Présents dans des produits utilisés par l’agriculture ou dans notre consommation de chaque jour, les perturbateurs endocriniens peuvent entraîner des malformations chez l’enfant et divers problèmes de santé. Le tout sous l’omerta des institutions françaises et européennes, se pliant aux lobbies du secteur. Jeudi 7 avril, Envoyé Spécial diffusera un reportage choc, fruit d’une enquête d’un an, sur ces éléments qui empoisonnent notre quotidien.
En 2002, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définissait le perturbateur endocrinien comme « une substance exogène ou un mélange qui altère la/les fonction(s) du système endocrinien et, par voie de conséquence, cause un effet délétère sur la santé d’un individu, sa descendance ou des sous-populations ». Le système endocrinien, c’est l’ensemble des organes qui produisent des hormones (thyroïde, hypothalamus, grandes surrénales, ovaires, testicules, hypophyse, etc.) agissant sur l’organisme : développement sexuel et cérébral, métabolisme, croissance, etc. Autant dire qu’il est préférable de ne pas perturber leur bon fonctionnement.
Divers et nombreux, les perturbateurs endocriniens « altèrent le fonctionnement habituel de l’organisme en interagissant avec la synthèse, la dégradation, le transport et le mode d’action des hormones. Ces molécules se caractérisent donc par un effet toxique non pas direct, mais indirect, via les modifications physiologiques qu’elles engendrent », explique ainsi cet article scientifique de l’INSERM. C’est sur ces perturbateurs endocriniens, très présents dans les produits de consommation, d’alimentation ou d’usage quotidien (shampooings, plastiques, contraceptifs, produits manufacturés divers…), que l’équipe d’Envoyé Spécial a enquêté durant un an.
Perturbateurs endocriniens : ils sont partout !#EnvoyeSpecial signé @rolandsophie1
Jeudi à 20h55https://t.co/233KIWTouz— Envoyé Spécial (@EnvoyeSpecial) 5 avril 2016
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Une problématique relativement récente
L’étude des perturbateurs endocriniens, connus depuis les années 1950, est particulièrement active depuis les années 1970, lorsque le lien est établi entre des cancers gynécologiques chez des adolescentes et jeunes adultes et l’œstrogène de synthèse nommé distilbène, prescrit pour prévenir les fausses couches. Une recherche approfondie permettra de démontrer un lien entre l’exposition du fœtus au distilbène et l’altération des organes sexuels (cancers, stérilité).
La recherche a, depuis cette époque, continué à démontrer les effets nocifs de différents perturbateurs endocriniens : « altération des fonctions de reproduction, malformation des organes reproducteurs, développement de tumeurs au niveau des tissus producteurs ou cibles des hormones (thyroïde, sein, testicules, prostate, utérus…), perturbation du fonctionnement de la thyroïde, du développement du système nerveux, modification du sex-ratio », pour ne citer qu’eux.
Le problème, c’est que les perturbateurs endocriniens sont présents dans notre quotidien – notamment dans les cosmétiques, ce dont une séquence du reportage de France 2, tournée dans le rayon cosmétique d’un supermarché, offre une illustration frappante. Les journalistes d’Envoyé Spécial tirent le constat de « la présence des perturbateurs comme le benzophénol, le résorcinol ou les parabens dans des produits de notre quotidien sans aucune mention de leurs caractères dangereux ». De ce fait, nous sommes exposés à un effet cocktail dont il est impossible de déterminer les effets à long terme. Consultés dans le cadre de cette enquête, des scientifiques exposent de façon empirique le caractère nocif de produits d’usage ordinaire que l’on trouve dans les supermarchés.
Des effets visibles sur la santé
L’enquête s’est naturellement penchée sur les effets physiques de ces perturbateurs endocriniens, suivant deux familles, l’une dont le nourrisson atteint d’une malformation du pénis a dû être opéré, l’autre dont l’adolescent a un micro-pénis. Dans les deux cas, la mère a été exposée à des doses massives de produits contenant des perturbateurs endocriniens : l’une est peintre et l’autre a travaillé dans les vignes durant sa grossesse, sans aucune protection. Aux États-Unis, l’équipe a rencontré Van, une coiffeuse, qui a été exposée aux vapeurs toxiques des produits utilisés durant plusieurs années et qui a fait plusieurs fausses couches. Dans ce pays, l’action de femmes ayant eu des difficultés à devenir mères a conduit à l’adoption du port obligatoire de masque et de gants chez les employés de salons de coiffure et de manucure.
En dernière instance, c’est le rôle des institutions françaises et européennes qui est interrogé à travers ce document important, qui s’ajoute à une longue liste de scandales industriels et de révélations en tous genres. Leur manque d’action concrète face à cette pollution massive et quotidienne du corps des citoyens et consommateurs de produits industriels, le laisser-faire qu’ils avalisent ainsi, conduisent à la piste du lobbying. L’équipe a rencontré des associations qui tentent de lutter contre ces manipulations économiques et leur travail de corruption des hauts fonctionnaires, au profit des intérêts privés des entreprises et non du bien commun.
Sources : Wikipedia / Institut national de la santé et de la recherche médicale / Observatoire des cosmétiques / Communiqué de France2 – Envoyé Spécial