau, notre production de déchets ou encore en finir avec l’agriculture intensive.

Incompatibilité avec le système économique de droite

Or, la droite et l’extrême droite fondent intégralement leur doctrine économique sur l’idée d’une croissance infinie. On a par exemple entendu Marine Le Pen expliquer « croire au progrès et à la science et pas à la décroissance ». Les Républicains d’Éric Ciotti défendent quant à eux une « écologie de la croissance et de la liberté ». Enfin, Emmanuel Macron a, lui, haut et fort affirmé que la « décroissance n’était pas une réponse au défi climatique », laissant par là de côté les préconisations des chercheurs.

Il n’est, en outre, pas rare de voir la droite s’opposer aux écologistes décroissants en s’auto-désignant comme le camp de « la raison » et de la science. Un paradoxe certain lorsque l’on sait que la droite ignore clairement les avertissements des spécialistes du secteur en continuant à prôner le développement d’un modèle à la cause du problème. La situation actuelle est d’ailleurs bien due à ce même système et à l’exercice du pouvoir des néolibéraux et de leur bilan désastreux.

Le techno-solutionnisme ne nous sauvera pas

En outre, souhaiter perpétrer un modèle fondé sur une croissance éternelle demande une constante augmentation de l’utilisation des ressources du globe. Or, l’humanité ne dispose pas de biens en quantité infinie. Sur les neufs limites planétaires établies par les scientifiques, six ont d’ailleurs déjà été dépassées par notre système actuel, défendu bec et ongle par la droite.

Pour justifier ce déni, le principal argument de ce camp politique consiste à dire qu’il serait possible de continuer ainsi en se reposant sur le « progrès » ou les technologies. Or, aucune technologie ne pourra jamais transformer des ressources finies en ressources infinies, ne pourra restaurer ce qui a été détruit de manière irréversible, de redonner vie à ce qui est mort.

Maintenir coûte que coûte l’ordre établi

En réalité, ce genre de discours, que l’on retrouve dans les partis politiques de droite, repose sur l’idée qu’il ne faut en aucun cas remettre en cause l’ordre établi, ou autrement dit, le système capitaliste.

C’est d’ailleurs dans cette optique que la droite accuse sans cesse les écologistes à gauche de vouloir brider la liberté ou d’être des « extrémistes ». Pour autant, chaque société se doit d’interdire certaines choses, sans quoi elle sombrerait dans le chaos de la loi du plus fort.

Fin du monde, fin du mois, même combat

Le GIEC lui-même trace un trait d’union entre la justice climatique et la justice sociale.


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Or, lutter contre le modèle capitaliste, y compris pour des raisons environnementales, représente un frein certain aux avantages des plus riches (qui sont d’ailleurs les moins respectueux de la planète). Si la droite refuse un changement de paradigme c’est bien avant tout parce qu’elle a toujours établi une hiérarchie entre les êtres humains, estimant que certains « mériteraient » des privilèges par rapport à d’autres.

Être de gauche n’est pas forcément être écologiste

La société défendue par la droite est par conséquent complètement incompatible avec la survie de toutes et tous dans des conditions dignes à long terme. De ce fait, « l’écologie de droite » ne peut sauver que les plus riches et s’accommode de la disparition de tous les autres notamment des plus fragiles, et encore.

Pour autant, même si la gauche moderne en a fait un cheval de bataille, l’environnement n’a pas forcément toujours été une priorité, d’autant plus à une époque où peu de monde avait conscience de cette problématique.

Certains élus dits de « gauche » comme François Hollande ou même certains membres de partis « écologistes » ont d’ailleurs aussi épousé l’idée chimérique de « croissance verte ». Dans de nombreux pays européens, les verts se sont alliés sans scrupules à des mouvements libéraux.

L’écologie est la défense de l’être humain

De plus, certains courants communistes conservent encore aujourd’hui une ligne fondée sur le concept de productivisme, elle-même difficilement conciliable avec l’idée de sobriété. On peut d’ailleurs aussi trouver certains syndicats préférant protéger « l’emploi » que les conditions d’existence sur la planète.

Or, les combats sociaux et écologistes sont indubitablement liés et ne doivent pas être opposés. En effet, il est nécessaire de ne pas seulement vouloir « préserver la nature », mais de faire que tous les êtres vivants puisse continuer à disposer d’un lieu vivable – l’être humain faisait lui même partie de la nature. Une donnée sur laquelle certains feraient bien de méditer.

– Simon Verdière


Photo de couverture : Montage Mr M

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