Sorti de terre en 2013 à Colombes, près de Paris, le projet de transition écologique R-Urban est aujourd’hui un exemple en termes d’accomplissements citoyen et environnemental dans l’hexagone. Après un changement de mairie en 2014, le projet est cependant aujourd’hui menacé de destruction, et pourrait faire place à un parking temporaire. Engagés dans une bataille juridique, ses initiateurs lancent un appel à l’aide, et une campagne de financement pour permettre à cette belle entreprise collective de continuer.

R-Urban, complexe écologique et citoyen à quelques kilomètres de Paris

L’histoire de R-Urban, présent en France sur le site de Colombes (92), débute avec l’objectif de contribuer à la résolution des crises que nous connaissons actuellement. Crise environnementale, crise financière, pénurie des ressources, crise démographique, aussi. Pour ce faire, R-Urban « propose la création d’une série d’équipements écologiques et civiques utilisant de manière réversible des terrains urbains et ruraux » et invoque le principe de « résilience urbaine ». Le but est de développer les réseaux de production et de distribution locaux, les modes de fonctionnement en circuits courts, et de généraliser l’adoption de pratiques collaboratives et solidaires.

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Installée à Colombes, l’agence R-Urban a permis, grâce à l’association AAA (Atelier d’Architecture Auto-gérée), l’apparition d’un complexe écologique innovant reconnu à l’internationale. La ville de Colombes accueille donc depuis 2013 une AgroCité, composée d’une micro-ferme, de jardins collectifs et de dispositifs de compostage; mais aussi un RecycLab et un AnimaLab. Ces deux dernières structures permettent respectivement d’effectuer le recyclage et la transformation de certains déchets, et de produire certains produits fermiers. Une quatrième structure, nommée ÉcoHab et censée être une « unité résidentielle, coopérative et écologique », devait voir le jour mais a vu sa construction avortée…

Tout bascule avec un changement de Mairie

En service depuis 2013, l’AgroCité est parvenue à favoriser l’apparition de pratiques en lien avec la protection de l’environnement, et a promu avec succès l’écologie dans les quartiers populaires tout en permettant le développement d’une agriculture urbaine. Une réussite qui n’est pas passée inaperçue, et a été récompensée par de nombreux prix de design et d’architecture urbains, et notamment du Prix Européen de l’Espace Public. Les chiffres, eux aussi, sont parlants : en l’espace de 2 ans, l’AgroCité a permis une réduction par six des émissions de CO2 par an de ses usagers, le recyclage de 24 tonnes par an de déchets organiques, l’économie de 50 tonnes d’eau par an, et une production de 3 tonnes par an de légumes bio.

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Cependant, ce succès n’a pas l’air d’avoir impressionné les élus locaux, qui ont changé à l’issue des élections municipales de 2014. La nouvelle équipe municipale, arrivée en mars 2014, réclamait dès le mois de juin de la même année le départ de l’AgroCité. Évoquant des « travaux de rénovation urbaine », la mairie n’est alors pas apte à fournir de quelconques justificatifs concernant la nécessité de l’arrêt du projet. En 2015, la Mairie revenait alors à la charge avec l’annonce de la construction d’un « parking temporaire » en lieu et place de l’AgroCité. Depuis, les deux « clans » sont en plein bras de fer à armes inégales.

L’enjeu : financer les frais juridiques pour préserver l’AgroCité

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Aujourd’hui, si l’AgroCité et le RecycLab sont toujours en place, leur pérennité est directement menacée. Le 30 décembre 2015, sous les pressions exercées par la mairie de Colombes et de son avocat, une juge tranche et fixe à deux mois le délai accordé à l’AgroCité pour déménager et faire place au parking. Une décision que AAA et les défenseurs de R-Urban ne peuvent pas décemment accepter, d’autant plus qu’un respect du délai impliquerait la destruction pure et simple du complexe.

Ayant lancé une procédure de recours auprès du Conseil d’État et du préfet, et obtenu un moratoire de six mois de la part de ce dernier, l’association continue de se battre pour la préservation de l’AgroCité. Tout se joue donc aujourd’hui. Subissant une pénalité de 50 euros pas jour depuis le 1er mars 2016, R-Urban est le sujet d’un appel à l’aide, qui cherche tant à mobiliser les médias autour du sujet, qu’à assurer le financement des frais juridiques. Une pétition a été lancée, ainsi qu’une page Ulule et CitizenCase. Décidément, les projets écologiques et citoyens ont vraiment la vie dure…

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Sources : R-Urban.net / Ulule.com / CitizenCase.org

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