Six mois après la fin des Jeux Olympiques de Rio, les images de délabrement des infrastructures sportives ont remplacé l’effervescence commerciale et nous ramènent à la réalité. Derrière les grands discours plaidant pour ces grandes rencontres sportives se cache une catastrophe économique, sociale et environnementale impossible à nier à l’heure de la crise écologique globale.
Des stades en ruines, des piscines laissées à l’abandon, des complexes sportifs qui ne sont plus entretenus : six mois après la fin des Jeux Olympiques de Rio, les images des infrastructures témoignent d’un gâchis hors normes. Alors que leur construction a coûté plusieurs milliards au pays et sa population, sous couvert de générer de l’activité quelques semaines, il s’avère qu’une importante partie des infrastructures sont tout simplement délaissées depuis la clôture des jeux, souvent de manière définitive, car elles ne trouvent aucune utilité pour la population et que leur entretien est trop cher. Il faut dire que les cimetières olympiques sont devenus monnaie courante, aussi bien en ce qui concerne les Jeux Olympiques d’été que pour les Jeux Olympiques d’hivers. Les ruines de Rio ne plaident-elles pas pour une autre organisation des évènements sportifs planétaires ?
Désolant spectacle
Au Brésil, aux côtés des bâtiments sportifs des JO qui ne sont ni utilisés, ni entretenus, d’autres « peinent à attirer les visiteurs » note France Inter. C’est le cas du terrain de golf olympique : peu étonnant, pour « un sport peu connu au Brésil ». Ce désolant spectacle qui se répète inlassablement à travers le monde met en lumière l’absurdité d’un évènement sportif où tout n’est qu’éphémère. En effet, avant d’être un évènement sportif, les J.O. sont avant tout devenus un business lucratif pour les sponsors et les multinationales. En revanche, pour les pays organisateurs et ses habitants, la facture est souvent bien trop salée lorsque qu’il s’agit de faire les comptes. Pourtant, ces Jeux sont chaque fois la promesse déclarée d’une relance de la croissance et d’un développement économique pour les pays. Mais à quel prix ?
L’organisation des Jeux de 2016 avait déjà fait l’objet de nombreuses critiques. Prêt a tout pour donner une image positive du pays, le gouvernement brésilien avait expulsé des habitants de quartiers entiers hors de la ville pour pouvoir construire les stades et cacher des caméras la pauvreté qui gangrène le pays. Ces délogements forcés s’étaient fait sur fond de violences policières, une réalité dont l’ONG Amnesty International avait fait état dans un rapport saissisant. Cette violence des autorités participe à la fragilisation d’une population déjà divisée en raison d’une répartition très inégale des richesses. Pour quelques semaines de liesse dont les Brésiliens n’auront que peu vu la couleur – les tribunes des stades pendant les compétitions étaient particulièrement vides – les citoyens du pays payent le prix fort.
« Gouffre financier »
« L’organisation des Jeux olympiques est souvent un gouffre financier, quelle que soit […] la santé économique du pays hôte » soulignait le blog Big Browser du Monde le jour des premières épreuves des Jeux de Rio. Au Brésil, comme ailleurs, la facture s’est envolée au-delà des prévisions. L’organisation des derniers Jeux a coûté 10 milliards d’euros, dont 43 % ont été financés à partir d’argent public. Comme toujours, les dépenses publiques ont été bien plus élevées que ce qui avait été annoncé au départ.
La comparaison entre les dépenses réalisées pour l’organisation des Jeux de Rio et la misère à laquelle sont condamnés des millions de brésiliens met en lumière toute l’impertinence de l’évènement. À l’imagine d’une société qui a perdu le sens des limites, la démesure est totale. Les images qui nous parviennent plaident donc une nouvelle fois en faveur d’une organisation différente des grands rendez-vous sportifs, dont les seuls vrais gagnants sont les entreprises privées. On serait tenté de penser que tout ceci symbolise tristement un monde qui tombe en ruine de toutes parts. Jugez par vous-même.
Images des autres sites olympiques abandonnés à travers le monde.
Sources : francetvinfo.fr / theguardian.com