Mathieu Courdesses, jeune photographe français de 24 ans, s’est lancé un double défi : mettre en lumière les animaux menacés d’Afrique australe et sensibiliser le grand public à leur disparition afin que des actions de préservation plus ambitieuses soient prises. Il nous présente son travail.

La passion de Mathieu Courdesses pour l’Afrique australe et la photographie remonte à son plus jeune âge. Il se rend plusieurs fois en Namibie et au Botswana pendant son adolescence et c’est également à cette époque que son père lui offre son premier appareil photo. Très vite, alors qu’il entame des études, il décide de se former à la faune locale de ces deux pays et devient même guide touristique. Il profite également de ses séjours pour photographier les animaux dans leur milieu naturel. Autodidacte, il vend ses photos à ses retours en France, reversant 50 % des bénéfices à One voice, une association française pour la protection animale qui dénonce entre autre les expérimentations sur les animaux dans les laboratoires, les conditions de vie dans les cirques et alerte à propos des espèces en voie de disparition.

Crédit image : Mathieu Courdesses
Crédit image : Mathieu Courdesses

Des photographies pour sensibiliser au déclin de la biodiversité

« Ce qui m’attire dans la photo animalière, explique le jeune homme, c’est qu’on n’aura jamais la même photo, en fonction du moment où elle a été prise et des conditions de luminosité. » L’un des défis réside dans « la part de chance : il arrive de ne pas croiser certains animaux pendant plusieurs années, notamment les léopards ». « J’aimerais que les gens qui viennent à mes expositions puissent voyager en regardant mes photos, je souhaite montrer ce que j’ai réellement vu, faire découvrir beauté et les lumières que nous offre l’Afrique australes », poursuit Mathieu Courdesses.

Mais au cœur de son travail se trouve surtout la volonté d’interpeller le public à propos de ces espèces qui, sans une intervention rapide et coordonnée de la part des États, des ONG et des populations, pourraient bien disparaître définitivement dans les prochaines années. Parmi les espèces présences en Afrique australe, certaines pourraient en effet s’éteindre à moyen terme si rien n’est fait tant sur le plan collectif qu’individuel. C’est le cas du rhinocéros noir, classé en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature. Les guépards, dont les populations ont été réduites de 90 % en Afrique depuis le début du siècle dernier, sont également en danger. En cause : la chasse, mais aussi la pression croissante sur leur environnement naturel.

Crédit image : Mathieu Courdesses
Crédit image : Mathieu Courdesses

Braconnage : une lutte difficile

Le braconnage est un véritable fléau pour les pays d’Afrique australe qui voient leur économie, fortement dépendante du tourisme, menacée. Par ailleurs, une partie de l’argent issue de cette pratique finance des groupes armés insurrectionnels, conduisant à déstabiliser les gouvernements en place. En dépit des annonces des différents gouvernements et de quelques progrès (par exemple en Afrique du Sud, où la chasse illégale de Rhinocéros recule), les réseaux criminels perpétuent leurs activités dans une relative tranquillité. Le laxisme des autorités locales est régulièrement dénoncé par les ONG, notamment le WWF. D’autant que les pays mènent parfois des politiques paradoxales en la matière. Il y a deux ans, la Namibie provoquait une importante polémique en mettant en vente des permis de tuer des rhinocéros noirs. Un chasseur américain avait alors suscité la controverse en payant 350 000 dollars pour tuer un spécimen de cette espèce menacée. Paradoxe d’un goût douteux, cet argent est ensuite reversé, théoriquement, à des projets de conservation.

Endiguer la chasse illégale est particulièrement délicat, concède Mathieu Courdesses. En Namibie, où il se rend régulièrement, 30% de la population vit avec moins de 1 dollar par jour. Dans ce contexte, la chasse illégale peut représenter la promesse de pouvoir se sortir de la pauvreté pour certains locaux. Certaines mafias profitent ainsi de la pauvreté ambiante pour constituer leur milice. La situation économique joue donc un rôle déterminant sur la perpétuation du braconnage. « Un kilo de poudre de corne de rhinocéros peut être vendu 50.000 dollars US sur le marché asiatique. Une corne pèse jusque 3 à 4 kilos, son commerce rapporte parfois plus de 150.000 dollars », calcule le photographe. Le jeune homme, qui espère se rendre à nouveau là-bas sous peu, ne se résigne pourtant pas : « on sent néanmoins que les gouvernements des pays de cette partie de l’Afrique essayent d’intervenir en sensibilisant les habitants », analyse-t-il avec une lueur d’espoir dans les yeux.

Le travail de Mathieu Courdesses est à découvrir sur son site internet et sur Instagram. Le photographe est à la recherche de nouveaux lieux pour être exposé et espère pouvoir collaborer prochainement dans la réalisation de documentaires.

Crédit image : Mathieu Courdesses
Crédit image : Mathieu Courdesses
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